L'acquisition de la C Series par Airbus donne raison à Donald Trump

Des employés de Bombardier travaillent sur des appareils CS300 de la C Series, le 28 septembre 2017, à l'usine de Mirabel.
Photo : La Presse canadienne / Ryan Remiorz
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
ANALYSE – Je vous propose quelques mots à chaud sur l'acquisition d'une part majoritaire dans la C Series par Airbus. Ce sont des réflexions rapides; il faudra pousser l'analyse dans les prochains jours.
Ce qui est positif dans cette annonce, c’est qu’on assure la pérennité du programme C Series. Avec le soutien d’Airbus, sa solidité financière, son réseau de ventes et sa forte portée internationale, l’avion C Series prend aujourd’hui son véritable envol. Cet avion trouvera enfin la place qui lui revient.
Le gouvernement du Québec vient également réduire le risque entourant son investissement de 1 milliard de dollars US en 2015. Le PDG de Bombardier, Alain Bellemare, a dit, en point de presse, que la valeur du programme C Series va doubler avec cet investissement. La ministre de l’Économie, Dominique Anglade, a déclaré prudemment que la valeur de l’investissement du Québec est maintenue. On peut penser, dans la réalité, qu’il va progresser.
Perte de contrôle
Cela dit, ce qui est décevant dans la transaction Airbus-Bombardier, c’est la perte de contrôle des actionnaires québécois dans ce programme qui a été développé avec difficulté et beaucoup de passion depuis plus de 10 ans. Dorénavant, les décisions seront prises à Amsterdam, au siège d’Airbus, qui va contrôler quatre des sept sièges au conseil d’administration de l’entreprise qui gère la C Series.
De plus, une deuxième ligne de montage de la C Series sera développée à Mobile en Alabama, là où se trouvent des installations d’Airbus. L’objectif, c’est d’éviter les droits antidumping et compensateurs du département du Commerce américain sur l’importation des avions C Series en provenance de Mirabel.
En créant une nouvelle ligne aux États-Unis, Bombardier pourra terminer la fabrication de ses avions en sol américain, pour ses clients américains, sans devoir payer de droits à la frontière.
C’est 30 % du marché de la C Series qui se trouve aux États-Unis, selon Bombardier. C’est donc une grande part de l’assemblage de l’avion qui va échapper aux travailleurs de Mirabel au profit de l’Alabama, où va sans doute se développer toute une nouvelle chaîne d’approvisionnement pour la C Series autour d’Airbus.
Enfin, dernière observation : en donnant comme raison, pour justifier la transaction, la décision des Américains d’imposer des droits de 300 % sur les avions C Series, le gouvernement du Québec vient donner raison à Donald Trump. La stratégie protectionniste du gouvernement américain, qui s’incarne parfaitement dans ces droits imposés à Bombardier, a pour objectif de maintenir et de créer des emplois en sol américain. Et c’est exactement ce qui arrive aujourd’hui, avec la décision de créer une nouvelle ligne d’assemblage de la C Series en Alabama.