La légalisation du cannabis fait craindre une augmentation de la violence en prison

Le gouvernement libéral veut limiter le nombre de jours qu'un détenu peut passer en isolement préventif.
Photo : Radio-Canada / Frédérique Mazerolle
Les gardiens de prison ne voient pas d'un bon oeil la légalisation du cannabis. Selon leur syndicat, elle va stimuler la contrebande que les agents correctionnels, déjà débordés, peinent à freiner derrière les barreaux.
Un texte de Pascal Robidas
Les agents appréhendent une augmentation de la violence entre les murs des 18 centres correctionnels du Québec et craignent pour leur sécurité.
Ce que ça crée, la marijuana entre les murs, ce sont des conflits entre les groupes, c'est du trafic. Donc, au niveau santé et sécurité, ce que ça demande aux agents, c'est d'intervenir à l'intérieur des murs entre le crime organisé, les gangs de rue...
Chaque jour, des drones livrent illégalement des paquets dans les prisons. En fait, tous les moyens sont bons pour y acheminer de la drogue, du tabac, des médicaments et des téléphones cellulaires, dont les prix de revente sont très élevés.
Actuellement, quand on parle de substance interdite, on peut parler de tabac qui se vend trois fois le prix [de] l'extérieur.
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L'opinion d'un ex-détenu
Daniel Benson a passé 17 ans derrière les barreaux pour le meurtre de son ex-beau-père, qui battait sa mère. Maintenant réhabilité, il a bien connu les affrontements qui sont dénoncés par les agents correctionnels.
Il est difficile pour lui d'évaluer si le cannabis sera plus abondant en prison, mais il est convaincu que les gardiens doivent avoir plus de ressources pour diminuer les conflits entre les détenus.
C'est sûr que la violence en prison, c'est souvent lié à des dettes, soit de drogues ou de jeu. C'est un milieu clos, où les gens vivent entassés les uns contre les autres.
S'attaquer à la racine du problème
La source du problème pourrait être la ligne dure imposée aux détenus. Le professeur en criminologie et en droits de l'homme Jean-Claude Bernheim rappelle que 80 % de la population carcérale au Québec purge des peines de moins de trois mois.
On instaure un contexte de pénurie par rapport à des produits légaux, aussitôt on se retrouve avec un contexte de trafic.
Le sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu fait partie du comité juridique sur la légalisation du cannabis. Il croit qu'il faudrait accorder certains privilèges aux détenus, comme la permission de fumer du tabac et du cannabis.
La consommation du cannabis, qui va être éventuellement légale au Canada, faut pas l'oublier, comment on peut gérer ça à l'intérieur des murs pour les criminels, qui serait une forme de récompense lorsque le comportement est adéquat, un comportement responsable.
La légalisation du cannabis en prison pourrait donc être envisagée, mais dans un cadre très restrictif.
Si on l'interdit en prison, alors que c'est permis dans la population, qu'est-ce qui va se passer? Il va se développer des activités criminogènes, alors que le gouvernement libéral veut légaliser le pot, parce qu'il y a des activités criminelles.
D'ici à ce que toutes ces questions soient réglées, les agents en service correctionnel réclament plus de ressources en prévision de la légalisation du cannabis, prévue le 1er juillet 2018.