Un procureur spécial est nommé dans l'enquête sur l'ingérence russe dans la campagne de Trump

Robert Mueller, ancien directeur du FBI
Photo : Associated Press / J. Scott Applewhite
C'est l'ex-directeur du FBI Robert Mueller qui agira à titre de procureur spécial dans l'enquête sur « les efforts du gouvernement russe en vue d'influencer l'élection présidentielle de 2016 et autres sujets liés », comme l'a annoncé en fin de journée mercredi le département américain de la Justice.
Il s'agit d'un nouveau développement dans un contexte d'allégations et de scandales qui pèsent de plus en plus lourd sur la présidence de Donald Trump.
Robert Mueller a été à la tête du FBI de 2001 à 2013, donc autant sous une présidence républicaine (celle de George W. Bush) que démocrate (celle de Barack Obama). En le nommant procureur spécial, le camp républicain accède aux demandes répétées des démocrates en ce sens.
Le président Trump a réagi en disant souhaiter que l'enquête sur une éventuelle collusion entre ses proches et la Russie soit « rapidement » bouclée.
« »
En annonçant la nomination de Robert Mueller, le numéro deux de la Justice, Rod J. Rosenstein, a dit avoir agi « dans l’intérêt public ».
« Ma décision n'indique pas que des crimes ont été perpétrés ou que des poursuites doivent être intentées », a-t-il ajouté.
Au final, le procureur spécial devra répondre au sous-procureur Rosenstein, et donc par extension au président Trump. Mais il disposera d’une plus large autonomie vis-à-vis de la hiérarchie habituelle et pourra réclamer des effectifs supplémentaires pour son enquête.
Un démocrate du Congrès parle de destitution possible
Plus tôt, mercredi, un élu du Congrès avait officiellement appelé à la destitution de Donald Trump, après qu'il eut été révélé que le président aurait tenté de faire obstruction à une enquête du FBI sur les liens présumés de son entourage de campagne électorale avec la Russie.
Cet appel à la destitution est venu d'Al Green, élu démocrate du Texas, qui considère que le président Trump doit faire face à des accusations de la part de la Chambre des représentants, en raison d'allégations selon lesquelles il aurait demandé à l'ex-directeur du FBI de clore l'enquête sur les contacts russes de son ex-conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn.
Selon des révélations du New York Times, l'ex-patron du FBI, James Comey, a écrit une note confidentielle, à la suite d'une rencontre en tête-à-tête en février dernier avec le président, dans le bureau ovale de la Maison-Blanche. Dans cette note, M. Comey citerait comme suit les propos de Donald Trump au sujet de M. Flynn : « J'espère que vous pourrez laisser passer cela [...] C'est un bon gars ».
James Comey a été limogé par Donald Trump le 9 mai dernier.
La Maison-Blanche nie que le président Trump ait demandé à M. Comey de mettre un terme à l'enquête.
Les élus veulent entendre Comey
Un nombre croissant de législateurs du Congrès réclament copie de cette note confidentielle, de même que d'autres mémos relatant les échanges entre MM. Comey et Trump, et peut-être même de possibles enregistrements de ces conversations.
Il est également réclamé que James Comey témoigne en personne devant deux comités du Congrès.
Jusque là silencieux sur cette affaire, le leader de la majorité au Sénat, le républicain Mitch McConnell, a déclaré que les législateurs devaient entendre publiquement James Comey le plus rapidement possible pour répondre aux questions soulevées ces derniers jours.
Parmi ces enjeux, il y a l'entretien qu'a eu le président Trump avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
Lundi, le Washington Post révélait que, lors de cette rencontre à la Maison-Blanche, le président avait divulgué des informations hautement confidentielles sur le groupe État islamique (EI). Ce à quoi Donald Trump a répliqué qu'il avait « le droit absolu » de révéler des informations à la Russie.
Paul Ryan appelle à la prudence
Dans cette tempête politique, nombre d'élus républicains serrent les rangs, voyant dans cette suite de fâcheuses nouvelles une tentative de déconstruction de la présidence Trump. « Il est évident que des gens veulent nuire au président », a déclaré mercredi le président de la Chambre des représentants, Paul Ryan.
Ce dernier affirme qu'avant de tirer des conclusions, il importe de recueillir « toute l'information pertinente ». Paul Ryan se demande par ailleurs pourquoi l'ex-directeur du FBI, James Comey, n'a pas agi sur-le-champ relativement aux propos allégués du président Trump sur l'enquête visant Michael Flynn.
Mercredi, alors qu'il visitait l'académie de la Garde côtière américaine au Connecticut, le président Trump a déclaré « qu'aucun président n'avait été traité aussi injustement » dans l'histoire américaine. Dans l'adversité, ne vous laissez pas abattre, a-t-il conseillé aux jeunes recrues : « Battez-vous ».