
Le rôle du père a beaucoup évolué au fil des décennies. Le père d'aujourd'hui n'occupe pas la même place et a des responsabilités différentes de son prédécesseur d'il y a quelques années, à un point où certains d'entre eux se sentent dépourvus et laissés à eux-mêmes.
Un texte d’Émilie Pelletier
« Maintenant, il doit partager ce rôle-là [de père] avec la mère, qui est elle aussi pourvoyeuse. Elle aussi fait l’autorité et donc [il] se retrouve un peu chamboulé avec les années », explique Jennifer-Anne Forgues, travailleuse sociale et chercheuse.

Mme Forgues s’intéresse tout particulièrement à la « paternité nouvelle ». Ses recherches et son expérience lui permettent d’affirmer que de nombreux pères ont du mal à répondre aux attentes de la société envers eux.
« On [leur] demande d’être un peu parfaits dans tout, d’être présents au travail [...] d’être de bons pères à la maison, d’être présents pour leur conjointe [et] de changer des couches durant la nuit, mais on leur demande quand même d’être performants », soutient la chercheuse.

À cela s’ajoute le fait qu’il existe peu de services pour aider les pères à mieux vivre leur paternité et les soutenir. « Il y a des pères qui disent : "Je me sens dans un trou noir, je me sens oublié, je ne sais pas quoi faire pour plaire à tout ce beau monde-là et être heureux moi-même" », raconte Mme Forgues.
Elle aimerait que plus de services « alternatifs » voient le jour, une proposition qui soit davantage en harmonie avec les besoins et les goûts des pères. « Est-ce que tous les pères vont s’asseoir dans une salle du gouvernement à écouter des conseils donnés par une femme? Non. »
Un groupe d’entraide créé par et pour les pères
Après une séparation et un temps en détention, Chris Pellerin a travaillé fort et a réussi à obtenir la garde complète de ses deux enfants.
Moi, comme père, j’avais besoin d'aide. J’ai cherché [puis] je n'ai rien trouvé à Moncton
Pris de court par l’ampleur de ses nouvelles responsabilités, M. Pellerin a eu besoin de soutien.
Il dit qu'il n'a pu trouver l'aide nécessaire. C’est pourquoi il a eu l’idée de fonder, avec un autre père, le groupe Support for Dads.

« On s’est rencontrés plusieurs fois l’été passé pour créer Support for Dads, parce qu’il n’y a vraiment rien dans la région pour les [appuyer] du tout », assure M. Pellerin.
Il explique le manque d’offre de services en partie par la difficulté qu’éprouvent les pères à demander de l’aide. « Les pères sont supposés de se supporter eux-mêmes, c’est ce qu’on se fait dire en tant qu’homme, mais vraiment [...] on a besoin de support. »

Le groupe en est réellement un d’entraide. Il accueille des pères de tous les horizons. Certains des membres sont en couple, d’autres séparés, mais tous cherchent des moyens d’être de meilleurs pères.
« Il faut dire aux pères de ne pas se sentir [gênés] et de venir chercher de l’aide s’ils en ont besoin », conclut le cofondateur de Support for Dads.
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