Changements climatiques : peur, anxiété et tristesse au Labrador

La fonte des glaces au Labrador survient un mois plus tôt qu'auparavant, ce qui entraîne des répercussions sur la vie quotidienne des Inuits et leur santé mentale.
La fonte des glaces au Labrador survient un mois plus tôt qu'auparavant, ce qui entraîne des répercussions sur la vie quotidienne des Inuits et leur santé mentale.
La petite ville de Rigolet, qui compte 300 résidents dans le nord du Labrador, est isolée du reste du monde. L'hiver, ses résidents se déplacent en motoneige. C'est le seul moyen de quitter les lieux, à l'exception de prendre l'avion.
Les Inuits préfèrent être à l'extérieur de la ville, notamment, pour chasser sur la banquise. C'est à la fois une question de survie et de culture, explique Derrick Pottle, un résident.
Derrick Pottle est à la chasse au phoque à la fin d’avril. Il les voit au loin, mais ne s'approchera pas davantage. Des années d'expérience lui ont appris que la glace est fragile.
Ce n'est plus comme c'était dans sa jeunesse, dit-il. La banquise fond un mois plus tôt qu’avant et se forme un mois plus tard.
Derrick Pottle ajoute que la température augmente dans le Grand Nord canadien deux fois plus vite que dans le reste du monde.
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Ashlee Consulo, directrice de l’Institut du Labrador de l’Université Memorial à Happy Valley-Goose Bay, est allée sur place pour étudier les effets des changements climatiques sur les gens de la région. Elle a été surprise de découvrir à quel point ces changements affectent la santé mentale des résidents.
Mme Consulo explique qu’une centaine de personnes qu’elle a interviewées lui ont décrit la peur, l’anxiété et la tristesse qu’elles ressentent.
Inez Shiwak, résidente de Rigolet, aide les gens à vaincre leurs troubles de santé mentale en organisant des activités communautaires en soirée.
Elle précise que les participants apprennent à faire des raquettes et des manteaux traditionnels. C'est une nouvelle façon de partager leur culture et de maintenir les traditions afin de réduire le niveau de stress, souligne-t-elle.
Une application a aussi été développée. Elle permet aux gens qui vont sur la banquise de partager leur expérience avec les autres. Ils indiquent, par exemple, où la chasse est bonne, où la glace est dangereuse.
Ashlee Consulo croit que l'expérience des résidents de Rigolet peut servir d'exemple à d'autres collectivités dans le monde qui sont touchées par les changements climatiques.
D’après le reportage de Sabrina Fabian