Les Soldats d'Odin, un groupe d’extrême droite, en pleines luttes intestines

Des membres du groupe Soldats d'Odin patrouillent dans le quartier Saint-Roch.
Photo : CBC / Jonathan Montpetit
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les Soldats d'Odin, un groupe d'extrême droite qui a rapidement pris de l'ampleur au Canada, vivent actuellement des querelles internes. Les membres de la branche canadienne ne s'entendent pas sur le fait de suivre ou non la ligne dure prônée par les chefs européens du groupe, qui sont en Finlande.
Le chef des Soldats d’Odin Canada, Bill Daniels, a qualifié l’organisation mère de « raciste, désorganisée [et remplie] d’aspirants voyous irréfléchis », la semaine dernière.
Dans un message Facebook daté du 25 avril, M. Daniels accuse les dirigeants finlandais de se concentrer de manière excessive sur les patrouilles de rues au lieu de faire du travail bénévole au sein de la communauté.
« Leur croyance ridicule dans le racisme a toujours été un grand problème pour nous au Canada, puisque nous ne soutenons pas ou ne partageons pas leur opinion sur la race », peut-on lire dans son message.
Bien que le chef canadien veuille continuer à diriger les Soldats d’Odin de manière indépendante dans le pays, la direction finlandaise du groupe l’a mis en garde contre toute utilisation du nom ou de l’emblème.
« Bill Daniels n’est plus le chef pour le Canada et n’est plus membre des Soldats d’Odin », a répliqué le groupe sur Facebook.
Les Soldats d’Odin sont nés en 2015 en Finlande. Son fondateur, un suprémaciste blanc assumé, Mika Ranta, se dit inquiet de l'arrivée massive de réfugiés en Europe. L'homme de 29 ans, qui entretient des liens connus avec un groupe néonazi, a été condamné en 2005 pour un crime haineux.
M. Daniels n’est pas le premier membre du groupe à exprimer des réserves sur la direction prise par l’organisation mère.
Celui qui dirigeait la branche québécoise, Dave Tregget, a quitté le groupe en décembre dernier, arguant que la ligne dure des Soldats d’Odin contre l’immigration empêchait sa croissance dans un Canada multiculturel.
M. Tregget a depuis fondé une nouvelle organisation, Storm Alliance, qui est composée d’anciens membres insatisfaits des Soldats d’Odin. Des factions dissidentes ont aussi vu le jour en Alberta et en Saskatchewan.
Katy Latulippe, qui a succédé à Dave Tregget à la tête de la branche québécoise, reste fidèle à la direction du groupe finlandais et affirme que d’autres branches provinciales continuent à respecter le leadership des dirigeants européens. Elle accuse son prédécesseur d'avoir tenté de centraliser le pouvoir et de l’évincer.
Mme Latulippe affirme que Dave Tregget a passé un an en tant que chef à clamer que le groupe finlandais n’était pas raciste. Pour elle, le fait qu'il ait changé d'idée du jour au lendemain, « ça ne tient pas la route ».
L’argent pourrait aussi être un facteur de tensions. Le responsable des relations publiques des Soldats d'Odin Canada, Mike Montague, a écrit sur Facebook, le 27 avril, que les dirigeants en Finlande voulaient que le groupe canadien impose des droits de cotisation aux membres.
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Les Soldats d’Odin sont présents dans une dizaine de villes canadiennes, dont Québec, Vancouver et Regina, où ils suivent l’exemple de leurs mentors du Vieux-Continent en organisant des patrouilles de rues.
Des groupes de musulmans ont fait savoir qu’ils trouvaient ces patrouilles intimidantes. Par ailleurs, de nombreux hommes politiques municipaux s’y opposent.
Des altercations répétées ont eu lieu entre les Soldats d’Odin et des militants contre le racisme, dont des épisodes récents à Toronto et à Vancouver.
Avec les informations de CBC