Les urgences de Gatineau continuent de déborder

Dans son palmarès annuel, le quotidien La Presse classe les urgences de l'Hôpital de Gatineau et de l'Hôpital de Hull bonnes dernières dans la catégorie des hôpitaux avec mission régionale. Il s'agit de résultats semblables à ceux de l'an dernier.

L'engorgement dans les salles d'urgence des hôpitaux de Gatineau ne date pas d'hier, au point où l'urgence de l'Hôpital de Gatineau a déjà été qualifiée d'une « des pires urgences du monde occidental » par un coroner.

Le directeur des services professionnels du CISSS de l'Outaouais, Guy Morissette, insiste pour dire que des changements ont été apportés au début de l'année et qu'ils devraient améliorer la situation dans les urgences.

Selon lui, les données du quotidien montréalais ne tiennent pas compte de ces améliorations.

« On a mis des choses en place au printemps [...] différentes de celles qu'on a faites auparavant », précise le Dr Morissette. « J'ai déjà vu les résultats dans la première période et on voyait vraiment un certain changement. »

On va voir ce que ça va vouloir dire dans un an.

Or, si on se fie aux données publiées sur le portail Index Santé, l'engorgement dans les urgences de l'Outaouais était encore bien présent jeudi.

Le taux d'occupation à l'urgence de l'Hôpital de Hull était de 132 %, celui de l'urgence de l'Hôpital de Gatineau de 114 % et celui de l'Hôpital de Papineau de 117 %.

Les taux d'occupation dans les urgences de l'Outaouais et de Gatineau sont élevés. Photo : Radio-Canada/Jérémie Bergeron

Une superclinique dans le secteur de Hull

Le Dr Morissette soutient que l'ouverture prochaine d'une superclinique à côté de l'Hôpital de Hull devrait contribuer à réduire l'achalandage dans les urgences de Hull et de Gatineau.

« On s'attend à ce qu'il y ait au moins 20 000 visites annuellement dans la superclinique de Hull, de gens qui n'ont pas de médecins de famille, et c'est beaucoup ça dans notre salle d'attente », souligne-t-il.

Déception et frustration dans le lobby de la santé en Outaouais

Jean-Charles Pichereau, d'Action santé Outaouais, trouve ces résultats inacceptables. « Il est temps d'arrêter de parler de passer à l'action », martèle-t-il.

M. Pichereau se dit également prêt à s'asseoir avec le coordonnateur nommé par le CISSS de l'Outaouais pour les urgences pour lui suggérer des solutions.

Le président de Santé Outaouais 2020, Andrew Gibson, se dit quant à lui frustré de voir que les urgences de Gatineau font partie des moins performantes de la province et qu'elles sont loin des cibles fixées par Québec.

« Le ministre Barette a fixé une cible de 12 heures [pour les temps d'attente] », précise M. Gibson. « Nos hôpitaux à mission régionale se trouvent à peu près à près de 18,5 heures ou de 20 heures. C'est pénible pour les gens qui doivent attendre dans les hôpitaux. »

M. Gibson espère toutefois que les investissements annoncés récemment par le ministre de la Santé pour améliorer la situation dans urgences et dans les soins à domicile vont contribuer à réduire le temps d'attente dans les urgences.

Il rappelle également que les supercliniques peuvent aider à désengorger les hôpitaux. Il salue la construction de celle dans le secteur de Hull, mais se demande où sont les deux autres promises par les libéraux pour l'Outaouais.

Avec les informations du journaliste Michel-Denis Potvin