Le Parlement du Venezuela privé de ses pouvoirs

Le parlement du Venezuela à Caracas (archives)
Photo : Reuters / Marco Bello
L'Assemblée constituante du Venezuela, voulue par le président Nicolas Maduro, s'est arrogé vendredi les pouvoirs du Parlement contrôlé par l'opposition dans un pays aux prises avec une grave crise économique et des tensions politiques.
Désormais, cette Assemblée à laquelle sont subordonnés tous les organes du pouvoir public assumera officiellement le pouvoir de légiférer sur la sécurité, la souveraineté et le système socio-économique et financier, précise un décret officiel.
« La Constituante est arrivée pour mettre de l'ordre! », a déclaré la présidente de cette assemblée, l'ex-ministre des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez.
La réaction du Parlement, qui ne reconnaît pas la Constituante, n’a pas tardé. L'Assemblée nationale constituante est qualifiée de « frauduleuse » ainsi que tous les mandats et actes qui en émanent, indique dans une lettre ouverte la direction du Parlement.
La nouvelle constituante, qui doit officiellement rédiger une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 1999, a été dotée de pouvoirs très étendus et siégera deux ans, au-delà du mandat du président Maduro, qui prend fin en janvier 2019.
L'Assemblée constituante, élue le 30 juillet, est dénoncée par l'opposition et par plusieurs puissances occidentales. Un mouvement de contestation a gagné le pays depuis avril, une vague de mécontentement sur fond de crise économique qui a donné lieu à des violences meurtrières. On dénombre 125 morts depuis le début du mouvement.
L’ex-procureure générale en exil
L’une des principales cibles de l'Assemblée constituante, l’ancienne procureure générale Luisa Ortega, a trouvé refuge en Colombie après avoir fui le pays vendredi, ont fait savoir les services d’immigration colombiens.
« Madame Ortega est arrivée accompagnée de son mari, le député German Ferrer », ont-ils indiqué.
Reconnue comme l'une des plus ferventes détractrices du président Maduro, Luisa Ortega s’est fait montrer la porte par l’Assemblée constituante, le 5 août dernier.
En plus d’avoir tenté de bloquer le projet d’Assemblée constituante, l’ex-procureure générale avait ordonné la tenue d’une enquête sur les allégations de fraude lors du scrutin controversé du 30 juillet.