ArchivesLe grand projet de nationalisation de l’électricité de 1962

René Lévesque, ministre des Richesses naturelles, explique les avantages de la nationalisation de l'électricité dans le cadre de la campagne électorale de novembre 1962.
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le 30 août 1962, le Parti libéral de Jean Lesage adopte le principe de nationalisation de l'électricité. Retour en archives sur ce moment historique pour le Québec.
Une longue démarche
La nationalisation de l'électricité est une idée débattue au Québec depuis les années 1930.
Elle est notamment préconisée par le Dr Philippe Hamel, scandalisé que les ressources naturelles soient exploitées par des intérêts privés.
L'État du Québec possède à partir de 1944 une présence, minoritaire, dans le secteur électrique grâce à sa société d’État : Hydro-Québec.
En 1962, le Parti libéral du Québec, dirigé par Jean Lesage, propose la nationalisation de toutes les compagnies privées d'électricité du Québec.
Des élections générales anticipées sont convoquées pour le 14 novembre 1962 afin que les électeurs québécois appuient ou rejettent cette proposition.

Caméra 62, 24 septembre 1962
Photo : Radio-Canada
C’est dans ce contexte que l’émission Caméra 62 dresse le 24 septembre 1962 un portrait de la situation de la propriété de l’énergie électrique au Québec.
Le journaliste Jean-Paul Nolet présente la situation, alors que Jacques Fauteux introduit une entrevue avec le ministre des Ressources naturelles, René Lévesque.
René Lévesque y présente avec verve le plan de nationalisation de l’électricité.
En quelques phrases, il décrit les nombreux avantages qu'un tel geste apporterait à la population rurale québécoise et aux villes de la province.
René Lévesque démontre également que ce projet donnerait au Québec un puissant outil de développement économique.
Vive opposition
Ce plan n’a rien pour plaire aux 11 sociétés d’électricités privées qui pratiquent un cartel et qui sont à présent menacées d’être nationalisées.
Elles font campagne contre la nationalisation de l’électricité, qualifiant les libéraux de « socialistes ».

Dans ce court extrait de l’émission Aujourd’hui du 12 février 1968, René Lévesque revient sur « la propagande » venant de ces trusts.
Une partie importante des milieux économiques québécois ainsi que l'Union nationale qui constitue l'opposition officielle s'opposent par ailleurs au principe, ou aux modalités, du plan de nationalisation proposé par les libéraux.
Une campagne électorale âpre et animée

Le thème central de la campagne électorale de 1962 est la nationalisation de l'électricité.
Photo : Radio-Canada / Reportage à l'émission Aujourd'hui du 12 février 1968
Nous avons dû en venir à la conclusion que les facteurs les plus importants de l'expansion industrielle, c'est le facteur électricité.
J'ai l'impression que c'est une lutte à finir entre l'Union nationale, rajeunie et démocratisée, et le Parti libéral. Je puis vous dire comme une certitude que les communistes, les gauchistes et les plus extrémistes ne sont probablement pas avec l'Union nationale.
Avec son slogan « Maîtres chez nous », la campagne électorale libérale de 1962 marquera l’histoire.
Un documentaire produit par le Parti libéral du Québec, daté de novembre 1962, et que possèdent les archives de Radio-Canada, montre un extrait d'un discours du premier ministre Jean Lesage qui vante les avantages de la nationalisation.
C’est aussi durant cette campagne que se déroulera le premier débat télévisé au Canada. Le chef libéral Jean Lesage et le chef unioniste Daniel Johnson s'y affrontent.
Le discours alarmiste du chef de l’Union nationale durant ce débat et la propagande orchestrée par les sociétés privées d’électricité ne parviendront pas à freiner l’élan des électeurs québécois.
Le 14 novembre 1962, les libéraux obtiennent haut la main leur mandat de la population.