Caribou des bois : les gouvernements n'ont pas fait leurs devoirs, disent des organismes environnementaux

Un caribou au Canada.
Photo : iStock
Le Canada et les provinces s'attirent les foudres de groupes environnementaux et d'entreprises avant même la publication d'un rapport fédéral, attendu dans les prochains jours, qui doit rendre compte de la progression dans le rétablissement du caribou des bois. Que leur reprochent-ils?
Un texte de Stéphany Laperrière
Le 5 octobre 2012, le Canada publie une stratégie pour remédier au déclin de la population boréale du caribou des bois.
Les provinces et territoires avaient alors cinq ans, selon cette stratégie, pour fournir des plans visant à garantir la protection de l'habitat essentiel de cette espèce dans chaque aire de répartition.
« À ce titre, chaque plan par aire de répartition doit décrire les mesures qui seront prises et les étapes qui seront suivies pour gérer l’interaction entre les perturbations anthropiques, les perturbations naturelles et la nécessité d’établir ou de maintenir, de manière dynamique et continue, au moins 65 % d’habitat non perturbé au sein de l’aire de répartition à n’importe quel moment dans le temps afin d’établir ou de maintenir une population locale autosuffisante ».
- Extrait du Programme de rétablissement du caribou des bois (Rangifer tarandus caribou), population boréale, au Canada, publié le 5 octobre 2012
Ce délai n'a pas été respecté, selon la porte-parole du Natural Resources Defense Council, Shelly Vinyard.
« La date limite est passée sans qu'aucune province ou aucun territoire n'ait soumis un plan », dit-elle.
Elle rappelle que des entreprises qui achètent des produits forestiers canadiens, comme Ben & Jerry, ont récemment écrit une lettre aux premiers ministres provinciaux, dont Kathleen Wynne, les pressant de remédier à ce manque.
« »
L'Association des produits forestiers du Canada s'inquiète de ce que pourraient contenir ces plans.
« On veut juste s'assurer que les plans élaborés aujourd'hui tiennent compte de la science récente, des impacts socio-économiques et des inquiétudes des communautés, dont les communautés autochtones », dit son vice-président Robert Larocque.
L'Institut économique de Montréal a d'ailleurs récemment publié une étude sur les conséquences économiques que pourraient avoir ces plans sur l'industrie forestière, ce qui a suscité de vives discussions.
L'Ontario montré du doigt
Pour l'organisme Wildlands League, ces plans par aire de répartition sont d'autant plus importants que l'habitat essentiel du caribou forestier demeure largement non protégé au Canada.
« L'Ontario est l'une des pires juridictions. La province a sa propre loi pour protéger les espèces en voie de disparition, mais elle y a créé une série d'exemptions, ce qui veut dire que certaines industries n'ont pas à protéger ces espèces ou leur habitat », dit sa directrice de la planification de la conservation, Anna Baggio.
Elle reproche aussi au gouvernement fédéral de ne pas avoir incité les provinces à agir, en ayant omis de publier des rapports d'étape sur le rétablissement du caribou des bois.
La Société pour la nature et les parcs du Canada a d'ailleurs intenté une poursuite, en avril, contre la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, lui reprochant de ne pas révéler aux Canadiens comment cette espèce était protégée. Trois mois plus tard, le gouvernement présentait un plan d'action.
Le ministère des Richesses naturelles et des Forêts de l'Ontario dit « fournir de l'information au gouvernement fédéral pour soutenir leurs rapports de progression ». Par courriel, sa porte-parole Jolanta Kowalski ajoute que différentes solutions sont explorées pour assurer la protection des espèces menacées tout en minimisant l'impact sur les activités forestières.
Environnement Canada n'a pas répondu à nos questions.