L'arrestation de Guy Ouellette provoque une onde de choc

Le député libéral et président de la Commission des institutions, Guy Ouellette.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le député libéral de Chomedey, Guy Ouellette, a été arrêté mercredi et interrogé par l'Unité permanente anticorruption (UPAC).
M. Ouellette n'est pas accusé, mais il est considéré comme un suspect de l'enquête sur des fuites d'informations liées à l'enquête Mâchurer de l'UPAC, qui portait sur le financement du Parti libéral du Québec (PLQ).
Il ne serait pas la source des informations, mais il aurait distribué des informations policières transmises par d'autres policiers.
En matinée mercredi, l'UPAC a exécuté deux mandats de perquisition chez deux policiers à leurs domiciles de la Rive-Sud.
Ces perquisitions portaient sur la fuite de documents dans l'enquête Mâchurer.
Selon les informations obtenues par la journaliste d'Enquête Marie-Maude Denis, cette arrestation et ces perquisitions constituent « une étape de cette enquête sur les fuites », qui devrait se poursuivre encore sur une longue période.
Le printemps dernier, le groupe Québecor avait révélé des informations relatives à l’enquête Mâchurer, notamment que l’ancien collecteur de fonds libéral Marc Bibeau et l’ex-premier ministre libéral Jean Charest auraient été sous la loupe des policiers jusqu’à un passé récent.
Ces informations venaient directement de l’enquête menée par l’UPAC.
En mai dernier, lors de son témoignage en commission parlementaire, présidée justement par Guy Ouellette, le commissaire de l’UPAC, Robert Lafrenière, avait laissé entendre qu’il irait jusqu’au bout pour faire la lumière sur cette fuite de documents.
M. Lafrenière avait aussi indiqué que la conclusion de l'enquête n'avait pas été menacée par la fuite. « Si la personne qui a fait ça pensait nous déstabiliser, elle ne nous a que distraits. Soyez certains que je vais me rendre au bout de cette enquête […] et on va la déposer au DPCP, j’en suis convaincu », avait-il dit.
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, a annulé des activités prévues jeudi hors de Québec. Il a fait savoir par communiqué qu'il participerait au caucus libéral et à la période des questions.
Surprise et étonnement
Les quelques élus à l'Assemblée nationale qui ont accepté de commenter la nouvelle se sont dits surpris d'apprendre que leur collègue avait été arrêté.
« Bien surpris de ce que je viens d’apprendre sur les médias sociaux, sur les fils de presse. Je veux juste entendre ce que l’UPAC va dire », a déclaré mercredi soir le député libéral Robert Poëti.
« C’est une surprise, c’est un choc pour ses collègues, j’imagine, pour tout le monde, pour tous les députés. On peut difficilement imaginer cela », a également dit Claire Samson, députée de la Coalition avenir Québec (CAQ).
La gravité de cette arrestation a par ailleurs été soulignée par les chefs de l'opposition.
« C’est énorme, c’est gros. C’est inquiétant pour l’intégrité du gouvernement libéral », a dit le chef de la CAQ, François Legault.
« C’est grave qu’un parlementaire soit arrêté », a soutenu quant à lui le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée.
Qui est Guy Ouellette?
Guy Ouellette est un ancien policier de la Sûreté du Québec (SQ).
À ce titre, il était souvent invité par les médias pour parler du dossier des motards et du crime organisé.
Pendant la guerre des motards, il était le témoin expert de la SQ, rappelle Marie-Maude Denis. Il avait la réputation d’avoir « une mémoire incroyable ». Il se rappelait des noms des motards, de leurs affiliations criminelles, de leurs surnoms, des noms de leur conjointe.
C’était une encyclopédie des motards et c’était un habile communicateur, ajoute Marie-Maude Denis, pour qui cela explique son recrutement au Parti libéral après une brillante carrière à la SQ.