Six heures sous l'eau dans le Saint-Laurent

Nathalie Lasselin
Photo : AquaNath
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Nathalie Lasselin est une aventurière des profondeurs, une cinéaste devenue plongeuse-extrême qui explore les fonds marins de la planète. Après avoir produit et réalisé six documentaires dans plusieurs océans, elle vient tout juste de se livrer à une expérience particulière dans le fleuve Saint-Laurent.
Un texte de Michel Chabot
Ce goût pour les aventures hors du commun est comme une seconde nature pour celle qui effectue 200 plongées chaque année pour une durée totale de 600 heures, soit l’équivalent de 25 jours.
« C’est venu très rapidement, dès que j’ai commencé à faire de la plongée récréative. À un moment donné, j’étais dans une carrière et j’ai voulu aller voir dans le fond. J’ai toujours eu ce regard de dire : "J’aimerais voir plus loin que la ligne d’horizon." »
Elle s’est ensuite formée à divers niveaux techniques pour pouvoir repousser ses limites. Cela lui permet maintenant de faire des plongées jusqu’à 110 mètres de profondeur, dans des eaux très froides comme celles de l’Arctique.
Alors qu’un plongeur récréatif passe en moyenne 45 minutes sous l’eau, Nathalie Lasselin revient d’une expédition ininterrompue de six heures dans le fleuve Saint-Laurent grâce à un équipement sophistiqué de recyclage d’oxygène.
Partie de l’ouest de l’île de Montréal, elle a parcouru quelque 20 kilomètres, mue par un scooter sous-marin avec une visibilité excédant rarement un mètre, l’exploratrice a effectué une véritable performance sportive.
« Ça nécessite un entraînement des jambes pour pouvoir palmer, mais aussi des bras et des épaules pour éviter d’être trop endolorie », dit ce petit bout de femme qui doit transporter un attirail de 70 kilos, bien au-delà de son propre poids.
Au-delà de l’angle sportif, le but de cette sortie exploratoire était de mieux connaître le fleuve dans lequel peu de gens ont plongé.
Je suis allé en Chine et en Arctique. La nature sauvage est à huit kilomètres de chez moi, à côté du centre-ville, mais on ne la connaît pas. Elle est riche, elle est fragile et elle est surprenante.
Elle se promet maintenant de retourner y faire de multiples plongées, moins longues que la dernière, pour y tourner des images afin de partager ses découvertes.
Grande sportive, elle veut également faire découvrir les berges du fleuve à des groupes de jeunes sur terre. Un autre projet inspiré, celui-là, par une longue marche de 70 kilomètres faite il y a un mois pendant 12 heures, le long du cours d'eau.
Avant, elle retournera en Arctique pour la troisième année de suite afin de plonger, tourner et documenter ses recherches.
« On parle des changements climatiques, j’ai vu en l’espace d’une nuit trois milles nautiques de glace qui ont disparu. C’est assez frappant », constate la globetrotteuse.
Elle lancera aussi un documentaire l'hiver prochain, sur les surprenantes découvertes de spéléologues français en Chine.