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Grâce au protocole de Montréal, la couche d'ozone se rétablit

L'ex-secrétaire d'État américain John Kerry lors d'une rencontre sur le protocole de Montréal à Kigali, au Rwanda, en octobre 2016.

L'ex-secrétaire d'État américain John Kerry lors d'une rencontre sur le protocole de Montréal à Kigali, au Rwanda, en octobre 2016.

Photo : Associated Press

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Le protocole de Montréal, qui impose la suppression de l'utilisation et de la production d'une centaine de substances appauvrissant la couche d'ozone, fête ses 30 ans. Cet accord international, signé le 16 septembre 1987, est considéré comme étant le plus efficace de l'histoire en matière d'environnement. À quoi est dû ce succès? Explications.

Un texte d’Étienne Leblanc, reporter spécialisé en environnement

Qu'est-ce que la couche d'ozone?

L'ozone est un gaz qui se trouve entre 15 et 50 kilomètres de la surface de la Terre, dans la stratosphère. La couche qu'il constitue nous protège contre le rayonnement ultraviolet B (UVB). C'est un gaz qui est en concentration très faible dans l'atmosphère puisqu’il n'y a pas plus d'une molécule d'ozone pour 10 millions de molécules d'air.

La couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique en 2015
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La couche d'ozone au-dessus de l'Antarctique en 2015

Photo : Associated Press / National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA)

Le fameux trou dans la couche d'ozone

En mai 1985, des scientifiques sonnent l'alarme dans un article de la revue Nature : leurs observations en Antarctique leur permettent de conclure que la couche d'ozone stratosphérique a perdu plus de la moitié de sa concentration au pôle Sud. Le trou a de quoi impressionner, il a presque la taille de l'Amérique du Nord.

Ils décrivent aussi les risques de cette situation sur la santé humaine, notamment pour ce qui est des cataractes et des cancers de la peau. La nouvelle a l'effet d'une bombe. Parmi les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, les CFC (chlorofluorocarbures) et les halons (composantes bromées) sont ciblés. Ce sont des gaz qui sont utilisés comme agents réfrigérants.

La délégation canadienne lors de la Conférence mondiale de Montréal en 1987
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La délégation canadienne lors de la Conférence mondiale de Montréal en 1987

Photo : Radio-Canada

Le protocole de Montréal

Les dirigeants politiques réagissent très rapidement face au problème. À peine deux ans après la publication de l'article dans Nature, la communauté internationale se réunit à Montréal et signe, le 16 septembre 1987, le fameux protocole du même nom. Il est d'abord signé par 24 pays et par la Communauté économique européenne. Mais la liste des pays qui y adhèrent s'allonge rapidement.

Aujourd'hui, le protocole de Montréal est le seul traité environnemental international à avoir fait l'objet d'une ratification universelle (196 pays), un statut atteint en 2009. L'entente impose la suppression de l'utilisation et de la production d'une centaine de substances appauvrissant la couche d'ozone (SACO), dont les fameux CFC, selon un calendrier bien précis.

Les CFC ont officiellement disparu en 2009.

«  »

— Une citation de  Sophie Godin-Beekmann, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et présidente de la Commission internationale sur l'ozone

En effet, la couche d'ozone est clairement en voie de rétablissement. Les CFC et autres substances appauvrissantes de la couche d'ozone ont une durée de vie dans l’atmosphère variant de 30 à 110 ans. C'est ainsi que malgré leur abolition, comme on en a émis beaucoup dans les années 60, 70 et 80, ils continueront d’agir.

« Selon les modèles, on pense que la couche d'ozone devrait être reconstituée à peu près en 2050, mais le trou d'ozone ne devrait complètement disparaître que dans les années 2060-2070 », dit Mme Godin-Bleekmann.

Trois raisons qui expliquent l'efficacité du protocole de Montréal

Première raison : parce que la solution était assez simple.

La question est souvent posée : pourquoi le protocole de Montréal pour protéger la couche d'ozone a-t-il si bien marché, alors que les ententes pour lutter contre les changements climatiques semblent toujours vouées à l'échec? La question appelle une réponse complexe, mais on pourrait tenter de la résumer ainsi : parce que la cible et l'étendue du problème ne sont pas les mêmes dans les deux cas.

«  »

— Une citation de  Sophie Godin-Beekmann, directrice de recherche au CNRS et présidente de la Commission internationale sur l'ozone

« Il y avait des solutions assez simples, alors que celles qui vont nous permettre de réduire de façon substantielle les émissions de gaz à effet de serre (GES) sont beaucoup, beaucoup plus complexes », explique Mme Godin-Beekmann.

Deuxième raison : le financement et les transferts technologiques pour faciliter l'accès aux produits de substitution.

L'annonce de la suppression des CFC n'a pas créé la tempête annoncée par certains grands groupes industriels. Le protocole de Montréal avait tout prévu. Du financement a été mis sur pied pour permettre aux entreprises de substituer les substances appauvrissantes pour la couche d'ozone par d'autres produits, comme les hydrochlorofluorocarbures (HCFC).

Aussi, l'entente prévoyait que les nouveaux produits et les nouvelles technologies allaient être transférés vers les pays en voie de développement, afin que ces derniers suppriment aussi les gaz visés. C'est la mesure qui a convaincu tous les pays de la planète, riches comme pauvres, de ratifier le protocole de Montréal.

Troisième raison : un protocole ouvert et flexible.

Depuis sa signature en 1987, le protocole de Montréal a subi plusieurs amendements. C'est une des grandes qualités de cette entente : son évolution est nourrie par les plus récentes connaissances scientifiques (scientifically-driven).

C'est ainsi qu'au fur et à mesure des découvertes, de nouvelles substances à bannir sont ajoutées afin d'éviter un recul. C'est un peu en suivant cet exemple que les signataires de l'Accord de Paris sur le climat se sont entendus pour réévaluer leurs objectifs de réduction tous les cinq ans afin de refléter l'évolution des connaissances scientifiques sur la question climatique.

Un dépôt de vieux appareils réfrigérants à Norfolk, en Angleterre.
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Un dépôt de vieux appareils réfrigérants à Norfolk, en Angleterre.

Photo : Reuters / Ian Waldie

Un protocole efficace contre... les changements climatiques

C'est un fait connu aujourd'hui : le protocole de Montréal sur la couche d'ozone aura été plus efficace que le protocole de Kyoto sur les changements climatiques. La raison est simple : les CFC sont de puissants gaz à effet de serre. Ainsi, le protocole de Montréal aura permis de retirer de l'atmosphère cinq milliards de tonnes de gaz à effet de serre (en équivalents de CO2), soit cinq fois plus que ce qui était prévu dans la première phase du protocole de Kyoto.

Point négatif : les CFC ont été remplacés en partie par des hydrofluorocarbures (HFC), dont le potentiel de réchauffement est 14 000 fois plus puissant que le CO2. En octobre 2016, le protocole de Montréal a donc été l'objet d'un nouvel amendement, majeur celui-là : les pays de la planète, réunis à Kigali (Rwanda), se sont entendus sur la fin progressive des HFC, d'ici le milieu du siècle. Cet accord a pris sept ans à aboutir, et pourrait avoir un impact important sur l'atténuation des changements climatiques.

Inquiétudes

Tous les substituts aux CFC, comme les HCFC et les HFC, seront donc abolis, à terme, pour être remplacés par des gaz qui ne détruisent pas la couche d'ozone et qui ne réchauffent pas la planète. Mais d'autres substances, qui ne sont pas prises en compte par le protocole de Montréal, commencent à inquiéter les experts, comme le dichlorométhane (DCM), utilisé comme solvant par l'industrie.

« On commence à s'apercevoir que ce genre de produit, dont la durée est assez courte, pourrait avoir des effets plus importants qu'on pense sur la couche d'ozone, car ils sont de plus en plus utilisés », dit Sophie Godin-Bleekmann.

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