Washington durcit le ton après l'attaque chimique en Syrie

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, exhibe des photos des victimes de l'attaque chimique présumée de Khan Cheikhoun, en Syrie, lors des débats entourant le projet de résolution condamnant le régime syrien.
Photo : Getty Images / Thimoty A. Clary
L'attaque chimique qui aurait été commise par le régime syrien provoque un nouveau bras de fer entre l'Occident et la Russie au Conseil de sécurité de l'ONU.
Les États-Unis ont eu des propos très durs, prévenant que les États devaient prendre leurs responsabilités quand les Nations unies échouaient à agir collectivement.
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La vision de Trump a « beaucoup changé »
Le président des États-Unis, Donald Trump, a déclaré que l'attaque chimique - qui a fait 86 morts, dont 30 enfants et 20 femmes – représentait une « insulte à l'humanité qui ne peut pas être tolérée ».
Il a ensuite ajouté que l'attaque lancée mardi contre une ville contrôlée par les rebelles dans le nord de la Syrie « franchit plusieurs, plusieurs lignes » et que sa vision du régime Al-Assad avait par conséquent « beaucoup changé. »
Il a martelé que ces « actes odieux par le régime d'Assad ne peuvent pas être tolérés », sans toutefois indiquer ce qu'il comptait faire.
Pour sa part, le chef de la diplomatie, Rex Tillerson, qui doit se rendre à Moscou le 11 avril, a mis en garde la Russie quant à son soutien indéfectible au régime syrien.
« Inacceptable », dit Moscou
Réuni d’urgence pour traiter l’attaque chimique présumée survenue mardi, le Conseil de sécurité s’est buté à une fin de non-recevoir de la part de Moscou, allié du régime de Bachar Al-Assad. La Russie a qualifié le projet de résolution d’« inacceptable ».
Le vote a donc été repoussé à jeudi, afin de laisser du temps aux Occidentaux pour négocier avec la Russie.
La résolution de la discorde
Le projet de résolution réclame du gouvernement syrien qu'il fournisse aux enquêteurs internationaux les plans et registres de vols de son aviation et les noms des chefs d'escadrons de ses hélicoptères, et qu'il laisse les enquêteurs de l'ONU accéder aux bases aériennes d'où aurait pu être menée l'attaque chimique.
La résolution demande également au secrétaire général de l’ONU de produire un rapport mensuel sur l’état de la coopération du gouvernement syrien à l’enquête sur l’usage d’armes chimiques en Syrie.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a dit avoir bon espoir que le Conseil « prendra ses responsabilités » en adoptant une résolution sur l’attaque. « Il nous faut une enquête claire pour lever tous les doutes, et il faudra rendre des comptes sur cette base », a-t-il ajouté.
L'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre, a indiqué que les négociations se déroulaient dans un bon état d'esprit et qu'il espérait un vote le plus rapidement possible, peut-être même dès jeudi.
Cependant, d'autres diplomates ont paru plus pessimistes, prédisant un nouveau veto russe.
Chrystia Freeland soutient la résolution
Le Canada exhorte les pays qui siègent au Conseil de sécurité des Nations unies à appuyer la résolution condamnant l'attaque en Syrie.
La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a dit qu'elle avait envoyé un message très clair à ce sujet un peu plus tôt, lors de la conférence sur la Syrie à Bruxelles, « en présence d'un représentant de la Russie ».
Elle a plaidé qu'il était « absolument essentiel qu'une enquête méticuleuse et claire soit menée sur cette attaque, et que ceux qui ont perpétré cet acte répréhensible en soient tenus responsables ».
Au Conseil de sécurité, la France a appelé la Russie à exercer l'influence dont elle dispose sur le régime Assad et a exhorté les États-Unis à s'impliquer sérieusement afin de trouver une issue politique au conflit.
« Nous parlons de crimes de guerre », a dit l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre.
L'ambassadeur britannique Matthew Rycroft a interpellé le représentant russe
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L'attaque la plus meurtrière depuis 2013
Cette exposition à des armes chimiques, dont la réalité n'est pas démentie par Damas et Moscou, est la plus meurtrière en Syrie depuis le bombardement au gaz sarin qui a fait plusieurs centaines de morts dans la région de la Ghouta, près de Damas, en 2013.
Les États-Unis avaient été sur le point de riposter militairement avant que Barack Obama n'y renonce.
Des témoins
La coalition nationale, une composante de l'opposition syrienne, a attribué l’attaque chimique au « régime du criminel Bachar ».
Et le commandant de l'Armée libre d'Idlib, Hassan Hadj Ali, affirme que l’attaque ne ciblait aucune position militaire rebelle. « Tout le monde a vu l'avion quand il a largué les gaz », a-t-il déclaré à Reuters.
« De même, tous les civils de la zone savent qu'il n'y a aucune position militaire ici, ni emplacement de fabrication [d'armes]. Les différentes composantes de l'opposition ne sont pas capables de produire ces substances », a-t-il ajouté.
Moscou à la défense de Damas
La Russie soutient qu’un bombardement de l’armée syrienne a touché un entrepôt d’armes chimiques des rebelles, ce qui a provoqué la diffusion dans l’air de gaz toxiques.
« Sur l'emplacement du dépôt, il y avait des ateliers de fabrication d'armes chimiques », a déclaré le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Igor Konachenkov.
Des symptômes révélateurs
Selon des médecins qui ont traité des patients après le raid aérien, les symptômes observés s’apparentent à ceux que l'on attribue à des victimes d’une attaque chimique.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirme que les symptômes observés sur les victimes sont compatibles avec une exposition à des produits chimiques de la catégorie des agents neurotoxiques.
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Le gouvernement américain a déjà indiqué que l'agent chimique utilisé était du gaz sarin.