Mobilité durable : comment se classe Montréal dans le monde?
Nouvelle ligne de métro, réaménagement et prolongement des pistes cyclables; la question du transport collectif est un enjeu majeur de la campagne électorale à Montréal. Mais comment Montréal se compare-t-elle aux autres villes en termes de mobilité durable? Tour d'horizon en carte et graphiques.
Un texte d'Alain Labelle
Le premier classement international en la matière montre que la métropole québécoise, comme les villes canadiennes de Vancouver et de Toronto, se démarque en Amérique du Nord, mais brille beaucoup moins à l'échelle internationale.
Sur les 100 villes analysées dans le rapport rédigé par le groupe néerlandais Arcadis, 23 se trouvent en Amérique du Nord. Les canadiennes Vancouver (3), Montréal (4) et Toronto (9) se trouvent toutes dans les 10 premières places du classement pour le continent nord-américain. Un classement qui est dominé par New York (1) et San Francisco (2).
Mais le classement global est dominé par des villes européennes, qui occupent 14 des 20 premières positions. Aucune ville nord-américaine ne figure dans les 20 premières places.
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Qu’est-ce que la mobilité durable?
C’est la mobilité et le transport des personnes et des biens dans une perspective de développement durable. Dans la présente étude, 23 indicateurs liés aux trois grands aspects de la mobilité durable ont été considérés.
- Sur le plan humain, la mobilité doit être accessible, équitable, sécuritaire et compatible avec la santé. Les indicateurs associés incluent, par exemple : les heures d’ouverture du métro, le nombre d’autobus et de pistes cyclables, l’accessibilité pour les gens à mobilité réduite, la présence du Wi-Fi, et l’entretien. À ce chapitre, Montréal se classe au 52e rang mondial, Vancouver 56e, et Toronto, 65e.
- Sur le plan environnemental, elle limite la consommation d’espace et de ressources, s’intègre au milieu et réduit la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. Les indicateurs associés incluent le nombre de parcs, les émissions de gaz à effet de serre, le partage d’automobiles et de vélos, et les incitatifs d’achat de véhicules électriques. Montréal s’y classe 30e, Toronto 32e, et Vancouver 41e.
- Sur le plan économique, la mobilité doit être efficace et favoriser le dynamisme commercial. Les indicateurs incluent par exemple l'efficacité et la fiabilité des systèmes de transport, le pourcentage du budget municipal alloué au transport collectif, le temps nécessaire pour se rendre au travail. Vancouver se classe 8e sur le plan économique, Montréal 32e, et Toronto, 86e.
La culture nord-américaine de l’auto
La position des villes canadiennes et américaines au palmarès global n’est pas très reluisante. Vancouver termine 28e, Montréal 36e, et Toronto 54e. La première ville nord-américaine du classement, New York, arrive au 23e rang.
Le grand responsable de cette mauvaise performance est le culte de la voiture que trop de Nord-Américains possèdent et utilisent dans leurs activités quotidiennes. La performance de plusieurs villes américaines est également plombée par un manque chronique d’investissements publics dans les réseaux de transport.
« Des gestes audacieux doivent être faits rapidement », affirme le porte-parole d'Arcadis, Marc Lumpkin, au sujet de la situation des villes américaines.
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Outre des investissements majeurs dans les infrastructures de transport, le principal défi des villes nord-américaines consiste à modifier la perception négative du transport collectif auprès de ses utilisateurs potentiels.
Notes positives pour les villes nord-américaines : elles obtiennent généralement de meilleurs résultats que la plupart des autres villes en ce qui a trait aux incitatifs d’achat de véhicules électriques.
Le trio canadien
Montréal fait bonne figure à l’échelle continentale. Ses forces incluent le recours à des technologies efficaces pour assurer une bonne communication entre les réseaux de transport et ses utilisateurs. L’entreprise note aussi le bon taux de fréquentation des transports publics qui sont aussi abordables. Une bonne fréquentation est également l'une des forces de la ville de Vancouver.
Les villes canadiennes gagneraient aussi à étendre les heures d’accessibilité (très tôt et très tard) des transports collectifs.
Vancouver et Toronto pourraient encourager davantage le recours au vélo et à la marche, selon le rapport.
La faiblesse de Montréal est la force de Toronto, qui peut se vanter de bien desservir ses voyageurs aériens en facilitant leur transport.
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La qualité de l’air est une force pour les trois villes canadiennes.
Hong Kong, la première de classe
Si l'Europe est bien représentée dans le classement, la tête du palmarès revient cependant à une ville asiatique, Hong Kong. Cette ville, l’une des plus peuplées de la planète, est reconnue pour la qualité de ses infrastructures et de ses services. Son système de transport en commun efficace et abordable est l’un des plus réputés de la planète. Seulement une personne sur cinq possède une voiture à Hong Kong, mais les espaces pour piétons et les voies cyclables sont rares comparativement aux villes européennes.
L’Europe en exemple
Les villes européennes de Zurich (2), Paris (3), Prague (5), mais aussi de Vienne (6), Londres (7), Stockholm (9) et Francfort (10) se classent très bien au palmarès. Des infrastructures efficaces et bien entretenues, mais également, des engagements importants en matière de technologies vertes expliquent ces positions.
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En outre, plusieurs villes européennes ont investi beaucoup d’argent dans des infrastructures de transport qui sont très utilisées et dont les temps de trajet ont beaucoup diminué.
D’autres villes, comme Amsterdam (11) et Copenhague (12) possèdent des réseaux cyclables importants. De façon générale, les villes européennes sont très conscientes de l’empreinte environnementale de leurs décisions, soulignent les auteurs du rapport.
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Outre Hong Kong, deux autres villes asiatiques apparaissent dans les 10 premières places du classement. Séoul (4) et Singapour (8) s’y trouvent en raison de systèmes modernes de métro, d’aéroports à la fine pointe de la technologie, mais aussi en raison de l’utilisation restreinte des véhicules privés par leurs citoyens. D’autres grandes villes asiatiques, notamment en Chine, auraient pu se trouver parmi les meilleures, comme Pékin (16), mais sont pénalisées par d’importants taux de pollution.
Le défi de la mobilité durable
« Les villes et leurs décideurs doivent s’attaquer à plusieurs défis concernant la mobilité durable. Il y a les infrastructures qui vieillissent, l’urbanisation qui gagne du terrain, la population qui ne cesse d’augmenter. Mais des décisions judicieuses en mobilité portent fruit », explique John Batten.
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