Les Five Eyes discuteront terrorisme et réseaux sociaux à Ottawa

Photo : La Presse canadienne
L'aptitude des terroristes à communiquer entre eux sans être espionnés sera au coeur des discussions lors d'un sommet à huis clos qui réunira à la fin du mois, à Ottawa, les responsables de l'alliance de services secrets, appelée le Groupe des cinq (Five Eyes en anglais).
Les ministres de la Sécurité publique et les procureurs généraux du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande réuniront autour d'eux leurs responsables du renseignement, alors que les récents attentats au Royaume-Uni mettent en lumière la crainte d'actes terroristes orchestrés « de l'intérieur » par des ressortissants rentrés au pays après avoir fait le « djihad » à l'étranger.
Les responsables de la sécurité s'inquiètent notamment de la facilité avec laquelle on peut aujourd'hui se procurer des outils de chiffrement et des applications qui permettent aux extrémistes de communiquer sans risque de voir leurs communications interceptées par les autorités.
Par contre, les défenseurs des libertés individuelles soutiennent que le droit des citoyens honnêtes à communiquer en toute confidentialité ne devrait pas être sacrifié sur l'autel de la lutte contre le terrorisme, en permettant aux autorités de déjouer les outils de chiffrement et d'utiliser des portes dérobées pour contourner les mesures de sécurité des appareils de télécommunications.
Qui sont les Five Eyes?
Les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l'Australie et la Nouvelle-Zélande forment un réseau complexe d'organismes de renseignement, dont la National Security Agency (NSA), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et le MI5. Les balbutiements du groupe remontent à la Deuxième Guerre mondiale. Les cinq pays membres partagent aujourd'hui des quantités colossales de métadonnées, gérées en grande partie par la puissante agence de renseignement américaine. L'ex-employé de la CIA Edward Snowden a révélé en 2013 les intrusions de la NSA à l'aide de ces programmes de surveillance de masse.
Mettre à contribution les réseaux sociaux dans la lutte antiterroriste
Le premier ministre australien, Malcolm Turnbull, a soutenu cette semaine au Parlement que les puissants médias sociaux et services de messagerie devaient collaborer à la lutte contre les terroristes qui utilisent à mauvais escient la même technologie que des milliards de personnes.
L'Australie, a-t-il dit, profitera du sommet d'Ottawa pour voir ce que les autorités peuvent faire de plus, de concert avec l'industrie, pour empêcher les terroristes et les criminels de naviguer en toute impunité dans « un univers numérique non gouverné ».
Au Canada, une majorité de participants à de récentes consultations fédérales se sont opposés à ce que le gouvernement puisse intercepter des communications privées, même muni d'un mandat. Ils s'opposent aussi en général à toute mesure visant à percer la technologie de chiffrement des données.
Fuites et ingérence
La première rencontre ministérielle du Groupe des cinq avait eu lieu en 2013. Le « quintette des procureurs généraux » se réunit quant à lui chaque année depuis 2009.
Le sommet d'Ottawa devrait par ailleurs se pencher aussi sur les fuites de renseignements. Les Britanniques ont été particulièrement remontés lorsque les Américains ont laissé couler des informations sur l'attentat de Manchester, en mai.
On devrait aussi discuter de l'ingérence présumée des Russes dans l'élection présidentielle américaine.