Les « loteries de rêve », des cadeaux empoisonnés?

Sarah Cleveland, qu'on voit ici avec ses proches, a remporté la loto « Maison de rêve » de la fondation de l'hôpital de Saint-Jean en 2011. Elle l'a vendue un mois plus tard.
Photo : Gracieuseté
Au Nouveau-Brunswick, les loteries qui offrent à leurs gagnants comme grand prix des maisons luxueuses entièrement meublées se révèlent moins avantageuses qu'il n'y paraît.
Par exemple, la gagnante de l’an dernier de la loterie de la fondation de l’hôpital régional de Saint-Jean a vendu sa maison de rêve, une maison de Rothesay évaluée à 900 000 $, pour 565 000 $, trois mois après avoir pris possession des clés.
Shirley Barton était la neuvième gagnante de suite à vendre son gros lot.
Des factures énormes
Anita Cline avait fait comme elle, en 2012. Elle avait vendu sa maison cossue pour 125 000 $ de moins que sa valeur estimée, en partie pour échapper aux dépenses énormes qu’elle engendrait.
« Il me semble que les impôts fonciers à eux seuls étaient de 15 000 $ », relate-t-elle.
Karen Swagerman a été l’heureuse gagnante de la loterie l’année suivante. Elle a rapidement vendu son gros lot pour une somme de 140 000 $ inférieure à l’évaluation. Elle aussi a été surprise de l’ampleur des factures, soit l’assurance habitation, les impôts fonciers, l’électricité et l’entretien, qui accompagnaient sa nouvelle maison.
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Des vendeurs pressés
Les gens ne pensent pas à ces dépenses lorsqu'ils achètent des billets de ces « loteries de rêve » organisées au profit de plusieurs hôpitaux dans la province. Mais il ne s'agit pas d'un détail. Selon Mme Swagerman, les factures récurrentes sont suffisamment salées pour forcer les gagnants à renoncer à habiter leur maison de rêve.
Et lorsqu'ils la mettent en vente, ils n'ont pas le loisir d'être patients, explique l'agent immobilier Jake Palmer. Ils ne peuvent payer des factures qui dépassent le millier de dollars chaque mois en attendant que l'acheteur idéal, celui prêt à payer le plein prix pour la maison, se présente.
C'était le cas de Sarah Cleveland, qui a remporté la loterie « maison de rêve » de Saint-Jean en 2011, à l'âge de 24 ans. « J'étais étudiante. Je n'avais pas les moyens d'habiter une maison comme celle-là. »
Elle a fini par accepter une offre inférieure de 210 000 $ pour sa maison de 750 000 $, environ un mois après l'avoir gagnée.
Pas de plaintes
La loterie de la fondation de l’hôpital de Saint-Jean verse 5000 $ aux gagnants de son grand prix pour les aider à assumer ces dépenses. Elle a déjà versé dans le passé le double de cette somme.
Toutefois, les gagnants se plaignent rarement, selon le président de la fondation, Jeff McAloon. « Ils ne sont pas à plaindre. Tous ceux à qui j’ai parlé étaient très heureux », conclut-il.
D'après un reportage de Robert Jones, CBC