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Deux femmes autochtones intentent une poursuite pour des abus dans une école catholique

Croix au sommet d'une église

Croix au sommet d'une église

Photo : iStock

Radio-Canada

Deux femmes autochtones affirment avoir été agressées sexuellement à plusieurs reprises par des membres du clergé d'une école catholique au Manitoba, qu'elles ont été forcées de fréquenter. Elles intentent une poursuite contre l'archidiocèse de Saint-Boniface, la province du Manitoba, deux hommes d'Église et le procureur général du Canada.

Les deux plaignantes, maintenant âgées de 67 et 63 ans, ont fréquenté la même école élémentaire à Bloodvein, à environ 200 km au nord de Winnipeg, de 1956 jusqu’au milieu des années 1960 environ.

Elles soutiennent que deux ecclésiastiques de cette école, qui sont maintenant décédés, les ont violées alors qu’elles étaient enfants, à partir de l’âge de sept et six ans.

« L'un d'eux était prêtre, il avait une certaine position d’autorité par rapport à elles. Elles pensaient qu’elles seraient [punies] si elles portaient plainte », dit Israel Ludwig, l’avocat des deux femmes.

L’archidiocèse de Saint-Boniface (qui couvre une vaste région du sud et de l’est du Manitoba, dont Bloodvein), les Oblats de Marie-Immaculée du Manitoba, la province du Manitoba, le procureur général du Canada et les deux agresseurs présumés, le père Célien Gauthier et le frère Frederick Leach, sont nommés dans cette poursuite.

Radio-Canada a décidé de ne pas identifier les deux femmes, parce qu'elles prétendent avoir été victimes d’abus lorsqu'elles étaient enfants. Aucune de leurs allégations n'a été prouvée devant les tribunaux et pour l’instant, aucune défense n’a été présentée.

Le père Célien Gauthier (à g. au 1er rang) avec des élèves autochtones de l'école résidentielle de Sandy Bay dans les années 1930.

Le père Célien Gauthier (à g. au 1er rang) avec des élèves autochtones de l'école résidentielle de Sandy Bay dans les années 1930.

Photo : Société historique de Saint-Boniface

Dans une déclaration écrite, l’archidiocèse de Saint-Boniface dit prendre « très au sérieux les allégations soulevées dans la déclaration » et exprime sa « profonde préoccupation ».

« L'archidiocèse a immédiatement entrepris une enquête sur cette affaire et ne croit pas avoir eu un lien avec l'école St. Mary-Margaret située à Bloodvein ou avec les individus nommés dans la poursuite. » St. Mary-Margaret a été l'un des noms de l'école, fondée en 1920. L’établissement a également été connu sous le nom d’école Bloodvein River et d’école St. Mary's.

Toutefois, l’avocat Israel Ludwig affirme que le père Gauthier était supervisé par l'archidiocèse. Selon la Société historique de Saint-Boniface, le frère Leach pour sa part - qui a reçu l'Ordre du Canada en 1976 - a été policier et magistrat à Berens River, en plus de travailler à l'école.

Selon les demanderesses, la province, tout comme les responsables de l'Église, ont failli à leur responsabilité de protéger les élèves.

La province a reçu la déclaration, selon un porte-parole. « Nous l’examinerons afin de déterminer notre position. Puisqu'il s'agit d'une affaire en cours, nous ne sommes pas en mesure de commenter davantage. »

Les Oblats de Marie-Immaculée du Manitoba ont également été contactés par Radio-Canada, qui publiera leurs commentaires en cas de réponse.

Recours collectif?

Les plaignantes allèguent qu'elles ont été agressées sexuellement plusieurs fois par semaine. Dans certains cas, elles rapportent avoir été maltraitées dans le bureau du père Gauthier ou chez lui, et d'autres fois dans la salle de classe.

Les deux femmes disent avoir porté toute leur vie les conséquences de ces agressions subies dans leur enfance. Elles ont souffert notamment de dépendance à l'alcool, d'anxiété, de colère, de problèmes de confiance, de dysfonction sexuelle et de cauchemars. Les plaignantes clament avoir été privées d'une enfance saine.

Le frère Frederick Leach

Le frère Frederick Leach

Photo : Société historique de Saint-Boniface

Leur avocat estime que les deux hommes nommés dans l'affaire étaient des prédateurs. Il est à la recherche d'autres victimes autochtones qui ont fréquenté l’école entre 1940 et 1980.

Je ne serais pas surpris de découvrir qu'il y en a d'autres qui ont aussi souffert.

Une citation de Israel Ludwig, avocat représentant les deux plaignantes

Ce cas ressemble à l’expérience vécue par des enfants victimes de sévices dans des pensionnats autochtones. Mais les survivants d’abus qui ont fréquenté des écoles dites « de jour » - c’est-à-dire, des écoles à horaires réguliers où les élèves rentraient chez eux le soir, par opposition aux pensionnats - ne peuvent pas bénéficier de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens.

Israel Ludwig, l'un des premiers avocats à représenter les survivants des pensionnats, espère lancer un recours collectif à l'échelle de la province représentant toutes les victimes des « écoles de jour ».

Avec les informations de Christianne Hacault et Laura Glowacki

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