Des ventes de maisons annulées en raison des inondations
La maison de Réal Forand et Louise Goyette, à Deux-Montagnes, devra vraisemblablement être démolie.
Photo : Radio-Canada / Francis Labbé
La crue de la rivière des Outaouais et du lac des Deux Montagnes a entraîné non seulement des dégâts, mais aussi l'annulation de transactions immobilières. Des acheteurs se désistent et certaines maisons, qui étaient vendues, devront plutôt être démolies.
Un texte de Francis Labbé
C'est le cas de la maison de Réal Forand et de son épouse, Louise Goyette. Les questions se bousculent pour ce couple à la retraite, qui devra se reloger quoi qu'il advienne.
« La maison, c'était mon fonds de pension », explique Mme Goyette. « Nous nous attendions à un gain assez substantiel, ajoute M. Forand. Est-ce que nous serons dédommagés? Est-ce que nous pourrons vendre le terrain? Nous cherchons des réponses. »
À quelques pas de là, toujours à Deux-Montagnes, Jean-Marc Prince et sa conjointe, Denise Maurice, vivent une situation semblable. « Nous devions passer chez le notaire aujourd'hui [le 15 mai], mais l'acheteur s'est désisté », explique Mme Maurice.
« Nous allons devoir conserver cette maison on ne sait combien de temps encore, ajoute-t-elle. Nous sommes coincés avec deux maisons. Nous devions déménager la semaine dernière. »
« Si notre maison n'a mis que deux semaines à se vendre, ce ne sera plus le cas. »
« Et en termes financiers, il y a le coût des travaux à refaire et il y a aussi la perte éventuelle de valeur de la maison. Nous craignons qu'elle subisse une dévaluation », ajoute Jean-Marc Prince. L'eau s'est infiltrée dans le sous-sol de leur résidence.
Impact immobilier à court terme
Selon Patrick Juanéda, président de la Fédération des chambres immobilières du Québec, un acheteur peut se désister d'une vente dans de telles circonstances.
« Le vendeur a l'obligation de livrer la maison dans l'état où elle était lorsque l'acheteur a fait son offre d'achat, explique M. Juanéda. Pour certains acheteurs, par contre, un sous-sol neuf pourra être un incitatif à maintenir la transaction. »
Selon lui, ces inondations auront probablement un impact à court terme sur le marché immobilier. « Lors des inondations dans la vallée du Richelieu, en 2011, on a vu un ralentissement dans le nombre de transactions, mais finalement ça n'a pas eu d'impact sur les prix directement », rappelle-t-il.
« Avec le temps, la mémoire oublie. On va regarder le beau côté enchanteur d'un bord de l'eau, avec raison. »
Un impact certain
Selon Martin Bigras, courtier immobilier à Saint-Eustache, la démolition de plusieurs maisons inondées aura un impact sur le marché immobilier dans les villes touchées, notamment à Deux-Montagnes.
« Certains promoteurs pourront être intéressés à acheter les maisons, les démolir et les remplacer par des immeubles à revenus. Aussi, le REM [ou Réseau électrique métropolitain, le projet de train de la Caisse de dépôt et placement du Québec] viendra contrecarrer la perte de valeur des propriétés », estime M. Bigras.
Chose certaine, selon lui, les inspections des propriétés dans les secteurs touchés par les inondations seront plus méticuleuses, notamment en ce qui concerne les moisissures.
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