Une majorité d’enfants parmi le flot de réfugiés Rohingyas au Bangladesh

Une famille de Rohingyas doit quitter un camp de fortune à la frontière du Bangladesh.
Photo : Associated Press / Mushfiqul Alam
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Selon l'UNICEF, plus de la moitié des 400 000 Rohingyas birmans qui ont trouvé refuge au Bangladesh sont des enfants qui ont dû affronter de terribles épreuves, entre les attaques de l'armée birmane et les mines antipersonnel.
« Sur 400 000 Rohingyas qui sont entrés en l’espace d’à peu près trois semaines, 60 % sont des enfants, ce qui occupe le plus clair de notre temps », explique Jean-Jacques Simon, directeur des communications de l’UNICEF au Bangladesh.
Ils arrivent souvent très fatigués, ils ont faim, ils ont besoin d’un abri, d’eau propre. Ils ont besoin d’une protection aussi, parce que souvent ils sont seuls, ils sont laissés à eux-mêmes. On fait de notre mieux pour les accueillir.
Qui plus est, les vagues de réfugiés rohingyas qui franchissent la frontière du Bangladesh le font dans le désordre, en empruntant de nombreux points de passage dans des zones difficiles d’accès, ce qui complique encore les efforts des ONG.
« Le plus difficile, c’est d’avoir accès à ces enfants, ils sont un peu partout le long de la frontière », souligne Jean-Jacques Simon. « Ce sont des endroits difficiles d’accès. C’est la saison des pluies ici, alors c’est encore plus difficile. »
Parfois, il faut abandonner voitures et camions, et marcher des kilomètres dans la boue. Ça rend toute l’entreprise humanitaire très, très difficile.

Des enfants rohingyas attendent la distribution de nourriture dans un camp de réfugiés au Bangladesh.
Photo : Reuters / Danish Siddiqu
Un lourd défi pour un pays pauvre et surpeuplé comme le Bangladesh
Le Bangladesh étant déjà un pays très pauvre, l’arrivée de près de 400 000 réfugiés à sa frontière représente un énorme défi pour les autorités et la population qui se mobilisent néanmoins pour les accueillir.
C’est clair que le pays, un pays de 160 millions d’habitants, n’est pas prêt à accueillir une telle vague de réfugiés. C’est une région très pauvre du Bangladesh, le long de la frontière avec le Myanmar. Les communautés font preuve d’énormément d’humanité, mais il faut beaucoup plus.
Les besoins matériels et logistiques sont si grands que l’UNICEF doit acheter de grandes quantités de matériel à l’extérieur du pays qui ne possède tout simplement pas les ressources pour approvisionner les ONG.
Il faut aussi veiller à acheminer cette aide humanitaire, souligne Jean-Jacques Simon qui explique que l’UNICEF organise actuellement des ponts aériens et routiers pour acheminer nourriture et aide humanitaire aux réfugiés rohingyas.
Mines antipersonnel et attaques de l'armée birmane
Pendant ce temps, sur les routes du Myanmar, l’exode des Rohingyas se poursuit avec son lot d’atrocités et de récits éprouvants de massacres, de viols collectifs et de tortures attribués à l’armée birmane.
Selon plusieurs réfugiés interrogés par l’Agence France-Presse, l’armée birmane pourchasse et harcèle les populations de Rohingyas, littéralement poussés hors du pays.
Chaque village serait systématiquement brûlé pour les empêcher de revenir. La présence de mines antipersonnel placées sur les routes qui mènent à la frontière du Bangladesh serait un véritable fléau, selon des réfugiés qui arrivent du Myanmar.
D'après de hauts responsables bangladais cités par l’AFP, ces mines ont été placées par les forces birmanes pour empêcher les Rohingyas de retourner dans leurs foyers. De nombreux réfugiés, dont plusieurs enfants et adolescents, ont été tués ou gravement blessés par ces mines.
Toutes les informations pointent vers les forces de sécurité de la Birmanie ciblant délibérément des points de passage utilisés par les réfugiés rohingyas. C'est une manière cruelle et sans cœur d'aggraver le sort de gens fuyant une campagne de persécution.

Des réfugiés rohingyas tentent d'agripper quelques vivres lors d'une distribution d'eau et de nourriture.
Photo : Reuters / Danish Siddiqui
À l’ONU, le Conseil de sécurité a réclamé mercredi la fin de cette épuration ethnique alors qu’à Naypyidaw, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, est vivement critiquée pour son silence sur le sort de la minorité rohingya.
La militante pour les droits de l'homme qui dirige de facto le gouvernement birman, toujours sous le joug de l’armée, devrait sortir de son silence la semaine prochaine lors d'une allocution télévisée.
Une minorité persécutée
Chassés de chez eux à la suite de violences interethniques et la répression de l’armée birmane, les Rohingyas sont une minorité musulmane d’origine bengalie qui vit depuis des décennies dans le sud-ouest du Myanmar.
Considérés comme indésirables par la majorité bouddhiste du pays, les Rohingyas sont l’objet de persécutions et de violence depuis plusieurs années. Les Birmans, qui ont conquis leur indépendance en 1948, leur reprochent notamment d’avoir pris le parti de la Couronne britannique à deux reprises dans leur histoire contre la majorité bouddhiste du pays.
Persécutés ces dernières décennies par la population bouddhiste, les Rohingyas subissent une répression musclée depuis que des groupes armés rohingyas ont attaqué des postes de police en août dernier, poussant des centaines de milliers de Rohingyas à fuir le pays.
La rébellion rohingya refuse toute aide des groupes terroristes islamistes
Par ailleurs, la rébellion rohingya, qui a pris les armes récemment contre les autorités birmanes, a annoncé qu’elle n’a pas l’intention d’accepter l’aide de groupes terroristes internationaux pour combattre les forces birmanes.
« Nous n'avons aucun lien avec Al-Qaïda, l'État islamique ou tout groupe terroriste international. Et nous ne souhaitons pas que ces groupes s'impliquent dans le conflit en Arakan », a écrit l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA) sur son compte Twitter.
Alors que diverses informations font état d’un appel du mouvement Al-Qaïda pour « soutenir les Rohingyas financièrement et militairement », l’ARSA a rejeté l’offre et même demandé aux pays de la région d’intercepter tout combattant islamiste étranger qui pourrait aggraver la situation au Myanmar.
Les rebelles de l'armée du salut des Rohingyas de l'Arakan ont mené des attaques contre plusieurs dizaines de postes frontière birmans depuis le 25 août, souvent simplement équipés de machettes et de couteaux.
Selon l'ONG International Crisis Group, l’ARSA serait financée par de riches émigrés rohingyas installés en Arabie saoudite.
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