Des biogaz dans une maison construite sur un ancien dépotoir de Montréal

Cet appareil permet de relever la présence de biogaz dans une maison.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'équipe de La facture a découvert qu'il y avait des biogaz chez un résident du Plateau-Mont-Royal, près du parc Baldwin. La Ville avait pourtant dit qu'il n'y avait rien d'anormal dans ce secteur construit sur un ancien dépotoir.
Un texte d’Yvan Lamontagne, de La facture
En décembre 2015, Pascal Cormier est renversé par ce qu’il apprend dans un reportage de l’émission La facture. L’immeuble que sa conjointe et lui ont acheté en 2002 ne repose pas sur un sol normal. Il repose sur un sol d’argile instable, qui est en fait une ancienne carrière devenue un dépotoir municipal de 1907 à 1924.
M. Cormier, comme d’autres propriétaires, n’a jamais été avisé de cette réalité. Pourtant, en 1994, il y a donc de cela 23 ans, la Ville de Montréal publiait un rapport sur les anciens dépotoirs et la surveillance des biogaz, notamment dans le secteur du parc Baldwin.

À Montréal, le parc Baldwin et les maisons voisines se trouvent sur un ancien dépotoir.
Photo : Radio-Canada
Des concentrations élevées ont été détectées, et le rapport recommandait d’en informer les résidents concernés comme lui.
Même phénomène en 2006, lorsque la Ville de Montréal ferme le jardin communautaire du parc en raison d’une trop grande concentration de métaux lourds et de plomb dans les légumes. Les propriétaires des environs n’ont jamais été prévenus.

Pascal Cormier, un résident du Plateau-Mont-Royal
Photo : Radio-Canada
On aurait certainement aimé savoir qu’il y avait un potentiel de contamination. Nos chambres sont au sous-sol. Il y a une possibilité d’infiltration des biogaz, bien qu’il y ait une dalle de béton.
Le reportage d'Yvan Lamontagne et Stéphanie Allaire est diffusé le 31 octobre à l'émission La facture, sur ICI Radio-Canada Télé.
Nous avons demandé à la Ville de Montréal de nous dresser un portrait de la présence de biogaz dans ce secteur. On nous dit que les résultats obtenus lors de récents relevés sont négligeables et qu’il n’y a pas lieu de faire des tests à l’intérieur des immeubles. Pascal Cormier reste tout de même inquiet.
Concentrations élevées de méthane
La facture a voulu savoir si des biogaz s’infiltraient dans sa maison. Nous avons fait appel au biochimiste Guillaume Tessier, de l’entreprise Airmax, qui a installé un détecteur pendant une semaine. À la fin du test, nous réalisons que l’alarme du capteur de biogaz s’est déclenchée plusieurs fois durant cette période. Les résultats sont inquiétants.

Le biochimiste Guillaume Tessier
Photo : Radio-Canada
À trois reprises, vous avez eu des concentrations élevées de méthane, à 2 % en volume d’air intérieur. Santé Canada recommande qu’à 0,5 %, on devrait évacuer.
Nous avons contacté Monique Beausoleil, toxicologue à la Direction régionale de santé publique de Montréal, qui considère que les relevés faits chez Pascal Cormier sont préoccupants. L’organisme du gouvernement du Québec a instruit rapidement la Ville de Montréal, qui a effectué de nouvelles analyses.

La toxicologue Monique Beausoleil
Photo : Radio-Canada
Ils ont vu qu’il y avait une anomalie de méthane, des concentrations pas dangereuses, pas explosives, mais supérieures à ce qu’on trouve dans l’air ambiant. Ça indique qu’il y a du biogaz.
En fait, les techniciens ont détecté dans un puits creusé sur le terrain de Pascal Cormier un volume de méthane à 60 %, une concentration très élevée, pouvant être éventuellement problématique.
Pascal Cormier a rapidement installé chez lui un avertisseur de gaz naturel et de méthane. Si l’alarme sonne, il devra évacuer la maison et appeler le service des incendies.
C’est encourageant, mais aussi déprimant quand on pense au rapport de 1994 qui disait que notre section de rue était problématique et qu’il fallait faire des tests de biogaz à l’intérieur des résidences.