La parole aux artistes autochtones
Réflexions de Dominique Normand
Photo : Tiré de TicArtToc #8
Artistes et penseurs autochtones remplissent les pages du huitième numéro de TicArtToc, une revue consacrée à « la diversité dans les arts et la culture à Montréal », lancée cette semaine par * Diversité artistique Montréal (DAM).
Un texte d'Anne-Marie Yvon, d'Espaces autochtones
S’ils font partie de la diversité québécoise, ce ne sont pas des artistes issus de la diversité. Par contre, comme ces derniers, les artistes autochtones font face à divers obstacles, le premier étant leur invisibilité médiatique particulièrement.
Bien au fait de cette réalité, le rédacteur en chef du magazine, Jérôme Pruneau, a voulu leur donner l’espace nécessaire pour se faire voir et entendre.
Avec Nadine St-Louis, la fondatrice et directrice générale des Productions Feux Sacrés, il a réuni des artistes plus et moins connus, « mais ô combien porteurs de sens, de traditions, mais aussi d’une modernité et d’une contemporanéité qui incarnent une identité de la survivance. »
Le temps de l’unification
Selon une prophétie Anishinabe des 7 Feux, nous en sommes à la septième génération autochtone depuis l’instauration de la Loi sur les Indiens; c’est cette génération qui a le pouvoir d’allumer le 8e feu, celui qui permettra à tous de vivre dans l’égalité et le respect.
Le 8e feu, c’est le titre de cette édition, qui, comme l’exprime Jérôme Pruneau, « ose dire des choses sans rien s’interdire. » Outre des réflexions bien senties abordant la reconstruction culturelle ou l’affirmation identitaire, il y est question d’art comme moyen de guérison, de diverses trajectoires artistiques, dont celle de Sipi Flamand, un artiste pluridisciplinaire qui se penche sur l’art du perlage qui est, selon lui, « un bon moyen pour pouvoir nous affirmer en tant qu’Atikamekw-Nehirowisiw et en tant que membres des Premières Nations », et de portraits d’artistes.
À consulter également:
8e Feu: Les Autochtones et le Canada, le sentier de l'avenir
Charles Bender fait partie de ces voix autochtones qui résonnent plus fort que bien d’autres. Acteur et animateur reconnu, il souhaite ne pas être un des rares membres des Premières Nations à occuper les scènes au Québec. Il signe un texte intitulé : De la nécessité d’encourager la reconnaissance de la culture autochtone, dans lequel il insiste sur le besoin de « défendre une culture qui n’existe nulle part ailleurs et qui cherche à survivre. »
Selon lui, il faut que les populations se rencontrent et travaillent ensemble, il faut que les Premières Nations soient invitées aux événements qui sont produits autant à Montréal qu’en région. Dans sa logique, si l’on prend en considération la diversité existante en région, déjà représentée par la cohabitation entre Autochtones et non-Autochtones, on ouvre la porte à une plus large diversité.
On ne peut que gagner en créant ces ponts-là, en travaillant ensemble, en se donnant des opportunités les uns les autres.
*DAM est un organisme indépendant voué à la promotion de la diversité ethnoculturelle dans les arts.