Jagmeet Singh : des signes religieux incompatibles avec les Québécois, selon Pierre Nantel

L'Ontarien Jagmeet Singh est candidat à la direction du NPD.
Photo : Radio-Canada / Louis Blouin
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le débat sur la laïcité et les signes religieux s'invite dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique (NPD). Le député de Longueuil–Saint-Hubert, Pierre Nantel, pense que la candidature de Jagmeet Singh est inconciliable avec l'électorat québécois en raison de ses « signes religieux ostentatoires ».
Un texte de Louis Blouin
Jusqu'à maintenant, aucun élu du caucus néo-démocrate n'avait encore exprimé publiquement pareilles réserves à propos de la candidature de M. Singh, considéré par bon nombre d'observateurs comme le meneur de cette course. L'élu ontarien, de confession sikhe, porte le turban et le kirpan.
Aussi charismatique soit-il, il y a des incompatibilités avec ce que les Québécois veulent voir dans leurs chefs publics, dans les politiciens. On a bien vu qu’on ne veut pas voir de signes religieux ostentatoires, on croit que ce n’est pas compatible avec le pouvoir, avec l’autorité.
Pierre Nantel, qui se décrit comme « nationaliste », a ajouté que « les Québécois n’ont pas tendance à se reconnaître là ».
Deux anciens députés du NPD au Québec, Alain Giguère et Pierre Dionne Labelle, ont exprimé une position semblable au cours des derniers mois. Selon eux, l’élection de Jagmeet Singh à la direction du parti pourrait compliquer la tâche du NPD dans la province.
Jagmeet Singh réagit
Le principal intéressé affirme avoir discuté à quelques reprises avec Pierre Nantel, mais que cette question n’a jamais été abordée.
Il a confiance que les gens du Québec verront au-delà de ses signes religieux.
Je n'ai jamais dit que je veux convaincre les Québécois d'accepter mon turban ni ma barbe. Je veux convaincre les gens que je partage les mêmes valeurs sociales-démocrates progressistes.
Le candidat a confié qu’il s’attendait à « des défis » pendant la campagne.
Le député québécois Alexandre Boulerice, qui a choisi de rester neutre, croit que ce sont les idées qui comptent le plus. « Quand les gens vont écouter ce que cet homme-là a à dire, [ils] vont être capables de passer par-dessus ce symbole-là. »
La députée Hélène Laverdière, la seule membre du caucus du Québec qui appuie Jagmeet Singh, a rappelé qu’il a deux ans pour se faire connaître. Elle insiste sur son habileté à « rejoindre les gens » et « l'intérêt qu'il suscite dans la population ».
Le commentaire @pierrenantel ne reflète pas mon opinion, celle des néodémocrates. Rien ne peut prévenir d'être élu en raison de sa religion.
— Niki Ashton (@nikiashton) 17 septembre 2017
Cette déclaration de Pierre Nantel pourrait alimenter les débats au caucus du NPD, qui se poursuit dimanche à Hamilton. Les quatre candidats doivent prononcer des discours durant la journée devant des membres. Le vote commence cette semaine et les résultats du premier tour de scrutin seront dévoilés le 1er octobre.
Pierre Nantel clarifie ses propos
Dans un communiqué transmis sur Twitter dimanche matin, M. Nantel a tenu à préciser sa pensée dans cette affaire.
Disant vouloir « remettre les pendules à l'heure », le député soutient que le débat sur les signes religieux ostentatoires et le projet de loi 62 du gouvernement libéral provincial sur la neutralité religieuse « est complexe ».
« Notre histoire nationale fait que les Québécois sont sensibles à la séparation de l'Église et de l'État », explique-t-il.
« Ce débat fait partie de la vie au Québec aujourd'hui. Inutile de blâmer les Québécois, l'Assemblée nationale ou le gouvernement : c'est une réalité du paysage politique qu'il vaut mieux comprendre. »
Affirmant que les candidats à la chefferie du NPD doivent pouvoir s'orienter dans ce contexte social et politique particulier, le député s'engage à « continu[er] à travailler pour aider le futur chef ou la future cheffe du parti » afin que cette personne soit « sensible à ce débat ».
Pour M. Nantel, enfin, il est question de « répondre aux sensibilités sociales-démocrates et progressistes des Québécois ».