Treize scientifiques partent étudier le Saint-Laurent sur le Coriolis II

Le navire Coriolis II amarré au quai de Rimouski
Photo : Radio-Canada / Sandra Fillion
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le Coriolis II quittera Rimouski lundi matin pour une mission de neuf jours. À son bord, 13 chercheurs universitaires qui souhaitent en apprendre plus sur l'acidification des eaux de surface du fleuve. Ils vont aussi étudier la diminution de la concentration d'oxygène dans l'estuaire et effectuer une cartographie des sédiments dans les fonds marins.
Un texte de Brigitte Dubé d’après le reportage d’Isabelle Damphousse
Pendant neuf jours, les chercheurs et l'équipage du Coriolis II vont parcourir le fleuve Saint-Laurent entre Québec et l'Île d'Anticosti.

Le Coriolis II
Photo : Radio-Canada
Selon Yves Gélinas, professeur en chimie environnementale à l'Université Concordia, la diminution de la concentration d'oxygène dans les eaux profondes de l'estuaire est un problème identifié récemment par les chercheurs. Il est par ailleurs lié au problème d'acidification des eaux de surface.
Les scientifiques vont étudier le comportement du carbone dans l'eau, dans le but d'établir un lien entre la présence de carbone en surface et la déficience en oxygène dans les eaux profondes.
Nous sommes une équipe multidisciplinaire avec des expertises complémentaires. C'est sûr que l'acidification est reliée au cycle de la matière organique et c'est lié aussi en même temps aux échanges gazeux entre la surface et l'atmosphère.
M. Gélinas indique comment la concentration d'oxygène diminue.
« Quand les cellules de phytoplancton meurent, précise-t-il, la matière se dégrade très efficacement. Quand on dégrade la matière organique dans un milieu comme celui-là, on consomme l’oxygène qui est dissous dans l’eau, donc on observe une baisse de concentration de l’oxygène. En même temps, la dégradation de la matière produit une acidification des eaux. »
Selon M. Gélinas, l’augmentation des quantités de nutriments provenant des activités agricoles et déchargés dans le fleuve figurent parmi les causes de cette diminution.

Le Coriolis II partira en mission lundi
Photo : Radio-Canada
Selon Alfonso Mucci, professeur au département des sciences de la terre et des planètes à l'Université McGill, la diminution des taux d’oxygène ne touche pas les espèces de la même façon.

Des pêcheurs disent capturer des morues de petite taille cette année au sud du Labrador.
Photo : CBC
« Par exemple, mentionne-t-il, les morues ne peuvent tolérer les faibles concentrations d’oxygène qu’on retrouve actuellement dans les eaux profondes de l’estuaire.
Elles évitent donc ces secteurs.
Par contre, moins de morues signifie un prédateur de moins alors d’autres espèces ont proliféré, comme le sébaste et la plie. »
En général, la diminution de la quantité d’oxygène a un effet néfaste sur la plupart des espèces vivantes.
« Dans le cas des crevettes, ajoute M. Mucci, les stocks sont en diminution, mais elles se concentrent dans les régions où il y a moins d’oxygène, pour éviter les prédateurs. »
« Empreintes digitales » des sédiments
L'équipe scientifique a aussi la mission de cartographier les sédiments du fleuve Saint-Laurent. Elle veut construire une cartographie illustrant l’empreinte moléculaire et isotopique des contaminants d’origine pétrolière dans les sédiments.
Le chercheur indique que l’équipe va utiliser différentes méthodes pour distinguer le signal d’une contamination accidentelle d’un signal naturel d’hydrocarbures en faisant des empreintes moléculaires (empreintes digitales en quelque sorte). C’est ce qu’on appelle la « signature isotopique selon les masses. »
« Comme on prévoit une forte augmentation du transport maritime, entre autres de produits pétroliers, on veut obtenir une cartographie, soit l’état de base des sédiments avant que des événements ne se produisent », explique le professeur.
Il serait difficile d’attribuer une contamination à un événement en particulier si on ne connaît pas l’état de base avant que la contamination ait lieu.
Les scientifiques proviennent aussi des universités McGill, Concordia et de Moncton. Ils vont donc, en quelque sorte, effectuer un bilan de santé du fleuve, un bilan préliminaire nécessaire, avant l'augmentation prévue du transport maritime.