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Les retombées positives de l’explosion d’Halifax

Photo exposée au Musée maritime de l'Atlantique montrant l'étendue des dégâts après l'explosion

Photo exposée au Musée maritime de l'Atlantique montrant l'étendue des dégâts après l'explosion d'Halifax

Photo : Marilyn Marceau

La Presse canadienne
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

La grande explosion du 6 décembre 1917 qui a fait près de 2000 morts, 9000 blessés et rasé une bonne partie de la ville d'Halifax a donné lieu à des réformes qui ont grandement amélioré les conditions sanitaires pour tous les Haligoniens, selon certains experts.

À l’approche du centenaire de cette tragédie, ces experts se réunissent mercredi à Halifax pour discuter des retombées positives de l'explosion, peu connues du grand public.

L’explosion, provoquée par la collision dans le port d’Halifax de deux navires, dont un chargé de 2,9 kilotonnes d’explosifs, a entraîné une intensification des efforts pour réduire la mortalité infantile, éradiquer la tuberculose et améliorer l’hygiène de base dans une ville ravagée, affirme l’historien David Sutherland.

Il est l’auteur d’un ouvrage, We Harbour No Evil Design, qui décrit la mobilisation qui a suivi l’explosion pour remettre sur pied une ville meurtrie.

Une autre auteure qui participera à la table ronde organisée par l’Université Dalhousie, Michelle Hebert Boyd, décrit, dans son ouvrage Enriched by Catastrophe (Enrichis par une catastrophe) les avancées en santé publique qui ont suivi l’explosion, comme la pasteurisation du lait, le traitement de l’eau et un nouveau centre de santé à Halifax, « qui faisait l’envie du monde de la santé publique ».

Des égouts à ciel ouvert

Avant l’explosion, de nombreux quartiers à Halifax - riches et pauvres - n’avaient pas de rues pavées, de système d’égouts et les services publics faisaient défaut, expose-t-elle dans son livre.

Halifax était à l’époque la quatrième ville la plus populeuse au pays. Malgré cela, elle comptait encore des égouts à ciel ouvert.

Après la tragédie, qui en plus des morts et des blessés a fait 25 000 sans-abri, les gouvernements et des philanthropes ont dépensé des millions de dollars pour venir au secours des sinistrés et rebâtir la ville.

Une photo du lieutenant Victor Magnus prise après l'explosion.
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Une photo du lieutenant Victor Magnus prise après l'explosion.

Photo : Victor Magnus

Initialement, les sinistrés se sont entassés dans des refuges temporaires, ce qui a favorisé la prolifération de virus comme celui de la grippe espagnole de 1919. Le nombre d’enfants mort-nés liés à la syphilis a aussi grimpé en flèche.

Aux États-Unis, la fondation Rockefeller, une fondation caritative qui promouvait la santé publique, a alors dépêché à Halifax des experts pour aider la ville à se doter d’un système de santé publique moderne.

Leurs conseils ont porté leurs fruits : en 1925, une commission de la santé concluait que les efforts en matière d’amélioration de la santé publique avaient permis de réduire de 480 par année le nombre de morts à Halifax.

Des progrès inégaux

Les progrès en matière de santé publique n’ont toutefois pas atteint tous les quartiers d’Halifax.

Mme Hebert Boyd explique que des conseillers municipaux, à l’époque, ont exercé des pressions pour qu’un nouveau centre de santé mis sur pied dans un quartier de la ville dévasté soit déplacé à l’Université Dalhousie, dans un quartier plus aisé.

« Il est ainsi devenu plus difficile pour les gens du quartier nord d’avoir accès aux soins dont ils avaient besoin, dit-elle. Des choses destinées aux gens directement touchés par l’explosion leur ont été enlevées discrètement. »

Elle souligne aussi qu’on a raté l’occasion, à l’époque, d’améliorer la qualité de vie des résidents d’Africville, un quartier noir. Elle note qu’une conduite d’égout a été installée au coeur de la communauté pour évacuer les eaux usées d’Halifax vers le bassin de Bedford, mais les résidents d’Africville eux-mêmes n’y ont pas été branchés.

De jeunes enfants jouant dans la communauté d'Africville, en Nouvelle-Écosse.
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De jeunes enfants jouant dans la communauté d'Africville, en Nouvelle-Écosse.

Photo : Radio-Canada

Essouflement des efforts

David Sutherland souligne que la période d’effervescence qui a suivi l’explosion d’Halifax s’est épuisée au milieu des années 1920, lorsqu’a commencé le déclin qui allait mener au krach boursier de 1929 et à la Grande Dépression.

Mais les avancées des années précédentes ont perduré, selon l’une des expertes qui participera à la table ronde à Halifax, Gloria Stephens, une infirmière à la retraite.

Par exemple, dit-elle, le modèle de soins créé pour soigner les enfants, après l’explosion d’Halifax, a sans doute mené à la création, des années plus tard, d’un hôpital spécialisé dans les soins aux mères et à leurs enfants, le Grace Maternity Hospital.

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