Le nombre de crimes demeure stable au pays, mais leur gravité réaugmente

Photo : Luke Macgregor/Reuters
Bien que le taux de criminalité soit demeuré stable au Canada en 2016, l'indice de gravité des crimes, lui, était à la hausse pour une deuxième année de suite au pays, rapporte Statistique Canada.
Selon l’agence fédérale, qui compile l’ensemble des crimes déclarés par la police, l’indice de gravité des crimes (IGC) a augmenté de 1 % en 2016 par rapport aux données de 2015. L’IGC avait également augmenté en 2015, après avoir régressé chaque année pendant 11 ans.
L'indice de gravité de la criminalité mesure le volume et la gravité des crimes déclarés par la police. Le poids attribué à chaque infraction est fondé sur le taux d’incarcération et la durée moyenne de la peine d’emprisonnement. La somme des infractions pondérées est ensuite divisée par la population. Afin de faciliter les comparaisons, l'indice a été établi à 100 pour l'année de référence 2006. Il indique donc si les crimes ont été plus ou moins graves que pour l’année de référence.
L’an dernier, note Statistique Canada, l’IGC a reculé dans sept provinces et territoires, alors qu’il est demeuré stable au Yukon. L’indice de gravité a cependant augmenté de 9 % en Saskatchewan, de 8 % au Manitoba, de 6 % à Terre-Neuve-et-Labrador et de 4 % en Ontario.
Cette augmentation de la gravité des crimes serait notamment due « à une croissance continue du taux d'affaires de fraude. De plus, des hausses ont été observées en ce qui concerne les taux d'infractions contre l'administration de la justice (comme le manquement aux conditions de la probation), d'infractions sexuelles contre les enfants et de pornographie juvénile », écrit Statistique Canada dans son rapport.
Mais d’un point de vue global, de 2006 à 2016, les crimes jugés graves demeurent en baisse au Canada, avec un recul de 29 % de l’IGC au pays, souligne Statistique Canada.
Le taux de criminalité demeure stable
En ce qui a trait au taux de criminalité classique, il est resté stable en 2016 avec un total de 2 142 545 infractions au Code criminel rapportées par les corps policiers du pays.
Si on exclut les délits routiers, près de 1,9 million d'infractions au Code criminel ont été déclarées l’an dernier, soit près de 27 700 affaires de plus qu'en 2015.
Néanmoins, depuis 2006, le taux de criminalité a reculé de 28 % au Canada.
Quant au taux d’homicides, il a de nouveau diminué en 2016, avec un total de 611 homicides répertoriés par les corps policiers canadiens, soit deux de plus qu’en 2015.
« Les hausses les plus prononcées du nombre d'homicides ont été observées en Ontario et en Saskatchewan, alors que des baisses considérables du nombre d'homicides ont été enregistrées en Alberta, au Québec et en Colombie-Britannique », mentionne Statistique Canada.
La diminution du taux d’homicides malgré un nombre de meurtres plus élevé s’explique par l’accroissement de la population canadienne qui a fait reculer le taux d’homicides de 1 % en 2016 par rapport à 2015.
Comme le nombre de citoyens a augmenté, le taux est donc passé de 1,70 homicide pour 100 000 habitants en 2015 à 1,68 homicide pour 100 000 habitants en 2016.
Augmentation des crimes sexuels contre les enfants
L’an dernier, « la plupart des types d'infractions sexuelles contre les enfants ont augmenté », rapporte Statistique Canada.
La hausse des crimes sexuels contre des enfants la plus notoire fut au chapitre des contacts sexuels sur des enfants de moins de 16 ans, qui sont passés de 3283 cas en 2015 à 4602 cas en 2016.
Globalement, plus de 6900 affaires concernant des infractions sexuelles envers des enfants ont été rapportées à la police en 2016, soit une augmentation de 30 % par rapport aux données de 2015.
Depuis 2010, les affaires concernant des délits sexuels envers des enfants « suivent une tendance générale à la hausse » au Canada, note l’agence fédérale.
Les affaires de pornographie juvénile ont quant à elles sensiblement augmenté l’an dernier au Canada, avec une hausse de 41 % des cas rapportés, soit de 4380 cas en 2015 à 6245 cas en 2016.
Il s’agit d’une augmentation de 233 % des cas rapportés par rapport aux données de 2006.
Des efforts accrus des corps policiers canadiens, notamment en Colombie-Britannique, au cours des dernières années, expliqueraient en bonne partie l’augmentation du nombre de cas de pornographie juvénile recensés.
En 2016, la police a rapporté 21 014 agressions sexuelles au pays, ce qui se traduit par un taux de 58 affaires pour 100 000 habitants, en baisse de 1 % par rapport à 2015.
Malgré tout, « seule une faible proportion des agressions sexuelles sont signalées à la police », rapporte Statistique Canada, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes.
Bien qu’elle constitue une catégorie de crime relativement récente en raison de l’émergence d’Internet et des réseaux sociaux, la distribution non consensuelle d'images intimes a augmenté de 137 % en 2016 par rapport à 2015, année marquée par l’adoption du projet de loi C-13 sur la cybercriminalité.
Pour ce qui est des crimes sans violence, Statistique Canada a enregistré une hausse de 2 % de l’indice de gravité de ces crimes en 2016 par rapport à 2015.
Cette augmentation serait essentiellement due à une augmentation du nombre de fraudes rapportées à la police. Une catégorie de crime en augmentation constante depuis cinq ans, note Statistique Canada.
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