Deux chefs de file de l'opposition vénézuélienne appréhendés chez eux

De nombreuses manifestations avaient eu lieu pour réclamer la libération de Leopoldo Lopez
Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le maire de Caracas, Antonio Ledezma, et le chef de l'opposition, Leopoldo Lopez, ont été emmenés en pleine nuit mardi au moment où ils se trouvaient en résidence surveillée, ont rapporté leurs proches.
L'épouse de Lopez et la fille de Ledezma ont déclaré qu'elles tenaient le président Nicolas Maduro pour responsable du sort des deux opposants.
Ces derniers jours, les deux hommes politiques avaient appelé les Vénézuéliens à participer aux manifestations contre le président Nicolas Maduro, et à boycotter l'élection dimanche dernier de l'Assemblée constituante. Ce scrutin a été marqué par des violences qui ont fait 10 morts.
« Minuit 27, cette nuit : le moment où la dictature enlève Leopoldo chez moi », a écrit sur Twitter l'épouse de Lopez, Lilian Tintori, en joignant une vidéo où l'on voit son mari poussé vers un véhicule portant le sigle Sebin, les services de renseignement du Venezuela.

Un des chefs de l’opposition vénézuélienne, Antonio Ledezma, a été appréhendé chez lui dans la nuit du 1er août 2017, selon des proches. Antonio Ledezma a déjà été maire de Caracas.
Photo : Reuters / Roberto Jayme
Vanessa Ledezma, la fille d'Antonio Ledezma, a diffusé une vidéo similaire montrant son père emmené hors de chez lui par des individus armés.
« Ils prennent Ledezma! C'est une dictature! », s'écrie-t-elle dans la vidéo.
Elle a ensuite publié une vidéo où elle apparaît avec un chandail portant l'inscription #LibérezLedezma.
Je rends Nicolas Maduro responsable de la vie de mon père. Que le monde entier le sache.
L'opposition a également vivement décrié leur arrestation.
« Ils ont pris Leopoldo Lopez et le maire Ledezma pour nous faire peur et nous démoraliser », a déclaré le député d'opposition Freddy Guevara, qui est aussi le coordonnateur national adjoint du parti Voluntad Popular, fondé par Lopez.
La prison et les persécutions contre nos responsables ne stopperont pas la rébellion.
Les deux hommes politiques avaient été mis en résidence surveillée, après avoir été emprisonnés pour leur rôle dans les manifestations antigouvernementales de 2014.
Ledezma avait été libéré en 2015, mais Lopez n'a été libéré que le 8 juillet dernier. Sa libération avait été considérée comme une avancée de taille vers une issue à l'impasse politique.

Mitzy de Ledezma (épouse d'Antonio Ledezma), dans le coin gauche, avec Lilian Tintori (épouse de Leopoldo Lopez), au centre, et Antonieta Mendoza (mère de Leopoldo Lopez), à droite.
Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins
L'Union européenne compte parmi les observateurs qui avaient salué le transfert de Lopez à son domicile. Mardi, l'organisation a déploré son arrestation et celle de Ledezma.
« C'est clairement un pas dans la mauvaise direction. Nous exigeons davantage d'informations des autorités vénézuéliennes sur leur situation, qui n'est toujours pas claire », a déclaré une porte-parole, Catherine Ray.
« Nous continuons à appeler le gouvernement du Venezuela à travailler à des mesures urgentes pour rétablir la confiance, dans l'objectif d'une désescalade des tensions », a-t-elle ajouté.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé les autorités « à faire tous les efforts possibles pour réduire les tensions ».

Ottawa est aussi préoccupé par l'arrestation des deux meneurs. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a déclaré que le Canada est « profondément préoccupé par la détention illégale des leaders de l’opposition du Venezuela Antonio Ledezma et Leopoldo López [...] Nous demandons leur libération immédiate ainsi que la libération de tous les prisonniers politiques. »
« La campagne de répression menée par le gouvernement Maduro est inacceptable, a affirmé Mme Freeland. Nous exhortons le gouvernement du Venezuela à respecter l'autonomie et l'autorité de l'Assemblée nationale et des autres institutions indépendantes. L'Assemblée nationale étant l'unique entité législative légalement élue du Venezuela, elle doit être respectée, et ses pouvoirs doivent lui être restitués. »
De leur côté, les États-Unis ont exprimé leur « profonde inquiétude » après cette double incarcération, considérée comme une « nouvelle preuve de l'autoritarisme du régime » vénézuélien.
Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte actuellement près de 490 prisonniers politiques.
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Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse, Le Monde, L'OBS et Humanité