Les Canadiens célèbrent à Ottawa le centenaire de la bataille de Vimy
Le monument commémoratif de la guerre à Ottawa éclairé par des projections et des bougies, à l'occasion de l'anniversaire de la bataille de Vimy.
Photo : Radio-Canada / Roxane Léouzon
Des centaines de personnes se sont recueillies samedi soir devant le monument commémoratif de la guerre à Ottawa pour souligner le centième anniversaire de la bataille de la crête de Vimy, en France, l'un des moments les plus importants de l'histoire militaire canadienne.
La cérémonie a commencé vers 19 h 30, avec des discours et de la musique. Des soldats des Forces armées canadiennes ont ensuite allumé 3598 bougies sur le socle du monument, en hommage aux Canadiens qui ont perdu la vie lors de la bataille.
Les citoyens ont aussi été invités à déposer des bougies, un geste que des gens de tous âges et de toutes origines ont effectué au son de la musique, puis dans le silence.
Jim Mount était sur place avec son frère et son fils. « Notre père était là, à Vimy, et c’était il y a cent ans. C’est spécial. C'est très émouvant d'être ici », a-t-il témoigné.
La famille Mount n'était pas la seule à être présente à la mémoire d'une personne en particulier.
À la commémoration de la bataille de #Vimy à #Ottawa, plusieurs personnes honorent la mémoire d'un proche. pic.twitter.com/eQYPWou59n
— Roxane Leouzon (@roxleouz) 9 avril 2017
De jeunes touristes français ont aussi assisté à la commémoration. Ils ont dit être là par devoir de mémoire.
Des touristes français ont assisté à la commémoration de la bataille de Vimy à #Ottawa #Vimy100 pic.twitter.com/PwTGQLT6bR
— Roxane Leouzon (@roxleouz) 9 avril 2017
Des images d'archives de guerre ont ensuite été diffusées sur le mur du monument jusqu'à minuit.
Autres célébrations dimanche
Dimanche, une grande cérémonie pour marquer ce centième anniversaire commencera à 8 h 30.
En raison des célébrations, les automobilistes devront composer avec des fermetures de route au coeur de la capitale nationale.
D'un océan à l'autre, une soixantaine d'activités sont prévues pour rendre hommage aux milliers de Canadiens qui ont participé à cette bataille de la Première Guerre mondiale.
De Charlottetown à Vancouver, en passant par Winnipeg et Regina, des défilés, des cérémonies de levée du drapeau et des commémorations sont aussi prévues dimanche, de même que dans de nombreuses autres grandes villes du pays.
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Le premier ministre Trudeau arrive en France
Le premier ministre Justin Trudeau est pour sa part arrivé en France pour participer aux commémorations qui y auront lieu dimanche.
Quelque 250 000 Canadiens se joindront à M. Trudeau et à d'autres dignitaires, alors qu'ils se recueilleront au Mémorial national du Canada à Vimy, à l'occasion du centième anniversaire du début de la célèbre bataille.
De nombreux autres regarderont la cérémonie qui sera retransmise à la télévision et à la radio.
L'événement de deux heures comprendra des prestations théâtrales et musicales offertes par des artistes, dont les chanteuses québécoises Isabelle Boulay et Coeur de pirate.
Le président français François Hollande et le prince Charles prononceront également des discours.
Plus tôt dans la journée, M. Trudeau participera à un dîner de travail avec le président Hollande à Hôtel de la préfecture du Pas-de-Calais, à Arras, tout près de Vimy. M. Trudeau et son épouse, Sophie Grégoire-Trudeau, visiteront ensuite le Centre d'accueil et d'éducation de Vimy, ainsi que les tranchées et les tunnels sur le site.
Un héritage de 100 ans
La bataille de la crête de Vimy est un moment marquant de l'histoire militaire canadienne.
Les Canadiens ont vaincu leurs adversaires, là où leurs alliés n'y étaient pas parvenus. Personne ne s'attendait à ce qu'ils réalisent cet exploit, rappelle le professeur d'histoire à l'Université du Québec en Outaouias (UQO), Martin Laberge.
Vimy a incarné à elle seule l'expérience de la Grande Guerre. Aux sorties de la guerre, le Canada a acquis une certaine autonomie à l'intérieur de l'empire [britannique].
Le professeur d'histoire à l'UQO, Martin Laberge, explique qu'il s'agit d'une des premières victoires pour les Forces armées canadiennes. pic.twitter.com/6gyBQEUtjh
— Jérôme Bergeron (@Jerome_Bergeron) 8 avril 2017
Martin Laberge explique que c’est surtout avec du recul, à la suite de la Première Guerre mondiale, que l’importance de cette bataille a pris tout son sens.
Vimy dans le paysage français...
Le Mémorial national du Canada à Vimy, en France, dans le Pas-de-Calais, est l’un des symboles les plus connus du sacrifice des soldats canadiens lors de la Première Guerre mondiale. Sur les 66 000 soldats que comptait le corps expéditionnaire canadien, plus de 10 000 ont été portés disparus.
Leurs noms ont d’ailleurs été inscrits sur le monument, qui culmine à une quarantaine de mètres. C’est le plus important monument canadien aux victimes de la Première Guerre mondiale.
« Le monument est connu dans la région. Il y a des Canadiens qui ont visité le monument, beaucoup de Britanniques qui vont visiter les champs de bataille », rappelle Martin Laberge. « Mais il y a beaucoup de Français aussi qui le visitent, parce que c’est très beau. C’est un site très intéressant qui attire l’attention dans toute la région. Quand vous vous déplacez, vous le voyez d’un peu partout. »
Pour bien des Canadiens, Vimy incarne l’ensemble de l’expérience canadienne de la Grande Guerre.
... et canadien
Au Canada aussi, on retrouve pas moins d’une vingtaine de lacs, de montagnes ou de localités qui ont été baptisés du nom de Vimy (Nouvelle fenêtre).
Ce sont autant de témoignages en sol canadien de cette bataille, sans compter les dizaines de parcs, d’artères ou d'ouvrages qui portent ce nom dans chaque province.
Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls souvenirs de cette époque qui subsistent au pays, selon Martin Laberge.
« Aujourd’hui, on focalise sur Vimy, mais on a des traces de la Grande Guerre, des traces géographiques. On a des rues qui s’appellent Courcelette, une bataille de 1916 », explique-t-il. « Par exemple, les gens qui font du ski, au mont Saint-Sauveur, il y a une piste qui s’appelle "la Côte 70". Cette piste-là, c’est en l’honneur d’une bataille qui a suivi Vimy de quelques semaines. »
Avec les informations de Jérôme Bergeron, André Dalencour et Roxane Léouzon