L’Ontario équilibre son budget et couvrira les médicaments pour les jeunes

Charles Sousa, ministre des Finances de l'Ontario
Photo : Radio-Canada / Michel Bolduc
Après neuf années de déficit, l'Ontario sort du rouge, comme l'avait promis le gouvernement, qui investit également des milliards de dollars en santé et en éducation, à un an des prochaines élections.
Un texte de Michel Bolduc; infographies de Vincent Wallon
Faits saillants du budget 2017-2018 :
- Médicaments gratuits pour les jeunes (moins de 25 ans)
- 7 milliards de plus sur trois ans pour la santé
- 6,4 milliards de plus sur trois ans pour l’éducation
- Hausse immédiate de 2 $/cartouche de la taxe sur le tabac
- Permet à Toronto d’imposer une taxe hôtelière, s’appliquant à Airbnb
- Baisse de 17 % des factures d’électricité + taxe sur les acheteurs étrangers de maisons (déjà annoncé)
Priorité : santé
La grande surprise du budget ontarien de plus de 141 milliards de dollars est la création d’un programme de gratuité des médicaments d'ordonnance pour les jeunes.
Ce programme sera le premier en son genre au Canada.
Détails du programme :
- Lancement le 1er janvier
- Pas de franchise
- Pas de quote-part
- Tous les enfants et les jeunes adultes seront couverts, quel que soit leur revenu ou celui de leurs parents.
- Coût : 465 millions/an
Le gouvernement libéral annonce ce qu'il qualifie d'assurance-santé Plus, alors que le NPD promettait récemment d’établir un programme d’assurance médicaments universel, s’il prend le pouvoir en juin 2018.
Les libéraux, au pouvoir depuis 14 ans, tirent actuellement de l’arrière sur les conservateurs et les néo-démocrates dans les sondages, qui indiquent également que Kathleen Wynne est la première ministre la moins populaire au Canada.
En santé, le gouvernement ontarien réinvestit également dans les hôpitaux (518 M$) et la réduction des temps d’attente (890 M$ sur 3 ans).
Déficit et privatisation
Le ministre des Finances tient parole et équilibre le budget cette année. La nouvelle plaira aux électeurs si l’on se fie aux sondages, souligne la professeure Geneviève Tellier de l’Université d’Ottawa.
Il s’agit toutefois d’un « équilibre précaire », qui ne tient qu’à un fonds de réserve de 600 millions, ajoute la politologue.
Pour sortir du rouge, le gouvernement dépend également de :
- La vente de quotas d’émissions du marché du carbone (1,78 G$).
- La privatisation d’actifs (3 G$), dont la vente impopulaire de plus d’actions du distributeur d’électricité Hydro One.
L’effet Trump
Le gouvernement ontarien prévoit un taux de croissance moyen de 2,1 % annuellement de 2017 à 2020, soit légèrement plus que la moyenne canadienne (1,9 %).
Toutefois, selon le professeur d’économie Jean-Paul Lam de l’Université de Waterloo, les libéraux pourraient rater leur cible si des facteurs extérieurs, comme une surtaxe américaine sur les importations ou une réduction significative du taux d'imposition des sociétés aux États-Unis, viennent brouiller les cartes.
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Par ailleurs, la dette de l’Ontario continuera à augmenter cette année, atteignant 311 milliards. Les intérêts sur la dette coûteront plus de 11,5 milliards aux contribuables en 2017-2018.
Le gouvernement se défend en disant que le ratio de la dette par rapport au PIB est à la baisse.
Réactions
De son côté, le chef de l’opposition conservatrice, Patrick Brown, accuse les libéraux de « manipuler » les chiffres pour en arriver à un budget équilibré. Selon lui, le gouvernement a en fait un déficit d’exploitation de 5 milliards, notamment parce que la vente d’actifs comme Hydro One prive la province de redevances.
C’est sans parler, dit-il, de la dette, qui a doublé depuis que les libéraux ont pris le pouvoir.
« Leur plan dispendieux pour l’électricité ne s’attaque pas aux racines du problème », ajoute Patrick Brown.
Pour sa part, la chef néo-démocrate, Andrea Horwath, affirme que la première ministre Wynne « ne comprend pas les besoins des Ontariens ».
Selon elle, le nouveau programme libéral d’assurance médicaments pour les jeunes a l’air « improvisé », comparativement à la proposition du NPD. Mme Horwath souligne que le tiers des Ontariens n’ont pas une assurance privée.
Projets non financés
- Le budget mentionne le projet d'université franco-ontarienne, mais n'accorde pas de financement à cet effet.
- Même chose pour les projets de nouvelle ligne de métro au centre-ville de Toronto et de prolongement vers le nord de la ligne de métro Yonge.
- Le budget ne contient pas d'argent neuf pour le logement social à Toronto, une situation dénoncée par le maire John Tory.