Loi 62 : des étudiantes ontariennes resteront loin du Québec

Batool Suleman
Photo : La Presse canadienne / HO - Shakir Dualeh
En raison de la nouvelle loi québécoise qui empêche les gens qui donnent ou reçoivent des services publics de se couvrir le visage, certaines étudiantes ontariennes et musulmanes qui avaient l'intention d'aller étudier au Québec affirment avoir maintenant l'intention d'éviter la province complètement.
Et même si la ministre de la Justice de la province a tenté de calmer les plus choqués en précisant les règles d’application de la loi, et même si le gouvernement fédéral envisage de contester la loi en cour et même si l’Union des municipalités rejette cette loi du revers de la main, pour ces futures étudiantes à l’université, le mal est fait.
Elles considéraient déménager dans la province pour y étudier au postsecondaire, mais depuis l’adoption de la loi, leur perception de la province a changé.
Elles affirment avoir l’impression que les musulmans n’y sont pas les bienvenus.
Elles ont aussi peur qu’une telle loi ne rende difficile l’accès aux services publics si importants à la vie estudiantine, tels les bibliothèques et les autobus.
« Ça fait peur »
Batool Suleman, 17 ans, affirme que l’Université McGill de Montréal faisait partie d’une courte liste des établissements d’enseignement qu’elle préférait dans le but d’étudier le génie chimique. Ce n’est plus le cas.
« Ça fait peur », dit-elle au sujet de la loi. « Comment est-ce possible qu'on m'interdise à moi, une résidente du Canada, de me rendre quelque part à cause d’un bout de tissu? »
Mme Suleman porte le hijab. Elle affirme avoir déjà perçu un sentiment anti-islam lors de ses visites précédentes au Québec. Selon elle, c’est un contraste frappant avec l’impression qu’elle a d’être la bienvenue à Toronto. Elle affirme que la loi ne servirait qu’à raffermir l’islamophobie dans la province.
Bien que Mme Suleman ne porte ni le niqab, ni le tchador, ni la burqa, elle a peur pour ses amies qui portent ces vêtements.
Farah Mikati, 15 ans, considérait elle aussi la possibilité d’étudier le droit à l’Université McGill. Ce n’est plus le cas.
« Si toute femme a le droit de se révéler, elles ont aussi le droit de se cacher », selon Mme Mikati. « (...) Si le gouvernement d’un endroit a un impact sur les droits fondamentaux d’une société, je ne veux pas en faire partie. »
La Fédération canadienne des étudiants condamne la loi
La Fédération canadienne des étudiants a d’ailleurs publié un communiqué condamnant sans équivoque la loi 62.
« L’islamophobie est intolérable au Canada. (…) La Fédération canadienne des étudiants (…) continue de supporter ceux qui s’organisent dans le but de combattre la xénophobie ainsi que le sectarisme au pays. »