Un ex-sympathisant djihadiste de 17 ans en voie de tourner le dos à la radicalisation

Chambre de la jeunesse de la Cour du Québec
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Un jeune Montréalais arrêté en octobre 2014 et reconnu coupable d'avoir voulu quitter le Canada afin de participer aux activités d'un groupe terroriste à l'étranger a fait des progrès encourageants, même s'il reste encore du travail à faire, selon une représentante des centres jeunesse qui témoignait devant le tribunal jeudi.
Un texte de Geneviève Garon
« Quand il est arrivé, il n'écoutait pas de musique parce que l'EI [groupe armé État islamique] disait que ce n'était pas bon », s’est souvenue la déléguée jeunesse Diane Lorens.
À l'automne 2014, l'adolescent* venait tout juste d'être arrêté après avoir tout fait pour rejoindre l’EI en Syrie. À 15 ans, il avait même volé un dépanneur, armé d'un couteau, pour se payer un billet d'avion.
Après deux ans et demi de garde fermée, l'adolescent de 17 ans, bientôt 18, a beaucoup évolué et n'a plus le même regard buté que lors de son procès. Avec son pantalon beige, son chandail de type polo et ses chaussures de sport bleu électrique, il ressemble à n'importe quel adolescent. Sauf que, dans son cas, le chemin vers la « normalité » est un combat quotidien.

La déléguée jeunesse Diane Lorens
Photo : Radio-Canada
Le tribunal réévalue sa peine
En avril 2016, il a été condamné à une peine de trois ans. En vertu de la Loi sur le système de justice pénal pour adolescents (LSJPA), il a droit à une révision de sa peine pour vérifier son cheminement. La déléguée jeunesse Diane Lorens a donc fait le bilan, jeudi, de son évolution en garde fermée.
Lors de son arrivée à l'automne 2014, « il était très, très, très fermé, radicalisé et avait des idées arrêtées. Avec le temps, graduellement, il s'est ouvert », a expliqué Mme Lorens.
L'adolescent serait beaucoup moins isolé et son jugement serait beaucoup plus nuancé. Il aime la musique, s'entend bien avec ses parents et suit des cours au cégep, où il aurait de bonnes notes.
« Il a encore certains schèmes, mais beaucoup moins qu'à l'origine », soutient Diane Lorens, qui croit que le jeune est sur la bonne voie, même s'il a encore du travail à faire.
Il continue d'avoir un soutien psychologique intensif.
Son père assure qu'il ne se radicalisera plus
Le jeune Montréalais n'a pas voulu s'adresser à la cour, mais son père s'est fait rassurant. « Je peux dire avec certitude que mon fils n'est plus radicalisé et ne le sera plus. J'ai des preuves », a-t-il dit.
Il affirme que son fils regrette ses gestes et qu'il suit attentivement les conseils de ses parents. « Les sujets de la religion ne l'intéressent plus, je l'ai testé », a-t-il ajouté.
Rappelons que c'est son père qui l'avait dénoncé aux autorités en 2014, lorsqu'il avait retrouvé le couteau et le butin du vol.
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Bientôt de retour chez lui
Dès la mi-août, l'adolescent pourra retourner vivre chez ses parents, sous étroite surveillance. À la moindre incartade, il pourrait être ramené en garde fermée.
Jusqu'à maintenant, ses sorties se sont déroulées sans heurts, selon Diane Lorens.
Les procureures Sandra Gill et Lyne Décarie, de même que l'avocat de l'adolescent, Tiago Murias, étaient tous d'accord pour poursuivre l’application de la peine, comme prévu.

L'avocat Tiago Murias et la procureure Lyne Décarie
Photo : Radio-Canada / Geneviève Garon
Une première dans les centres jeunesse
C'est la première fois que les centres jeunesse doivent prendre en main la déradicalisation d'un de leurs protégés. Le cheminement de ce jeune Montréalais servira de « cas école ».
« Il faut souligner le travail des centres jeunesse [...] Ils ont pris des mesures spécifiques et accompli un travail différent et nouveau », a conclu Me Murias.
*L'identité de l'adolescent est protégée puisqu'il est jugé en vertu de la LSJPA.