•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

La tension monte entre l’enquête sur les femmes autochtones et les proches de victimes

John Fox, Jocelyn Wabano-Iahtai et Shirley Gunner (de gauche à droite) ont tous trois perdu une proche.

John Fox, Jocelyn Wabano-Iahtai et Shirley Gunner (de gauche à droite) ont tous trois perdu une proche.

Photo : La Presse canadienne / Justin Tang

Radio-Canada

Parmi ceux qui doivent participer à l'Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées, certains sont tellement outrés de ce qu'ils considèrent comme son « départ catastrophique » qu'ils menacent d'empêcher la tenue des audiences quand celles-ci auront finalement lieu.

« Nous sommes prêts à bloquer l’enquête si elle passe par nos communautés », a laissé tomber John Fox en conférence de presse, mardi, à Ottawa. « Nous serons là, peu importe où ça se passe. »

De nombreuses familles en ont assez de l’attitude des commissaires responsables de recueillir leurs témoignages, a soutenu M. Fox, qui a perdu sa fille en 2013, et elles déplorent le manque de soutien auquel elles sont confrontées. Il a signalé que personne ne donne suite à leurs appels téléphoniques ou à leurs courriels.

La commission d’enquête doit corriger le tir de manière significative, « et vite », estime aussi Beverly Jacobs, ancienne présidente de l'Association des femmes autochtones du Canada et avocate de la réserve des Six Nations, près de Brantford, en Ontario.

Selon elle, les familles qui souhaitent participer à l'enquête nationale, mais qui subissent constamment des reports d’audiences sont en train de perdre confiance.

Les familles doivent se sentir soutenues, mais ce n’est pas ce qui se passe. Il doit y avoir un changement fondamental pour qu’elles sentent qu’elles peuvent apporter une contribution valable […] Comment participer à un processus qui ne nous inspire pas confiance?

Une citation de Beverly Jacobs, avocate

Femmes autochtones disparues et assassinées

Consulter le dossier complet

Quatre personnes se serrent dans les bras en portant la photo d'une femme.

Me Jacobs a souligné que plusieurs militants et leaders autochtones vivent de la frustration, puisqu’alors qu’ils souhaitent contribuer à l’exercice, la commission ne semble pas intéressée à les entendre. Elle a donné l’exemple des Six Nations, dont les dirigeants ont demandé à la commission qu’elle y tienne des audiences et qui ignorent toujours si elle le fera, que ce soit sur la réserve ou à Brantford.

Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées 

Frustration et désespoir

Dans le fond, ce que veut vraiment John Fox, c'est témoigner quand la commission passera par chez lui. « Que sommes-nous censés faire? Que puis-je faire de plus pour m’assurer que mon nom est sur la liste? » a-t-il demandé.

Il reproche à la commission d’avoir voulu laisser croire que les familles sont responsables de l’annulation des rencontres qui étaient prévues cet été au lieu d’admettre qu’elle n’était pas adéquatement préparée.

Le tout premier arrêt, qui aura lieu dans quelques jours à Whitehorse, est maintenu, mais tous les autres ont été reportés à l’automne prochain. La commission a affirmé que c’était parce que plusieurs témoins lui avaient fait savoir qu’ils n’auraient alors pas le temps de participer à l’enquête parce qu’ils seraient occupés à chasser, trapper et faire de la cueillette.

Mais c’est n’importe quoi, juge M. Fox : « Ils ont sauté sur cette excuse en s’accrochant à ce que quelqu’un leur a dit, et ils veulent maintenant faire croire que toutes nos familles ont dit ça. C’est injuste. »

John Fox a rappelé que la ministre des Affaires autochtones, Carolyn Bennett, avait pu tenir sans problèmes en quelques mois des rencontres préliminaires dans tout le pays : « Comment a-t-elle réussi, elle, à récolter toutes ces déclarations en si peu de temps? »

Pourtant, un an après le lancement de l'enquête nationale, celle-ci n’avance presque pas.

Ne savent-ils donc pas ce qu’ils ont à faire? Ils disposent de tout cet argent et de toute cette expertise, mais ils n’arrivent même pas à démarrer.

Une citation de John Fox, père de Cheyenne Marie Fox, morte à Toronto en 2013

À ce jour, l'enquête a dépensé environ le dixième de son budget de 53 millions de dollars.

Jocelyn Wabano-Iahtail, une résidente d'Attawapiskat, en Ontario, qui a longtemps lutté pour une enquête nationale après avoir elle aussi perdu sa fille, a déclaré que beaucoup de gens ont simplement abandonné tout espoir.

Même si Marion Buller, la commissaire en chef, a admis la semaine dernière que certaines erreurs avaient été faites, il lui faudra en faire bien plus pour regagner la confiance de nombreuses familles désabusées, selon Mme Wabano-Iahtail.

De plus, les bureaucrates ne comprennent pas les langues autochtones, parfois les seules dans lesquelles s’expriment les aînés, a-t-elle déploré. Et ils ne comprennent pas non plus ni ne respectent les cérémonies, instruments et autres éléments traditionnels, d’après elle.

La commissaire Michèle Audette répond aux questions de Daniel Thibault au sujet des critiques qui fusent à l'endroit de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Michèle Audette parle dans un micro.

Michèle Audette fait partie des cinq commissaires de l'Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Photo : Radio-Canada

 

Avec les informations de CBC

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.