Demandeurs d’asile haïtiens : les autorités sont débordées

Après avoir quitté Philadelphie, Osnel Clairibus (à droite) a pu trouver refuge dans une résidence de l'UQAM.
Photo : Radio-Canada
Devant l'afflux des demandeurs d'asile haïtiens à Montréal, les autorités mettent les bouchées doubles pour pouvoir traiter les dossiers et parvenir à loger temporairement les nouveaux arrivants.
Après le séisme qui a frappé Haïti en 2010, le président américain Barack Obama avait accordé aux demandeurs d'asile haïtiens un statut de protection temporaire. La menace de Donald Trump de retirer ce statut aux 58 000 Haïtiens dès janvier prochain a semé un vent de panique au mois de mai. Depuis des semaines, plusieurs dizaines d’entre eux passent illégalement la frontière canadienne quotidiennement.
« [Donald Trump], il veut sauver son pays, reconnaît Osnel Clairibus, un demandeur d’asile de 28 ans qui a récemment quitté Philadelphie. Nous, il faut qu'on sauve notre vie. »
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Il loge temporairement aux résidences étudiantes de l'UQAM, avec plusieurs dizaines de compatriotes qui ont quitté les États-Unis ces derniers jours.
D’autres se sont réfugiés dans la résidence du YMCA du centre-ville, le temps de se trouver un appartement. L’endroit ne suffit toutefois plus à la demande.
« On a présentement trois sites d'hébergement temporaire ouverts depuis lundi, explique Raphaëlle Fragasso, du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSS) du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. On va ouvrir un quatrième site, et des hôtels seront mis à profit. »
Pas moins de 1667 demandeurs d'asile fraîchement débarqués sont logés temporairement à Montréal, ajoute-t-elle.
Les dossiers d'immigration se multiplient
Le Centre spécialisé des demandeurs d'asile de Montréal croule sous les dossiers à traiter.
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Le ministère du Travail du Québec, qui gère le Centre, dit avoir ajouté du personnel pour accélérer le traitement des dossiers, dont le nombre a plus que doublé par rapport à 2016.
Même son de cloche du côté des douanes. « Nos agents sont extrêmement fatigués, constate Jean-Pierre Fortin, président du syndicat des douaniers. Beaucoup tombent malades. Imaginez : cela prend huit heures par dossier. Multipliez par les centaines [de demandeurs] qui passent pendant la semaine, et vous avez un peu le portrait. »
Des renforts sont attendus des autres provinces.
Avec les informations d'Émilie Dubreuil et Bahador Zahibiyan