Les vacances des Trudeau chez l'Aga Khan ont coûté 215 000 $ aux contribuables

Justin Trudeau reçoit l'Aga Khan à Ottawa le 17 mai 2016.
Photo : La Presse canadienne / Sean Kilpatrick
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les vacances familiales du premier ministre Justin Trudeau dans une île privée des Bahamas appartenant à l'Aga Khan ont finalement coûté 215 398 $ au Trésor public, révèle CBC, d'après des documents obtenus en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.
Cette facture finale, qui englobe les frais encourus par la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Défense nationale, le ministère des Affaires étrangères et le bureau du Conseil, constitue une hausse de 70 % par rapport à celle de 127 187 $ qui avait été officiellement dévoilée (Nouvelle fenêtre) au Parlement, en mars dernier.
Cette forte hausse s'explique par l'augmentation des frais encourus par la GRC, précise CBC. Dans une réponse fournie au Parlement en mars, la police fédérale disait que le voyage du premier ministre (Nouvelle fenêtre) lui avait coûté 71 988 $, tout en prévenant que cela ne comprenait que les factures traitées en date du 1er février.
Dans un nouveau document obtenu par la GRC, ces coûts ont cependant bondi pour atteindre 152 504 $, soit 81 515 $ de plus que ce qui avait été révélé publiquement. Ces coûts n'ont par ailleurs pas été mis à jour auprès du Parlement.
CBC rapporte que la GRC a mis beaucoup de temps à lui fournir les informations demandées. La police fédérale a d'abord dit que les coûts du voyage ne pouvaient pas être « compilés séparément »; elle a changé son fusil d'épaule après que le réseau anglais de Radio-Canada lui eut rappelé qu'elle avait déjà fourni des chiffres au Parlement.
Dans sa réponse, la GRC soutient que Justin Trudeau « n'a pas été présent pour l'ensemble du voyage », mais sans offrir davantage d'explications.
Trudeau refuse de contester les choix de la GRC
Lors d'une conférence de presse tenue au terme de la réunion de son Conseil des ministres qu'il dirigeait à Saint-Jean, à Terre-Neuve-et-Labrador, le premier ministre Trudeau est resté avare de commentaires à ce sujet. La GRC a toujours protégé les premiers ministres canadiens, a-t-il jugé bon de rappeler.
« Ça a été le cas pour tous les premiers ministres antécédents. Ce sera le cas dans l’avenir. Et je ne veux pas questionner les choix que fait la GRC pour pouvoir assurer la sécurité du premier ministre et de sa famille. Je pense que c’est quelque chose que les Canadiens comprennent. »
Un porte-parole du premier ministre, Cameron Ahmad, avait précédemment refusé de commenter le voyage ou ses coûts. « Nous ne commentons jamais les sujets relatifs à la sécurité du premier ministre. Ces questions devraient plutôt être posées à la GRC », a-t-il dit.
Un porte-parole de la GRC, le sergent Harold Pfleiderer, n'a pas voulu donner de détails quant à la façon dont cet argent a été dépensé ni sur cette différence dans la durée du voyage pour la police fédérale et le premier ministre. Le coût du voyage, affirme-t-il, « reflète les coûts de sécurité pour la protection du premier ministre et de sa famille ».

L'île de Bell, dans les Bahamas
Photo : Radio-Canada / CBC
Nouvelles salves des partis d'opposition
Justin Trudeau a été vertement attaqué par les partis d'opposition pour ce voyage; il s'est défendu en soutenant que l'Aga Khan est un vieil ami de sa famille. Le voyage fait tout de même l'objet d'une enquête de la part de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique (Nouvelle fenêtre), Mary Dawson.
Interrogé mercredi au sujet de cette enquête, le premier ministre s'est borné à dire qu'il a « toujours été là pour répondre à toute question que la commissaire à l’éthique et aux conflits d’intérêts pourrait avoir » dans ce dossier, mais sans en dire davantage.
La commissaire Dawson demande à tous les députés qui sont visés par une enquête de ne pas commenter l'affaire en public, a-t-il ajouté, « et je vais respecter ses attentes par rapport à ça ».
Le porte-parole du Parti conservateur en matière d'éthique, Peter Kent, maintient que le voyage du premier ministre a été une « extravagance inexcusable », et que les coûts qu'il a engendrés seraient considérés comme « inacceptables » par la plupart des Canadiens.
« Je crois que le premier ministre aurait dû être beaucoup plus prudent en choisissant une destination exotique pour des vacances personnelles et, comme il l'a dit, une visite familiale, puis en imposant [...] ce coût - 215 000 $ - aux contribuables canadiens. »
Au Nouveau Parti démocratique, le député Nathan Cullen soutient que ces vacances remettent en question l'image de champion de la classe moyenne que tente de se donner M. Trudeau. « Pour la plupart d'entre nous, passer du temps avec un ami de la famille ne coûte pas un quart de millions aux contribuables », a déclaré le porte-parole du parti en matière d'éthique.