Grève de la construction : Couillard prêt à déposer une loi spéciale lundi
Des travailleurs de la construction en grève générale illimitée manifestent à Montréal, jeudi le 25 mai 2017
Photo : Radio-Canada / Charles Contant
Au deuxième jour de débrayage des 175 000 travailleurs de la construction au Québec, le premier ministre Philippe Couillard, en mission économique au Proche-Orient, prévient qu'il déposera dès lundi un projet de loi spéciale si aucun déblocage ne survient d'ici là.
Les parties ont convenu de reprendre les négociations jeudi soir au ministère du Travail à Montréal. Ces pourparlers se dérouleront en présence d'un quatrième conciliateur nommé plus tôt par la ministre du Travail, Dominique Vien.
Ce quatrième conciliateur s'occupera du volet « tronc commun », ce qui constituait une demande de la partie syndicale. Les trois premiers conciliateurs sont mandatés pour les secteurs résidentiel, génie civil et voirie et institutionnel-commercial et industriel.
Sans contrat de travail depuis le 30 avril, les travailleurs de la construction négocient sans succès avec leurs employeurs depuis le mois d’octobre dernier.
Cette grève générale coûte chaque jour plus de 45 millions de dollars à l’économie de la province, selon Québec. À partir de Jérusalem, où il conclut une mission économique, le premier ministre Couillard a fait planer le dépôt d'un projet de loi spéciale.
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Le porte-parole de l'Alliance syndicale, Michel Trépanier, s'est dit désolé de voir la menace d'une loi spéciale se concrétiser. « On trouve ça tout le temps malheureux quand un gouvernement sort l'épée de Damoclès d'une loi spéciale. »
Pendant ce temps, des milliers de travailleurs en grève sont descendus dans les rues d'au moins huit villes du Québec pour manifester leur mécontentement et faire valoir leurs revendications en cette deuxième journée de débrayage.
À Montréal, 3000 travailleurs ont manifesté à l'instar de leurs collègues de Québec, Saguenay, Sherbrooke, Gatineau, Rimouski, Sept-Îles, Paspébiac et Cap-aux-Meules. Dans plusieurs villes, les travailleurs ont fait le tour des chantiers pour s'assurer que le débrayage est respecté. Aucun incident grave n'a été signalé.
Cependant, l'Association pour les entrepreneurs en construction (ACQ) a dénoncé ce qu'elle a interprété comme étant « des gestes d'intimidation ». Par Twitter, l'ACQ a publié une vidéo montrant, dit-elle, un représentant syndical qui s'en serait pris verbalement à des membres de son équipe de négociation. L'incident se serait produit jeudi en après-midi, juste avant l'annonce de la reprise des négociations en soirée.
L'Association de la construction du Quebec dénonce les gestes d'intimidation dont on été victimes les membres de son équipe de négociation. pic.twitter.com/MDHFaMJKuP
— Asso Construction Qc (@ACQprovinciale) 25 mai 2017
La conciliation travail-famille au coeur du conflit
Le thème privilégié par les syndiqués dans ces négociations est la conciliation travail-famille. Il est aussi question des salaires, mais les questions de flexibilité de la main-d'oeuvre, des heures supplémentaires et des horaires, sont centrales.
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Mercredi, la ministre avait convoqué d’urgence les parties à la suite du débrayage et leur avait demandé de lui fournir un calendrier de négociations rapidement, ce que les représentants de l'Alliance syndicale ont fait jeudi avant-midi.
« Nous avons présenté notre plan de négociation à la ministre et son équipe et nous pouvons confirmer que les négociations reprendront dans les prochaines heures dans tous les secteurs », a déclaré le porte-parole de l'Alliance syndicale, Michel Trépanier.
Avec les informations de René Saint-Louis