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Ces lieux autochtones méconnus de Montréal

Une statue devant la basilique Notre-Dame

L'Iroquois, sur le monument à la mémoire de Maisonneuve

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.

Montréal célèbre cette année son 375e anniversaire, mais son territoire est occupé par les Premières Nations depuis des milliers d'années. Derrière certains lieux connus et moins connus de la métropole se cache une histoire autochtone.

Un texte de Fanny Samson, d'Espaces autochtones

Pour découvrir ce patrimoine, Espaces autochtones vous offre une visite guidée dans les rues du Vieux-Montréal, dirigée par une ex-guide touristique innue, Bérénice Mollen Dupuis. Elle travaille aujourd’hui pour Femmes autochtones du Québec.

Une jeune femme innue aux cheveux noirs regarde la caméra et sourit. Elle porte une blouse bleu marin à pois blancs.
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L'ex-guide touristique innue, Bérénice Mollen Dupuis

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson


1 - Monument à la mémoire de Maisonneuve

Une statue devant la basilique Notre-Dame
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Monument à la mémoire de Maisonneuve

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Au centre de la place d’Armes, un monument célèbre la mémoire des principaux fondateurs de Montréal. Sa construction a commencé en 1892, l’année du 250e anniversaire de la métropole. Le personnage principal de l’œuvre est Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, qui a fondé Ville-Marie avec Jeanne Mance, le 17 mai 1642.

« On est devant la fontaine qui commémore l’exploit de la place d’Armes, où Maisonneuve aurait tué un chef iroquois de ses mains nues, ce qui m’étonnerait vraiment, soutient Bérénice Mollen Dupuis. Il devait vraiment être à bout, le chef iroquois, parce que les Iroquois savaient se défendre. »

Quatre autres personnages sont adossés aux angles du piédestal, tous liés à l’histoire de la fondation de Ville-Marie : Jeanne Mance, Raphaël-Lambert Closse, Charles Le Moyne et un guerrier iroquois.

« L’Iroquois, c’est le seul qui n’a pas de nom, on l’appelle l’Iroquois », souligne-t-elle.

Sur le monument, on peut aussi voir une scène de combat.

« Maisonneuve qui tire dans le visage du chef iroquois. C’est peu flatteur pour les Premières Nations. Et il n’y en a pas beaucoup, des représentations autochtones dans le Vieux-Montréal », dit-elle.

«  »

— Une citation de  Bérénice Mollen Dupuis

2 - Plaque commémorative de la défaite des Iroquois

On peut lire : « À proximité de cette place à laquelle l’on donna par la suite le nom de place d’Armes, les fondateurs de Ville-Marie affrontèrent les Iroquois qui furent vaincus. Au cours de la bataille en 1644,  Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve tua le chef indien de ses propres mains. »
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Une plaque commémorative de la défaite des Iroquois

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Quelques mètres plus loin, sur l’édifice Royal Trust, une plaque commémorative rappelle la défaite des Iroquois sur la place d’Armes et la mort de leur chef.

Selon Bérénice Mollen Dupuis, Maisonneuve est vu comme un sauveur qui a combattu les Iroquois, considérés comme l'ennemi.

« Cette plaque a été posée lors du 250e de la Ville de Montréal. Les Autochtones étaient encore moins bien vus. C’était l’époque de la Loi sur les Indiens, les réserves, les pensionnats », dit-elle.

Elle affirme toutefois qu’elle ne demande pas que la plaque soit retirée, mais plutôt de remettre l’histoire dans son contexte.

« Ce n’est pas de réécrire l’histoire. C’est sûrement ça qui est arrivé, mais ce n’est pas ça qu’on doit célébrer. Maisonneuve était sur un territoire iroquois. [...] Si c’est arrivé ainsi, c’était sûrement pour défendre leur territoire », dit-elle.

«  »

— Une citation de  Bérénice Mollen Dupuis

3 - La Banque de Montréal

Un édifice aux allures romaines ou grecques dont la façade avant comprend des décorations qui semblent en bronze.
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La Banque de Montréal

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

La Banque de Montréal a fait construire cet édifice en 1845. Sur la façade, au-dessus des colonnes, on peut voir une œuvre créée par le sculpteur écossais John Steell, en 1867. Il y a les armoiries de la banque au centre, qui intègrent celles de la Ville de Montréal, et deux Amérindiens.


« Ce n’est pas représentatif non plus de cette époque-là, parce qu’il y a un Amérindien qui a une moustache et ils ont tous les deux des plumes qui proviennent d’oiseaux exotiques d’Amérique du Sud », raconte l’ex-guide touristique innue.

Bérénice Mollen Dupuis soutient que John Steell n’a jamais mis les pieds en Amérique et qu'il n’a jamais rencontré d’Autochtones.


4 - Ruelle Saint-Éloi

La ruelle avec une échelle et des voitures
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La ruelle Saint-Éloi

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Dans cette petite ruelle du Vieux-Montréal, des archéologues ont découvert le plus ancien site autochtone de l’île de Montréal, qui a plus de 4000 ans.

« Au début des années 2000, des fouilles ont été faites ici. La Commission des services électriques de Montréal a fait des réparations, et ils ont trouvé des objets », explique Bérénice Mollen Dupuis.

Les archéologues ont eu seulement quelques jours pour explorer les lieux. Ils ont trouvé des outils - un épilateur en os, un racloir de quartzite, une mandibule d’ours - et deux foyers. Le site avait une superficie de 2,5 mètres carrés.

«  »

— Une citation de  Bérénice Mollen Dupuis

5 - La ruelle Chagouamigon

Un insigne rouge bourgogne sur lequel on peut lire le nom « Ruelle Cagouamigon ».
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La ruelle Chagouamigon qui se trouve au Vieux-Port de Montréal.

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

La ruelle Chagouamigon, qui est située à l’ouest de la place Royale, nous ramène à l’époque de la traite des fourrures.

« On se trouve au centre de ce qu’était la foire des fourrures de Montréal, où il y avait échange de fourrures entre les Premières Nations et les habitants de Montréal », dit-elle.

Lors de notre passage, Bérénice Mollen Dupuis a remarqué qu’un nouvel écriteau, visible de la rue, avait été posé récemment.

« Ils ont mis la pancarte sur la rue, c’est récent parce que je suis venue il y a trois semaines et il n’y avait rien », dit-elle.

L’autre insigne est toujours là, un peu plus loin dans la ruelle.


6 - La place Royale

Une bâtisse aux allures romaines ou grecques est ensoleillée. Devant se tient un petit groupe d'élèves.
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La place Royale, à Montréal

Photo : Radio-Canada / Fanny Samson

Notre visite se termine sur la place Royale, tout près du Musée Pointe-à-Callière, lieu de fondation de Ville-Marie. On y retrouve un monument qui commémore la Grande Paix de Montréal.

« Des délégués d’une quarantaine de nations amérindiennes alliées des Français ont mis fin à près d’un siècle de conflit », explique-t-elle.

La Grande Paix de Montréal a été signée le 4 août 1701 par le Sieur de Callière, qui représentait la France, et 39 nations amérindiennes.

La signature du chef huron Kondiaronk témoigne de son rôle capital dans la Grande Paix, même s’il est mort deux jours avant.

«  »

— Une citation de  Bérénice Mollen Dupuis

Le belvédère du mont Royal porte aussi le nom de Kondiaronk.


« Autochtoniser » les lieux

Le directeur général de Montréal autochtone, Philippe Meilleur, souhaite que plusieurs lieux de Montréal soit « autochtonisés ». D'autres villes, comme Vancouver, l'ont déjà fait.

« Dès l’arrivée, à l’aéroport, on a des artefacts culturels; en sortant, il y a des centres culturels, il y a différents lieux qui ont été ''autochtonisés'', et même sur les affiches, sur les autoroutes, on va retrouver de l’art autochtone », dit-il.

Il suggère aux touristes qui veulent en apprendre plus sur les Autochtones de se rendre au Jardin des Premières Nations, au Jardin botanique.

« C’est peut-être le seul lieu qui est intéressant, qui a une réflexion, et qui parle des différentes traditions culturelles. Sinon, on est vraiment dans les musées », ajoute-t-il.

De son côté, Bérénice Mollen Dupuis soulève que les perspectives ont changé au cours des dernières années. Le maire de Montréal, Denis Coderre, a récemment annoncé que les armoiries et le drapeau de la ville seront redessinés afin de reconnaître l'apport des Autochtones à l'histoire de la métropole.

« C’est un pas à la fois. Ça va peut-être changer l’idée que les gens ont de la Ville de Montréal. Elle n’a pas 375 ans, la ville, elle a peut-être plus de 4000 ans », souligne-t-elle.

 

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