Une malformation en cause dans la mort d'un cheval au rodéo de Saint-Tite?

Un cowboy tente d'attrapper un bouvillon au lasso au Festival western de Saint-Tite.
Photo : Michelle Raza (ICI Radio-Canada)
Une malformation pourrait être à l'origine de la mort du cheval « Grady » le 28 mai dernier, durant les finales canadiennes de rodéo, affirme le Festival western de Saint-Tite. L'accident avait soulevé l'ire de ceux qui s'opposent à la tenue de rodéos au Québec.
Un texte de Julie Marceau
En effectuant un mouvement pour éjecter son cavalier, Grady, un cheval de 6 ans, s’est fracturé une vertèbre provoquant une lésion qui a atteint sa moelle épinière.
« Un processus aigu et grave entraînant la paralysie subite », explique Geneviève Frappier, responsable des communications au Festival western de Saint-Tite.
« Le rapport [de nécropsie réalisé par la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal] signale que la fracture de la vertèbre en question est rapportée parfois chez des chevaux ayant une pathologie morphologique prédisposante du corps central », écrit le Festival western.
Autrement dit, des anomalies ou des variations dans la morphologie des vertèbres pourraient avoir prédisposé l'animal à ce genre de fracture.
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Une anomalie « imprévisible »
« C’est aussi imprévisible qu’une embolie », soutient le Dr Pierre Tardif, qui pratique la médecine vétérinaire depuis 38 ans et qui travaille notamment pour l’hippodrome de Trois-Rivières et le Festival western de Saint-Tite.
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Selon les informations de Radio-Canada, le type de fracture subi par Grady aurait toutefois aussi été rapporté chez des chevaux de course.
Le vétérinaire Jean-Jacques Kona-Boun, qui milite contre les rodéos, croit d'ailleurs peu probable qu'une anomalie vertébrale soit responsable à elle seule de la mort du cheval.
« L’anomalie vertébrale [...] a peut-être été un facteur prédisposant, un facteur de risque pour le déclenchement de l'accident fatal, mais cela nécessitait également l'élément déclencheur, c'est-à-dire les fortes contraintes mécaniques exercées sur la colonne vertébrale par les ruades violentes effectuées lors de l'épreuve du rodéo. »
Ce diplômé de l'American College of Veterinary Anesthesia and Analgesia croit toutefois lui aussi que ce type de malformation peut être difficile à déceler.
« Il est possible que cette condition pathologique ne se traduise pas par des signes cliniques », affirme-t-il, tout en précisant qu’il n’a pas eu accès au rapport de nécropsie.
Le Dr Kona-Boun ajoute que l'anomalie, si elle était détectable avant l'accident, aurait probablement pu être décelée avec des outils d'imagerie médicale, comme la radiographie ou l'imagerie par résonance magnétique (IRM). « Par contre, ces outils diagnostiques ne sont pas disponibles sur place lors des rodéos », explique-t-il.
Un comité consultatif surveillera le rodéo de Montréal
À la suite d’un règlement à l'amiable, le professeur de droit de l'Université de Montréal Alain Roy et les organisateurs du rodéo urbain de Montréal, dont fait partie le Festival western de Saint-Tite, ont convenu de former un comité consultatif qui aura pour mandat d’assurer le respect de la Loi sur le bien-être et la sécurité de l'animal.
Le ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation (MAPAQ) a jusqu’à vendredi pour confirmer la nomination de deux représentants à ce comité, qui sera également composé de représentants du droit animalier et de l’industrie du rodéo.
M. Roy espère que le comité pourra avoir accès à la nécropsie qui, selon lui, devrait être rendue publique. « L’organisation prétend faire preuve de la plus grande transparence depuis toujours », souligne-t-il.
Il remet aussi en question les moyens pour prévenir des accidents. « On nous dit qu’on soumet systématiquement les animaux à des examens vétérinaires afin de s’assurer qu’ils sont en bonne santé et qu’ils sont en mesure de participer aux rodéos. »
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« Je trouve cela extrêmement inquiétant. Il faudra évidemment que le comité paritaire qui sera formé en vertu du jugement de la Cour s’attarde à ces questions fondamentales », insiste-t-il.
« Peu importe la cause du décès de Grady, nous jugeons inacceptable que des animaux soient soumis à des souffrances physiques et psychologiques, comme celles endurées par Grady avant sa mort, au nom du simple divertissement », dit pour sa part Me Sophie Gaillard, avocate à la SPCA de Montréal.