Trudeau repousse la nomination des commissaires à l'éthique et au lobbying

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, lors d’une visite au Manoir Richelieu, au Québec, le 8 juin 2017
Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le premier ministre Justin Trudeau prolonge de six mois les mandats des commissaires à l'éthique et au lobbying du gouvernement fédéral et relance le processus de sélection pour leur trouver des successeurs, a appris La Presse canadienne.
C'est la troisième fois que M. Trudeau accorde une prolongation au mandat de la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mary Dawson, et à celui de la commissaire au lobbying, Karen Shepherd.
Les commissaires devaient quitter leurs postes respectifs au cours des prochaines semaines, mais ont toutes deux accepté de rester jusqu'à la fin de l'année.
Ce nouveau rebondissement laisse croire que le gouvernement Trudeau a de la difficulté à trouver des candidatures de qualité pour pourvoir ces postes d'officiers du Parlement, qui doivent offrir un regard indépendant sur différents enjeux d'importance, dont les élections fédérales, les dépenses gouvernementales, l'accès à l'information et les questions d'éthique, notamment.
Cette décision survient également dans la foulée de la nomination avortée de Madeleine Meilleur, ancienne ministre libérale du gouvernement ontarien, au poste de commissaire aux langues officielles.
Mme Meilleur a annoncé qu'elle retirait sa candidature, mercredi, après des semaines de controverse autour de sa nomination que les partis d'opposition qualifiaient de « partisane ».
Une source bien placée du gouvernement fédéral a mentionné à La Presse canadienne, sous le couvert de l'anonymat, que M. Trudeau enverrait des lettres la semaine prochaine aux chefs des partis d'opposition pour leur demander de solliciter des candidats d'intérêt.
Depuis qu'il a pris le pouvoir, le gouvernement Trudeau a eu la possibilité de choisir les successeurs de cinq des huit officiers du Parlement. Jusqu'à maintenant, il n'a pourvu aucun de ces postes.
M. Trudeau a prolongé le mandat de la commissaire à l'information, Suzanne Legault, jusqu'à la fin de l'année, et le poste de directeur général des élections est vacant depuis le départ de Marc Mayrand en décembre. Le siège du commissaire aux langues officielles est également vide depuis six mois.
Un processus complexe de sélection
Le processus de sélection pour choisir les prochains commissaires à l'éthique et au lobbying est d'autant plus complexe que ces deux officiers du Parlement ont lancé des enquêtes impliquant le premier ministre Trudeau.
Mme Shepherd se penche présentement sur la présence de lobbyistes lors d'activités de financement du Parti libéral auxquelles participait M. Trudeau. Mme Dawson enquête sur l'utilisation, par la famille du premier ministre, de l'hélicoptère privé de l'Aga Khan lors de vacances familiales.
Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement libéral a instauré un nouveau processus de sélection pour pourvoir quelque 1500 postes du gouvernement, un processus qui se veut plus transparent, basé sur le mérite et qui devrait mieux refléter la diversité du pays. Mais cette nouvelle manière de faire est également beaucoup plus longue.
Les hypothèses de l'opposition
Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'éthique, Nathan Cullen, affirme qu'il croit plutôt que le vrai problème réside dans le fait que les nominations les plus importantes passent entre les mains de Katie Telford et de Gerald Butts, de proches collaborateurs de Justin Trudeau.
Son homologue chez les conservateurs, John Brassard, estime plutôt que le gouvernement Trudeau a lancé un « ballon d'essai » avec la nomination de Madeleine Meilleur et qu'il voulait voir comment serait reçue cette nomination « partisane » avant de pourvoir les autres postes.