Quand une ville albertaine exproprie des résidents après des inondations

En juin 2013, le niveau de l'eau atteignant plus d'un mètre au centre-ville de High River. Le voici, quatre ans plus tard.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Exproprier une centaine de familles pour mieux lutter contre les changements climatiques, c'est la décision qu'a prise l'administration municipale de High River, dans le sud de l'Alberta, à la suite des inondations de 2013. Retour sur un choix qui a bouleversé la vie de sinistrés.
Un texte de Laurence Martin
« Après une catastrophe, il faut faire vite pour changer les choses. Sinon, on est toujours pris avec les mêmes problèmes. »
Voilà le message du maire de High River, Craig Snodgrass.
Lui-même s'est lancé en politique municipale, juste après les inondations dévastatrices de 2013. Il souhaitait, entre autres, mieux préparer sa ville contre les changements climatiques.
Cet été-là, 3000 résidences avaient été endommagées. L'ensemble des 13 000 résidents de High River avaient été évacués.
Les inondations étaient de plus en plus fréquentes dans certains de nos quartiers. Et, chaque fois, on dépensait beaucoup d'argent public pour nettoyer et reconstruire.

Le maire de High River, Craig Snodgrass.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
La Ville et la province ont donc décidé de passer à l'acte. Cent vingt-deux familles qui habitaient tout près de la rivière Highwood ont été expropriées. Les résidents ont reçu un chèque du gouvernement provincial, non pas pour reconstruire, mais pour déménager.
Quand je vois qu'à Calgary, même après les inondations, les promoteurs immobiliers reconstruisent sur le bord de l'eau, je me dis : "Il faut arrêter."
On oublie souvent une chose, estime-t-il : « Une rivière ou un cours d'eau a besoin, parfois, d'espace. »
Des résidents divisés

Jane Russell devant le terrain où était son ancienne maison.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
Jane Russell fait partie du groupe de sinistrés qui a dû se réinstaller ailleurs. Même si elle adorait son ancienne maison, elle a su, après l'évacuation, qu'elle ne pourrait plus jamais y vivre.
Tout le quartier ressemblait à une zone de guerre.
Pour elle, l'expropriation a été presque un soulagement. Elle avait finalement assez d'argent pour déménager.
Certains de ses voisins, par contre, ne voulaient pas partir. Ils se sont battus contre l'avis d'expropriation, mais, finalement, ils n'ont pas eu d'autre choix que de partir.
Une plus grande zone tampon

Cette colline de terre, recouverte de gazon, crée une plus grande séparation entre la rivière (à droite) et les terrains résidentiels (à gauche).
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
Pour mieux se protéger, la Ville a aussi construit une colline de terre, haute de plusieurs mètres, qui crée une zone tampon entre la rivière et les terrains résidentiels.
Le rempart n'est pas parfait, reconnaît le maire Snodgrass, mais il croit que High River est maintenant la communauté la mieux préparée du pays contre la montée des eaux.
Le coût total des rachats de maisons et des travaux s'élève à près de 400 millions de dollars.
Une occasion de se réinventer?

Après les inondations de 2013, la ville de High River a embelli son centre-ville. Les trottoirs sont dorénavant plus larges.
Photo : Radio-Canada / Emilio Avalos
À High River, les inondations de 2013 ont aussi donné un élan à la communauté, diront certains. Il fallait reconstruire le centre-ville, et la municipalité en a profité pour l'embellir.
Trottoirs plus larges, moins de places de stationnement, beaucoup plus d'arbres, de nouvelles façades : le quartier central de High River est maintenant beaucoup plus agréable pour de nombreux piétons.
Comme quoi, parfois, une catastrophe a aussi des conséquences positives.
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