Reprise des négociations de l'ALENA à Mexico

Des véhicules de l'usine Chrysler de Toluca, près de Mexico, sont préparés en prévision de leur livraison.
Photo : Reuters / Henry Romero
Les discussions entourant la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) reprennent aujourd'hui, cette fois au Mexique. Et même si le président américain, Donald Trump, persiste à souffler le chaud et le froid dans ce dossier, l'ex-premier ministre du Québec Jean Charest, rompu aux négociations commerciales, demeure convaincu que les parties parviendront à une entente.
Les représentants canadiens, américains et mexicains avaient tenu une première ronde de discussions à Washington, il y a deux semaines, mais ils avaient reconnu à terme que peu de progrès avait été fait.
Après avoir menacé de mettre fin au traité, le président Trump a modéré son propos. « Il y a des personnages comme ça, c’est la dernière personne à qui il a parlé qui donne le ton de son propos », explique l’ancien premier ministre du Québec, en entrevue à RDI.
« Hier, M. Trudeau, paraît-il, aurait placé un appel [à M. Trump] pour offrir la collaboration du Canada à la suite des inondations, ce qui est normal et souhaitable », poursuit M. Charest. « En même temps, ils auraient abordé les négociations et probablement que ça a été plutôt standard, mais ils ont réitéré leur volonté de conclure une entente d’ici la fin de l’année 2017. »
« On soupçonne que c’est M. Trump qui pousse l’échéancier sur M. Trudeau », estime-t-il, précisant que le premier ministre canadien doit être plus soucieux d’obtenir une entente « qui reflète nos valeurs » qu’un accord bâclé.
« En même temps, M. Trump a continué à formuler ses menaces », poursuit M. Charest, qui croit cependant que les négociateurs canadiens ne se laisseront pas démonter.
« Les négociateurs canadiens sont très aguerris. Ils se sont fait une stratégie et ils ont décidé de ne pas répondre à M. Trump, mais plutôt de régler les affaires à la table [de négociations]. »
Le poids des lobbys
M. Charest convient que le président américain pourrait exercer une pression sur la table de négociations en émettant un avis de retrait de l’accord de libre-échange, en disant que les parties ont six mois pour s’entendre. Mais, il estime qu’une telle stratégie est risquée. « Il est possible qu’il le fasse, mais ça, c’est jouer avec de la dynamite », illustre M. Charest.
« Il faut se rappeler qu’aux États-Unis, ultimement, c’est le Congrès qui décide. Ce n’est pas le président qui décide. »
M. Charest souligne que « le Congrès est fortement influencé par les lobbys américains du secteur agricole, du secteur automobile ».
« Ces gens-là, chaque fois que M. Trump fait une déclaration sur l’annulation, il les mobilise, il les fédère en quelque sorte en appui à l’ALENA », soutient-il.
M. Charest rappelle que le processus en est encore à ses premiers pas. « La première ronde a été surtout un échange d’informations », rappelle-t-il.
Ces échanges ont permis d’identifier deux des principaux enjeux, soit : le processus d’arbitrage des conflits et le contenu américain dans la production du secteur de l’automobile
« La ronde qui commence aujourd’hui sera plus substantielle. Là, on va entrer davantage dans les sujets. »
Cette deuxième vague de discussions doit se dérouler jusqu'à mardi.
Vers un ALENA canado-mexicain?
Malgré des menaces lancées par les présidents américain et mexicain en marge des négociations sur l’ALENA, le ministre mexicain de l’Économie, Ildefonso Guajardo, a indiqué que le Canada et son pays demeureront au sein de l’accord même si les États-Unis décident de s’en retirer.
Le Mexique et le Canada demeureront au sein de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) même si les États-Unis décidaient d'en sortir, a déclaré jeudi le ministre mexicain de l'Économie, Ildefonso Guajardo.
« L'ALENA continuera de réglementer les relations entre le Mexique et le Canada », a déclaré M. Guajardo à Mexico. Ce dernier souligne que seuls les Américains ont évoqué l'hypothèse d'un départ. « Les seuls qui puissent prendre cette décision, ce qui dépendra de la manière dont se déroulent les négociations, ce sont nos voisins, les États-Unis. »