Vers une appellation réservée pour les vins québécois

L'étiquette de certification Vins du Québec de l'Association des vignerons du Québec
Photo : facebook.com/VinsDuQuebec
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Si tout va comme prévu, les vins du Québec pourraient obtenir leur indication géographique protégée (IGP) d'ici la fin de l'année 2017. Une consultation publique a lieu cet été sur les normes que les producteurs devront respecter, mais déjà, le ministre de l'Agriculture s'y montre favorable.
Un texte d’Alexandre Duval
« Le résultat est majeur au niveau notoriété dans toutes les régions viticoles du monde qui ont fait des appellations, affirme Charles-Henri de Coussergues, administrateur de l’Association des vignerons du Québec et propriétaire du vignoble de L'Orpailleur. Ça sécurise toujours le consommateur. »
Depuis 2009, l’Association des vignerons a développé sa propre certification, adoptée par des dizaines de producteurs. Mais une IGP « Vin du Québec », décrétée par le gouvernement, augmenterait à la fois l’indépendance et la crédibilité de la certification.
Les producteurs devraient en effet respecter toute une série de normes. Par exemple, le vin devrait être produit à 100 % avec des raisins québécois et il devrait passer avec succès un test de goût.
On peut respecter le cahier des charges et tout, mais le vin peut être de qualité médiocre. Il y a un passage incontournable qui est la dégustation […] à l’aveugle et les vins doivent obtenir une note d’au moins 70 %.

Charles-Henri de Coussergues au vignoble de L'Orpailleur, à Dunham au Québec
Photo : Babas Photo/Sébastien Marotte
Quelques autres normes à respecter :
- Les produits utilisés pour la croissance de la vigne ou la production du vin doivent être reconnus par l’Agence canadienne d’inspection des aliments;
- Le vin doit être produit à partir de cépages nobles d’Europe et de cépages rustiques ou semi-rustiques acceptés dans le cahier de normes;
- Le vin doit être produit dans des zones identifiées comme propices à la culture de la vigne (pas plus à l’est que La Pocatière et pas plus au nord que Saguenay).
Approbation du ministre
Jusqu’au 10 août, ce cahier de normes fait donc l’objet d’une consultation publique sur le site web du Conseil des appellations protégées et des termes valorisants (CARTV). Tout citoyen ou organisme peut formuler des commentaires.
Au terme du processus, l’Association des vignerons du Québec pourrait devoir ajuster certaines normes. Elle devra aussi élaborer un plan de contrôle, incluant l’embauche d’un organisme reconnu par le CARTV pour certifier les vins.
Le CARTV transmettra ensuite une recommandation au ministre de l’Agriculture du Québec, qui devra officialiser ou non l’appellation réservée.
Mais déjà, Laurent Lessard indique qu’il a un préjugé favorable à cette initiative. Il espère même que la récolte 2017 sera la première à bénéficier de l’IGP.
Je considère que la reconnaissance de l'IGP Vin du Québec pourrait être une partie importante du développement structuré de l'industrie vinicole de la province.
Selon le ministre, l’IGP aura pour effet de « normaliser la qualité de production » et d’« assurer la traçabilité des produits ».
Une surveillance sévère
La PDG du CARTV, Pascale Tremblay, précise que l’obtention d’une IGP viendra avec un contrôle très strict.
« C’est de s’assurer qu’une fois qu’on a une indication géographique protégée, elle est maintenue dans son intégrité à travers les années, qu’elle est toujours respectée, que l’organisme de certification fait son travail. »
Le CARTV aura non seulement à l’œil l’organisme de certification, mais également les marchands. Le CARTV fera de la sensibilisation et de la surveillance pour éviter de possibles cas d’usurpation, par exemple.
Que ce soit le Maïs de Neuville ou Vin du Québec, c’est une appellation réservée, il y a un logo qui est associé, c’est associé à un cahier de charges crédible et pour cette raison, ils ne peuvent pas se prévaloir de cette appellation.
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Permis de rêver
Une fois que l’IGP sera obtenue, il sera possible d’entrevoir de nouveaux projets pour développer encore davantage la typicité des vins du terroir.
Charles-Henri de Coussergues, par exemple, évoque déjà la possibilité de créer des sous-appellations qui tiendraient compte des spécificités de chaque région.
Sur l’île d’Orléans, on arrive à faire de très bonnes choses. Dans ma région [l’Estrie], on arrive aussi à faire de très bonnes choses, mais pas forcément avec les mêmes cépages parce que le climat est un peu différent.
Le vigneron croit aussi que la Société des alcools du Québec pourrait imiter la régie des alcools de l'Ontario (LCBO) et sa section VQA de vins ontariens, en ne mettant dans la section Origine Québec que les bouteilles certifiées Vin du Québec.

Section Origine Québec à la SAQ.
Photo : Radio-Canada / Émilie Parent-Bouchard
Là-dessus, le ministre Laurent Lessard affirme qu’il est encore trop tôt pour se prononcer. « Mais il est clair que nous souhaitons utiliser toutes les IGP afin d’en faire des leviers de commercialisation enviables », dit-il.
Le rapport annuel 2017 de la SAQ, publié la semaine dernière, révélait que les produits Origine Québec avaient connu une croissance de presque 13 % en deux ans, soit davantage que la cible de 10,3 % que s’était fixée la société d’État.