Inondations : le retour à la normale sera long

Des sinistrés dans le secteur de Pointe-Gatineau le 8 mai 2017
Photo : Radio-Canada / Giacomo Panico
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le pire est atteint et la situation commencera bientôt à s'améliorer pour les résidents des quelque 170 municipalités aux prises avec des inondations, ont affirmé des ministres québécois, lundi. D'ici là, il leur faut continuer à se serrer les coudes, ont-ils dit. Un « sursaut d'esprit de communauté » que Philippe Couillard a qualifié d'« extraordinaire » et d'« admirable ».
Le premier ministre a donné l'exemple des résidents de Quyon, en Outaouais, qui se sont réunis pour construire la digue qui a sauvé leur village. « J'aimerais que tout le Québec voie ça! » a-t-il lancé.
« Il y a des élans de solidarité qu'on observe partout, dans toutes les régions du Québec, a aussi relaté le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux. Et, franchement, c'est rassurant et ça montre à quel point, quand on se retrousse les manches, on est capable de passer à travers. Et oui, on va être capable de passer à travers, même si ça va prendre encore quelque temps avant que la situation puisse revenir à la normale. »
On est en stabilisation. On a atteint les niveaux maximums [...] C’est donc dire que mercredi, on va commencer à sentir une amélioration graduelle de la situation, c’est-à-dire que le niveau de l’eau va baisser.
Le ministre Coiteux a précisé que Québec actualiserait ses prévisions pour la suite des choses à partir du moment où le niveau et le débit de l'eau auront baissé, afin d'établir « à quelle vitesse on va retourner à des situations d'inondations mineures et ensuite un retour graduel à une situation plus normale ».
En entrevue à Gravel le matin, le directeur des opérations de sécurité civile pour l'ensemble du Québec, Éric Houde, avait précédemment mentionné que la stabilisation du niveau des eaux s'effectuerait graduellement de l'ouest vers de l'est de la province. « Le monde ne verra pas quatre pieds d'eau partir en une heure », a-t-il fait valoir, mais « ils vont voir la progression arrêter ».
La Croix-Rouge a par ailleurs annoncé qu'elle mettait sur pied un fonds d'aide pour les sinistrés (Nouvelle fenêtre). Québec y injectera lui-même quelque 500 000 $, en plus d'assumer les coûts administratifs de l’opération, afin que tout l'argent aille directement aux sinistrés.
De son côté, le ministère de la Santé du Québec s'apprête à offrir de l'aide psychosociale aux sinistrés, qui sont fatigués physiquement et psychologiquement à cause de l'épreuve qu'ils traversent.
À l'Assemblée nationale, le gouvernement a décidé de suspendre les travaux parlementaires mardi en raison des inondations. Plus tôt en journée, le Parti québécois avait proposé que les travaux soient suspendus pour la semaine. C'est seulement la cinquième fois que les travaux sont annulés à l'Assemblée et la première fois en raison d'une catastrophe naturelle.
Le premier ministre canadien, qui se fait moins présent sur le terrain que les élus québécois, s'est rendu à Terrasse-Vaudreuil, dimanche. « J’étais très content de voir des familles en banlieue de Montréal, hier soir, de voir à quel point les communautés se rassemblent, beaucoup de bénévoles, les premiers répondants qui sont en train de travailler très fort. Je suis très content de voir la participation de l’armée canadienne à travers le pays. Il y a encore beaucoup de travail à faire et nos pensées sont avec toutes les familles », a-t-il déclaré lundi.
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Priorité à la sécurité des gens, dit Couillard
Le premier ministre Couillard a déclaré que son gouvernement chercherait d'abord et avant tout cette semaine à assurer la sécurité de tout un chacun.
« On va être là pour aider les bâtiments après – il y a des programmes qui existent et qui vont être [mis] à la disposition des gens –, mais ces jours-ci, la priorité, c’est la sécurité du monde », a-t-il dit.
Je comprends l’inquiétude et je dirais même l’impatience de la population. Si c’était ma maison, je prendrais ça de la même façon aussi [...] On est dans une situation difficile, mais on va passer au travers.
Des barrages utilisés efficacement
Le premier ministre avait également un message pour tous les gens qui s'interrogent sur la gestion des barrages : « Les autorités qui prennent ces décisions sont conscientes du fait que, quand tu ouvres le barrage, nécessairement tu augmentes le débit. Mais c’est probablement mieux ça que de voir le barrage déborder [...] Ça aurait des conséquences encore plus graves. »
S'exprimant aux côtés de son collègue Martin Coiteux, le ministre de l'Environnement, David Heurtel, a précisé pour sa part que le niveau d'eau du lac des Deux-Montagnes n'a augmenté que de cinq centimètres depuis dimanche, alors qu'il avait grimpé d'un mètre dans les cinq jours précédents.
Cette situation est notamment attribuable à la gestion des neuf barrages qui se trouvent dans le bassin versant de la rivière des Outaouais, a-t-il dit. Ces installations « contrôlent à peu près 40 % de l’ensemble de ce bassin versant » et sont gérées de manière à « ralentir le plus possible le débit de l’eau ».
Les barrages et les réservoirs, on les utilise à plein régime. On va jusqu’à la limite possible, tout en ne menaçant pas l’intégrité structurale de nos barrages et de nos réservoirs.
L'armée et la police aux aguets

Le brigadier général Hercule Gosselin a quant à lui mentionné que les Forces armées canadiennes avaient décidé de déployer lundi 300 soldats supplémentaires en, ce qui porterait à 1650 le nombre de militaires à être déployés sur le territoire du Québec pour prêter main-forte à la sécurité civile.
Selon lui, la synchronisation avec ces équipes se déroule bien. « Nous allons renforcer le corridor Rigaud-Gatineau; et [...] la région de Montréal-Laval a également été renforcée », a-t-il dit. Davantage de militaires seront aussi déployés en Mauricie, et une mission de reconnaissance doit avoir lieu lundi dans la région de Lanaudière.
L'armée participe au remplissage et à la distribution de sacs de sable pour les riverains en difficulté, effectue des patrouilles et contribue à surveiller des infrastructures avec d'autres partenaires. « Nous sommes en mesure de répondre à n’importe quelle demande qui pourrait venir, de sécurité civile », a résumé le brigadier général Gosselin.
Le ministre canadien de la Défense, Harjit Sajjan, a plus tard précisé que 12 embarcations de la réserve navale canadienne avaient été envoyées à quatre endroits au Québec, soit Saint-Jean-sur-Richelieu, Shawinigan, Laval et Gatineau.
De son côté, la Sûreté du Québec a annoncé que 200 policiers supplémentaires étaient déployés en raison des inondations. Elle a invité les Québécois à faire attention à leurs déplacements, en rappelant qu'un véhicule transportant un homme et un enfant de 2 ans a été emporté par la crue des eaux de la rivière Sainte-Anne.
L’état de la situation au Québec :
- 171 villes et municipalités sinistrées;
- 10 municipalités en état d’urgence (Deux-Montagnes, Gracefield, Île-Cadieux, Laval, Mandsfield-et-Pontefract, Montréal, Pincourt, Pontiac, Saint-Eustache et Terrasse-Vaudreuil);
- 2733 résidences sont inondées par la crue des eaux;
- 1940 personnes ont évacué leur résidence;
- 486 routes sont touchées par la crue des eaux au Québec.
Source : Urgence Québec
Montréal pourrait prolonger l'état d'urgence
À Montréal, où plus de 200 résidences ont été évacuées, le maire Denis Coderre a expliqué lundi que le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies ont atteint leur niveau maximal, selon les experts en hydrographie, et que les eaux devraient commencer à se résorber lentement à partir de mardi.
Il a néanmoins annoncé qu'il demandera mardi au conseil municipal de prolonger l'état d'urgence de cinq jours (Nouvelle fenêtre) pour les arrondissements d'Ahuntsic-Cartierville, de Pierrefonds-Roxboro, de L'Île-Bizard–Sainte-Geneviève, ainsi que dans la ville de Sainte-Anne-de-Bellevue et dans le village de Senneville.
Des résidences ont été inondées sur l'île Bizard et sur l'île Mercier, qui a été évacuée samedi, ainsi que dans Pierrefonds et Ahuntsic-Cartierville. Pas moins de 226 résidences de la métropole ont été évacuées au cours de la fin de semaine. Quelque 80 patients du pavillon psychiatrique Albert-Prévost de l'Hôpital du Sacré-Coeur ont dû être déplacés en raison d’un refoulement d’égouts.
Deux-Montagnes s'est ajoutée lundi à la liste des municipalités qui ont décrété l'état d'urgence.
À Saint-André-d’Argenteuil, au nord de Montréal, la situation s’est détériorée au cours du week-end, après que le niveau de l’eau eut grimpé de 50 cm. Un ordre d’évacuation a été donné pour plus de 230 résidences, dont une soixantaine sont toujours occupées.
En Montérégie, la ville de Rigaud est la plus touchée. Le maire Hans Gruenwald a décrété l’évacuation obligatoire de certains résidents dimanche. Hudson et Pincourt ont également décrété l'état d'urgence et plus d'une dizaine d'autres municipalités sont aussi sur le qui-vive.

Des propriétaires riverains à Gatineau, la famille Chouinard, ont eu l’aide de nombreux bénévoles provenant de partout dans la ville pour construire une digue près de leur demeure et ce, grâce aux réseaux sociaux, entre autres.
Photo : Radio-Canada / Gracieuseté
Situation préoccupante à Gatineau
En Outaouais, une quinzaine de localités ont subi des inondations, mais la situation est particulièrement préoccupante à Gatineau et à Pontiac (Nouvelle fenêtre). Des centaines de résidences ont été inondées et les évacuations sont nombreuses. Des chalets ont aussi été endommagés. Mansfield-et-Pontrefact, Maniwaki, L’Isle-aux-Allumettes et Bristol n’ont pas non plus été épargnées.
L'autoroute 50, l'un des plus grands axes routiers de la région, qui relie le secteur de Gatineau à celui de Hull et à la ville d'Ottawa, est encore fermée lundi, les travaux de rehaussement de la chaussée n'ayant pas donné les résultats escomptés.
Les immeubles fédéraux, provinciaux et municipaux de Gatineau étaient aussi fermés (Nouvelle fenêtre) lundi, en raison des problèmes de circulation causés par les inondations. Il en allait de même pour de nombreuses écoles.
En Mauricie, plus de 300 maisons sont « touchées ou inondées dans une vingtaine de municipalités », selon la sécurité civile.
Dans l’est du Québec, quelques municipalités du Bas-Saint-Laurent commencent à subir les conséquences de la crue des eaux, mais la Gaspésie est davantage touchée.
Le Saguenay–Lac-Saint-Jean, l’Abitibi-Témiscamingue, la Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, la Côte-Nord et l’Estrie doivent aussi être attentifs à la situation à proximité des cours d’eau.