Mort de Michel Dallaire: le départ d'un grand ami et mentor

Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les amis et la grande famille artistique et culturelle du nord de l'Ontario du poète Michel Dallaire sont sous le choc, au lendemain de sa mort. Tous se remémorent un ami sincère, un artiste talentueux, et un mentor très généreux à l'endroit de la nouvelle génération de poètes.
L'auteur natif de Hawkesbury a été retrouvé sans vie dans sa résidence de Sudbury, sa ville d'adoption depuis 40 ans.
J'ai été estomaquée hier quand j'ai appris la nouvelle. Je ne le croyais pas. Aujourd'hui, je regarde les photos entre deux kleenex et deux larmes, et je ne le crois toujours pas.

Chuck Labelle était un fidèle ami de Michel Dallaire.
Photo : Radio-Canada
Parolier
C'est l'équipe du Matin du Nord qui a eu la douloureuse tâche d'annoncer le décès de Michel Dallaire au chanteur Jean-Guy "Chuck" Labelle.
Le poète a publié une quinzaine de livres, mais il s'est aussi illustré comme auteur de nombreuses chansons.
Les deux artistes ont eu l'occasion de travailler ensemble à de nombreuses reprises.
Leur collaboration a été un moment décisif dans la carrière du chanteur country.
Chuck Labelle l'avoue: il était un bon musicien, mais il était à la recherche d'un parolier de talent pour mettre en valeur sa musique.
C'était la simplicité dans la complicité. Il avait une façon de mettre une image qui te restait dans la tête, sans être difficile pour un artiste comme moi à interpréter.
« Il y aura toujours de l'amour », écrite par Michel Dallaire et gravée sur le premier disque du chanteur country, demeure une des chansons préférées de Chuck Labelle.
Il se rappelle du moment où les deux amis l'ont composé, chacun au bout de son téléphone.
Plusieurs chansons ont aussi été écrites à quatre mains, autour d'un feu de camp, été comme hiver.
C'est un héros de l'ombre. Il vivait dans les coulisses, derrière la scène, et qui m'a permis de vraiment briller sur la scène, et de passer ses messages à travers nos chansons.
Mentor
En plus de savoir se servir de sa plume, Michel Dallaire a aussi permis à plusieurs jeunes poètes de s'épanouir en devenant un mentor pour eux.
Sur sa page Facebook, Daniel Groleau Landry a rappelé qu'il était présent au Théâtre du Nouvel-Ontario, lors de sa première lecture de poésie publique, quand il avait 14 ans.
Même son de cloche chez Daniel Aubin, auteur et poète sudburois.
Il se souvient avoir fait la connaissance de Michel Dallaire lors de ses études en théâtre à l'Université Laurentienne, au début des années 2000.
Le défunt poète l'a grandement encouragé à poursuivre une carrière artistique.
C'est beaucoup grâce à Michel si j'ai pu pondre mon premier manuscrit. J'étais un p'tit cul, avec peu d'expérience, peut-être une soixantaine de textes à mon actif. Michel étant un professionnel, j'étais un peu gêné. Je n'osais pas lui présenter mes textes. Mais il m'a donné son adresse courriel et m'a dit de lui écrire.

Le deuxième recueil de poésie de Daniel Aubin, Néologirouettes
Après avoir surmonté sa gêne, il lui a effectivement envoyé quelques textes.
Michel Dallaire lui a répondu en « coupant » la moitié des textes!
C'était un éditeur qui ne lançait pas juste des fleurs. Il nous disait qu'il y avait du travail à faire, mais il expliquait bien les choix et les propositions qu'il faisait. Il était là pour nous aider à développer un sens critique et un sens de l'édition.

Stefan Psenak, directeur général de Vision centre-ville.
Photo : Radio-Canada
Ami
Stefan Psenak a connu Michel Dallaire lors du Salon du livre de l'Outaouais en 1992.
Il a surtout noué une solide amitié avec lui lorsqu'il, est venu travailler au Théâtre du Nouvel-Ontario, en 1994.
La mort de son ami, dit-il, lui a « scié les jambes ».
Même la semaine dernière, ils se parlaient de voyage...
C'est quelqu'un de qui j'ai beaucoup appris. Il écrivait pour les bonnes raisons. Il a gagné sa vie avec son écriture, parce qu'à l’extérieur de ses livres, il était un rédacteur et traducteur hors pair. Il était discret, mais quelqu'un de vrai, qui n'écrivait pas pour les prix pour la gloire.
Stefan Psenak estime que la mort de son ami Michel Dallaire est une immense perte.
Les deux auteurs ont commencé leur carrière d'écrivain en même temps, à l'âge de 24 ans.
Il considère que la carrière de Michel Dallaire, échelonné sur 35 ans, s'est construite « avec beaucoup de brio, loin du paradigme identitaire. »
La famille indique que les détails des obsèques seront communiqués plus tard.