Une flambée de violence fait 10 morts au Venezuela

Deux mineurs ont perdu la vie dans les manifestations de dimanche
Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'élection de la controversée Assemblée constituante du président du Venezuela Nicolas Maduro a été marquée par de fortes violences, qui ont fait 10 morts et plusieurs blessés, dimanche.
Avant même l'ouverture des bureaux de vote, à 6 h, heure locale, un candidat à l'Assemblée constituante et un dirigeant de l'opposition ont été tués.
José Felix Pineda, un avocat de 39 ans, a été surpris pendant la nuit par un groupe d'individus qui ont fait irruption chez lui, avant de lui tirer dessus, selon les autorités qui n'ont pas évoqué les motifs de ce meurtre.
C'est le deuxième candidat tué, après l'assassinat de José Luis Rivas le 10 juillet dernier, dans la ville de Maracay.
Ricardo Campos, secrétaire de la jeunesse de la formation d'opposition Action démocratique, a quant à lui été abattu lors d'une manifestation à l'aube.
Au moins cinq manifestants, dont deux mineurs, ont aussi perdu la vie.
Selon un bilan officiel des autorités, entre samedi et dimanche, quatre personnes, dont deux adolescents et un militaire, sont mortes dans l'État de Tachira, trois hommes dans celui de Merida, un dans celui de Lara, un autre dans celui de Zulia et un dirigeant étudiant dans l'État de Sucre.

Les manifestations ont été lourdement réprimées par l'armée
Photo : Reuters / Ueslei Marcelino
Le scrutin pour élire les 545 membres de la future Assemblée s'est déroulé dans le chaos et les affrontements entre les manifestants et l'armée.
Plus de 230 000 soldats avaient été déployés partout au pays pour protéger les bureaux de vote.
Des manifestants qui tentaient de bloquer une autoroute de Caracas ont été brutalement délogés par les forces de l'ordre équipées de véhicules anti-émeute.
Je ne sais pas d'où vient leur haine, des Vénézuéliens contre des Vénézuéliens... C'est une guerre!
Les autorités ont rapporté qu'au moins une centaine de machines électorales avaient été détruites au pays.
À Caracas, les manifestants ont mis le feu à des motos et à des uniformes de police.
Le président Nicolas Maduro a été le premier à voter, dans l'ouest de la capitale, mais un incident technique a jeté une ombre sur son geste.
Au moment de faire valider en direct à la télévision son carnet de la Patrie, une carte dotée d'un code qui permet à la fois de voter et de bénéficier des programmes sociaux, un message s'est affiché disant : « la personne n'existe pas ou son carnet a été annulé ».

Le président Nicolas Maduro tient un exemplaire de la Constitution du Venezuela.
Photo : Miraflores Palace/Handout via REUTERS
Le président a néanmoins célébré sa « victoire électorale », l'opposition n'étant pas parvenue à faire annuler le vote.
« Ils n'ont pu empêcher la Constituante. C'est déjà une réalité politique », a-t-il déclaré.
Selon le Conseil national électoral, 41,5 % des électeurs ont voté dimanche. Ce pourcentage correspond à 8,1 millions d'électeurs.
Vers une « dictature communiste »?
La coalition de l'opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), accuse Nicolas Maduro de vouloir instaurer une dictature communiste en s’arrogeant tous les pouvoirs.
La MUD soutient que la nouvelle Assemblée constituante permettra au dirigeant de dissoudre l’Assemblée nationale actuelle, contrôlée par l’opposition, pour revoir la loi électorale et ainsi se maintenir à la tête du pays.
D'ici demain, il sera clair que ce n'est pas seulement une fraude constitutionnelle, mais aussi la plus grande erreur historique commise par Maduro et sa bande.
L'opposition vénézuélienne appelle à des mobilisations lundi et mercredi contre la mise en place de l'Assemblée constituante.
De son côté, le président socialiste accuse l’opposition de fomenter un coup d’État avec le soutien des États-Unis.
Washington a fortement décrié le projet du clan Maduro et a infligé des sanctions financières à 13 anciens et actuels responsables gouvernementaux vénézuéliens.
Cela n'a toutefois pas suffi à arrêter Nicolas Maduro, qui s'en est d'ailleurs réjoui au moment de voter.
L'empereur Donald Trump a voulu empêcher le peuple d'exercer son droit de vote.
L'ambassadrice des États-Unis à l'ONU, Nikki Haley, a averti dimanche que le Venezuela avait fait un « pas vers la dictature » avec cette élection très contestée.
En soirée, les États-Unis ont condamné l'élection de l'Assemblée constituante et ont promis de prendre des « mesures fortes et rapides » à l'encontre du gouvernement Maduro.
« Les États-Unis condamnent » cette élection « qui met en péril le droit du peuple vénézuélien à s'autodéterminer », a déclaré dans un communiqué Heather Nauert, porte-parole du Département d'État.

Les violences ont commencé tôt ce matin et se poursuivent toujours au Venezuela
Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins
Maduro de plus en plus isolé
Outre les États-Unis, le projet du clan Maduro lui a valu les foudres de plusieurs pays latino-américains et européens.
Le Canada a notamment condamné une action « antidémocratique ».
« Malgré des appels répétés [...], le président Maduro et son gouvernement ont choisi de prendre un autre pas en avant pour institutionnaliser le régime autoritaire au Venezuela », a déploré la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.
Le Canada demande à nouveau au gouvernement vénézuélien d'honorer ses obligations internationales et de libérer immédiatement tous les prisonniers politiques, de rétablir les droits constitutionnels des Vénézuéliens et de fixer un calendrier électoral.
La Colombie et le Panama ont aussi prévenu qu’ils ne reconnaîtraient pas les résultats du vote.
Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France et Air Canada, ont suspendu leurs vols vers le pays.
Les États-Unis, le Canada et le Mexique ont appelé leurs ressortissants à ne pas se rendre au Venezuela.
La dernière Constitution du Venezuela a été écrite sous la présidence d'Hugo Chavez. Elle a notamment renforcé le pouvoir exécutif et gravé dans le marbre le droit à la santé ou à l'éducation.
Mais contrairement à Maduro, Hugo Chavez avait d'abord tenu un référendum pour s'assurer de l'approbation de la population avant de réécrire la Constitution.
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Avec les informations de Agence France-Presse, Reuters et BBC