Élection partielle : les enjeux de Lac-Saint-Jean
Lundi prochain, les électeurs de Lac-Saint-Jean devront choisir un successeur à Denis Lebel. Les conservateurs risquent gros et leurs adversaires vont tout tenter pour faire un gain. C'est une bataille symbolique pour les partis fédéraux, à deux ans de l'élection générale.
Un texte de Louis Blouin, correspondant parlementaire à Ottawa
Nous avons parcouru les trois principales villes de la circonscription pour comprendre les enjeux et saisir l'humeur des électeurs.
Roberval et la continuité
Les amateurs de bingo font la queue dans la salle des Chevaliers de Colomb de Roberval. Les cartes sont placées soigneusement sur les tables, les boules multicolores sont prêtes. Dans la ville natale du député sortant Denis Lebel, les gens affichent leurs couleurs.
Martial Bonneau s'ennuie déjà de lui : « C'était un homme qui nous représentait bien. C'était notre petit frère, notre petit cousin, c'était notre ami ». Andrée Simard est bien d'accord : « Tu le rencontrais, puis il te serrait la main. Tu sais, il était parlable. »
Ici, plusieurs choisissent la continuité et donnent leur appui à Rémy Leclerc, l'ancien directeur de campagne de Denis Lebel. Lui aussi est originaire de la place. Il n’en fallait pas plus pour convaincre Jocelyn Rivard : « J’ai voté pour notre candidat de Roberval! »
Martial Bonneau aussi votera conservateur.
J’aime mieux voter pour la personne que je connais, quitte à être dans l’opposition.
À quelques coins de rue, le boulanger Clément Perron connaît bien la famille Lebel. Le père de l'ancien député conservateur était un employé de la boulangerie. Denis Lebel a beaucoup fréquenté le commerce. Mais, M. Perron n’est pas encore décidé.
Ses affaires vont mal depuis quelques années. Qui pourra relancer l’économie de la région? « Il y a eu un changement assez drastique, depuis la fermeture de plusieurs usines. Ça devient plus compliqué pour les petites entreprises comme nous d'opérer. » Pour l'instant, aucun des candidats ou partis ne semble lui inspirer vraiment confiance pour relever l'économie locale.
Alma et les travailleurs

L’emploi est aussi une préoccupation à Alma, le cœur économique et industriel de la circonscription. Autour d’un café, deux leaders syndicaux évoquent le conflit sur le bois d’œuvre, les menaces au système de la gestion de l’offre et les difficultés dans le secteur de l’aluminium.
Ça prend quelqu’un qui est capable de se tenir debout.
Le monde syndical s'était rangé derrière le Nouveau Parti démocratique à la dernière élection. Cette fois, cependant, un important groupe de travailleurs a choisi le Bloc québécois. Les 650 employés de Rio Tinto Alcan (RTA) s'engagent à voter pour le candidat bloquiste Marc Maltais, un syndicaliste qui a fait sa marque lors du lock-out de 2012 chez RTA. C'est un appui de taille dans la ville la plus populeuse de la circonscription.
Appuyer le quatrième parti aux Communes, est-ce un pari risqué? Pour Sylvain Maltais, le vice-président du syndicat, voter avec le pouvoir n'offre pas plus de garanties. « M. Lebel était un acteur très important. Actuellement, tu as le premier ministre du Québec qui est à Roberval. Malgré tout ça, les villes du nord du Lac-Saint-Jean sont parmi les plus pauvres du Québec. Ça donne quoi d'être au pouvoir? », demande-t-il.
Dolbeau et la tentation du pouvoir

À Dolbeau-Mistassini, c'est aussi soir de bingo. Lyne Grenier est surprise d’apprendre que Justin Trudeau visitera bientôt la circonscription. « Je vais le guetter », dit-elle avec un sourire en coin. « Il est pas mal cute. »
Justin Trudeau sera peut-être un atout pour le candidat libéral Richard Hébert, le maire de Dolbeau. « Richard a des chances. Les gens vont aimer l'avoir comme député », lance Placide Allard. Cependant, ce citoyen croit que les libéraux ont un talon d'Achille : la légalisation de la marijuana. « Il y a une gang que le cannabis, ils l'ont de travers! ».
Le candidat conservateur n'a cessé d'attaquer le Parti libéral sur cette question pendant la campagne.
La circonscription est vaste, les enjeux variés. La lutte pourrait être serrée. Placide Allard n'ose pas miser sur un gagnant. Il préfère philosopher : « Mon père disait tout le temps : si tu gagnes la vache, tu perds le veau. Ça dépend pour qui tu votes. Il y en a qui votent pour le parti, il y en a qui votent pour la personne. »
Voter pour la nouveauté ou la continuité? L'opposition ou le pouvoir? Un candidat ou un chef? Les Jeannois n'ont plus que quelques jours pour se décider.
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