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Quotas d'importation de fromages : les producteurs déçus et inquiets

Fromages variés

Fromages variés

Photo : iStock

Radio-Canada

La répartition des quotas d'importation de fromages européens annoncée mardi par le gouvernement fédéral inquiète les producteurs laitiers et fromagers du Québec.

Ottawa a décidé de diviser en deux les quotas d'importation entre les producteurs de fromages, d’une part, et les détaillants et distributeurs, d’autre part.

Quelque 16 000 tonnes de fromages devraient être importées d’Europe, selon le ministre du Commerce international, François-Philippe Champagne, qui a dévoilé du même coup un programme de compensation financière.

L'Accord de libre-échange Canada-Union européenne doit entrer en vigueur partiellement le 21 septembre prochain.

L’arrivée de fromages européens sur le marché canadien ne manquera pas d’avoir un impact sur les producteurs locaux, québécois et canadiens, qui risquent ainsi de produire moins de fromage. Par ricochet, les producteurs de lait vendront aussi moins de leur produit.

Les grands distributeurs et les chaînes d’alimentation auraient aimé, eux, avoir la totalité des quotas dans ce marché très lucratif.

Des indemnités de 250 millions de dollars

Dans le cadre de son programme de compensation pour aider l’industrie canadienne, le gouvernement fédéral a prévu 250 millions de dollars pour la modernisation des fermes au pays.

Ce montant est jugé insuffisant puisque, sur le terrain, les besoins en la matière sont beaucoup plus importants. On estime les pertes pour l'industrie laitière et fromagère à 300 millions de dollars, selon les Producteurs de lait du Québec.

Les compensations ne seront pas conformes à chaque producteur. Si, nous, on a un projet qui risque d’être concerné par le programme de compensation, ce n’est pas le cas de tous les producteurs. La compensation de 250 millions de dollars représente à peu près 1000 robots à installer. Or, les besoins réels à travers le Canada oscillent peut-être entre 15 000 et 20 000 robots. C’est certain que ce n’est pas tout le monde qui va en bénéficier.

Une citation de Frédéric Marcoux, président du syndicat de l’UPA de la Nouvelle-Beauce

Les producteurs de lait souhaitent que cette modernisation leur permette d’être plus concurrentiels dans un marché de plus en plus mondialisé, qu'ils veulent stable.

Même s’il y a une forte demande de consommation de beurre au Canada, les producteurs de lait considèrent moins payant de vendre du lait à cette fin que de le faire pour les produits fins, comme le fromage.

Une filière menacée

Le président des Producteurs de lait du Québec, Bruno Letendre, n’est pas du tout satisfait de la décision du Canada qui, selon lui, va nuire à l’industrie fromagère québécoise.

« Les détaillants et les distributeurs n’ont aucune perte dans l’accord de libre-échange, ce sont les transformateurs et les producteurs de lait qui, au bout du compte, vont la subir », a déclaré M. Letendre à l’émission Midi info.

Pour lui, les quotas auraient dû être attribués totalement aux transformateurs.

« Attribuer 50 % du quota aux distributeurs, on ne voit pas de logique là-dedans », a renchéri le président des Producteurs de lait du Québec, précisant qu’il est coûteux de développer de nouveaux produits pour faire face à la concurrence.

Ils vont faire mal à l’industrie québécoise.

Une citation de Bruno Letendre, président des Producteurs de lait du Québec

En entrevue à Midi info, Daniel Gosselin, copropriétaire de la fromagerie Au Gré des Champs, a abondé dans le même sens.

Les artisans comme lui risquent de subir « les contrecoups de l’arrivée des fromages européens sur le marché canadien », a-t-il dit.

« Nous sommes des artisans, on veut vendre localement au Québec et non pas faire dans l’importation », a soutenu le copropriétaire de cette entreprise spécialisée dans la fabrication de fromages fins au lait cru certifiés biologiques.

M. Gosselin se dit inquiet que l’indemnisation décidée par Ottawa ne pénalise davantage les petits producteurs. « Il faut moduler en conséquence, sinon ce sont les petits producteurs qui vont écoper encore. Je m’inquiète beaucoup », a-t-il conclu.

Avec des informations de Nicolas Vigneault

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