Une manifestation de suprémacistes blancs tourne au drame en Virginie

Un véhicule a foncé dans la foule lors d'une manifestation antiraciste à Charlottesville, dans l'État de Virginie
Photo : La Presse canadienne / Ryan M. Kelly
Le gouverneur de la Virginie, Terry McAuliffe, a fait état de trois morts dans le cadre du rassemblement suprémaciste qui a fait sombrer la ville étudiante de Charlottesville dans le chaos, samedi.
Un véhicule de marque Dodge Challenger a d'abord foncé de manière apparemment délibérée dans une foule composée, selon des témoins, de contre-manifestants hostiles au rassemblement d'extrême droite.
Une femme de 32 ans a péri.
Le conducteur a été identifié comme étant James Alex Fields Jr., un homme de 20 ans originaire de l'Ohio.
Il a été arrêté et devrait faire face à une accusation de meurtre au deuxième degré.
Le FBI a ouvert une enquête sur les circonstances dans lesquelles James Alex Fields Jr. a foncé sur la foule.
En début de soirée samedi, un pilote et son passager ont été tués dans l'écrasement d'un hélicoptère de la police d'État dans un secteur boisé situé à quelques kilomètres de Charlottesville. Le lieutenant Jay Cullen, 48 ans, pilotait l'appareil, tandis que le soldat Berke Bates, qui aurait eu 41 ans dimanche, était son passager.
La police de l'État a indiqué que l'appareil surveillait le rassemblement au moment du drame. Une enquête a été ouverte par le Bureau national de la sécurité des transports.
« Nous avons des gens qui sont venus ici pour provoquer la confusion, le chaos et le trouble, lesquels ont provoqué trois décès », a déclaré Maurice Jones, directeur municipal de Charlottesville, au cours d'une conférence de presse.
Trump lance un appel au calme
En conférence de presse au New Jersey, le président Donald Trump a condamné cette « démonstration odieuse de haine, de sectarisme et de violence ». Il a cependant tenu à souligner que « plusieurs camps » en sont responsables.
« »
Le président américain a déjà prêté le flanc à la critique pour avoir mis du temps à condamner des actes haineux commis en son nom. Le maire de Charlottesville, Michael Signer, le met d'ailleurs en cause pour avoir ravivé les préjugés racistes lors de sa campagne présidentielle.
En soirée samedi, le secrétaire américain à la Justice, Jeff Sessions, a condamné « l'intolérance raciale et la haine ». Les événements violents survenus en Virginie « atteignent le coeur du droit et de la justice américains », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le gouverneur de la Virginie, Terry McAuliffe, a été beaucoup plus direct à l'égard des suprémacistes blancs : « Allez vous-en. On ne vous veut pas ici. Honte à vous. »

Un suprémaciste blanc fait face aux manifestants antiracistes à Charlottesville
Photo : Reuters / Joshua Roberts
Plus tôt dans la journée, suprémacistes et contre-manifestants se sont échangé des coups de poing, se sont lancé des bouteilles d'eau et se sont pris les uns les autres pour cible avec des pulvérisateurs de produits chimiques. Des hommes vêtus d'uniformes de miliciens portaient aussi des armes à feu, mais aucun coup de feu n'a été tiré.
Le gouverneur McAuliffe a déclaré l'état d'urgence pour faciliter « la réponse de l'État à la violence ». Des policiers en tenue antiémeute ont ensuite ordonné à la foule de circuler.
Le dernier bilan de ces affrontements fait état de 35 blessés.

Plusieurs suprémacistes blancs portaient des armes à feu et des vêtements militaires
Photo : Reuters / Justin Ide
Le blogueur de droite Jason Kessler avait organisé ce rassemblement pour dénoncer la décision de la ville de retirer la statue du général Robert E. Lee, le dirigeant des forces des États confédérés lors de la guerre de Sécession.
Le blogueur a toutefois invité les participants à quitter la ville lorsque les autorités ont déclaré le rassemblement illégal.
La police disait s'attendre au déferlement de jusqu'à 6000 manifestants dans les rues de Charlottesville cette semaine.
Parmi eux devaient figurer des membres du KKK, des miliciens et des militants qui se réclament de l'« alt-right » – une idéologie qui incorpore généralement racisme, « nationalisme blanc » et populisme.
La Maison-Blanche a gardé le silence pendant de longues heures, samedi, à l'exception de la publication sur Twitter de la première dame, qui a déclaré qu'il faut « communiquer sans haine dans nos coeurs », même si « les États-Unis encouragent la liberté d'expression ».
En mai, un groupe de manifestants, torches à la main, s'étaient réunis autour de la statue en présence du nationaliste blanc Richard Spencer.