Un budget « brutal » : déception et inquiétude en Saskatchewan

Le palais législatif de la Saskatchewan
Photo : Radio-Canada
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'austérité du deuxième budget déficitaire de la Saskatchewan frappe avec des suppressions d'emplois, la réduction du financement de plusieurs institutions et l'augmentation de la taxe de vente provinciale.
Un texte d'Omayra Issa
L’analyste politique Stephen Kenny estime que ce sont les contribuables qui vont « porter le fardeau » fiscal, plutôt que les entreprises d’exploitation de ressources naturelles.
Je suis frappé par la brutalité du budget. Beaucoup de contribuables vont souffrir.

L'analyste politique Stephen Kenny
Photo : Radio-Canada / Dann McKenzie
M. Kenny recommande au gouvernement de Brad Wall de s’attaquer au « problème fiscal de la Saskatchewan ».
Avec le budget « Relever le défi », le ministre des Finances, Kevin Doherty, prévoit un déficit de 685 millions de dollars pour l’année 2017-2018, soit près de la moitié du déficit anticipé pour 2016-2017. Il espère revenir à l’équilibre budgétaire d’ici trois ans.
Le ministre souligne que le gouvernement veut se soustraire à la dépendance des revenus provenant des ressources naturelles, tout en maintenant des services publics à long terme. Les revenus provenant des ressources naturelles ont diminué de plus de 1 milliard de dollars en trois ans sans jamais remonter, ce qui a épuisé les réserves du gouvernement.
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L'analyste Stephen Kenny déplore la fin de plusieurs exemptions de taxes de vente, de même que la réduction de 5 % du financement de base accordé aux établissements d’éducation postsecondaire, qui devrait faire économiser 30,1 millions de dollars à la province, selon le gouvernement.
La rectrice de l'Université de Regina, Vianne Timmons, est également déçue de la réduction du financement de base des établissements d'éducation postsecondaire. Elle soutient que la mesure gouvernementale nuira à la croissance économique de la Saskatchewan et souligne que son institution contribue à l’économie locale à hauteur de 542 millions de dollars chaque année.
Mme Timmons ajoute que la province ignore les défis de l'accessibilité aux études postsecondaires auxquels sont confrontés les étudiants.
Moins d'argent pour l'éducation francophone
Les écoles fransaskoises devront composer avec une baisse de financement de 300 000 $ pour 2017-2018.
C’est dur à avaler
« Toute compression va avoir un impact dans nos écoles, souligne-t-elle. Il y a beaucoup de pain sur la planche », car les besoins des élèves fransaskois demeurent et certaines communautés ont besoin d’infrastructures scolaires.
Mme Guérette indique que le Conseil scolaire fransaskois (CSF) n’a toujours pas pris de décision quant à la demande du Collectif des parents inquiets et préoccupés de se joindre à lui pour déposer un recours judiciaire contre la province.
Au début du mois de mars, le CSF a adopté une résolution pour s'opposer à toute compression budgétaire éventuelle de la part du gouvernement saskatchewanais.
L’ACF n’a pas « un bon sentiment »
La présidente de l’Assemblée communautaire fransaskoise (ACF), Françoise Sigur-Cloutier, ne cache pas ses inquiétudes face à la baisse de financement des services dans les communautés rurales, pour les aînés, en santé et en éducation. Toute baisse de financement n'est pas une bonne nouvelle pour les services en français dans la province, selon elle.

La présidente de l'ACF Françoise Sigur-Cloutier
Photo : Radio-Canada / Dann McKenzie
Mme Sigur-Cloutier souligne que l’ACF rencontrera la ministre provinciale responsable des Affaires francophones sous peu.
Le financement de la Direction des affaires francophones passe de 770 000 $ à 690 000 $.
Réactions mitigées dans les villes
Le directeur général de l’Association des municipalités urbaines de la Saskatchewan (SUMA), Laurent Mougeot, salue le fait que le budget Doherty a respecté la formule de partage des revenus avec les villes.

Laurent Mougeot, dir. gén. de SUMA
Photo : Radio-Canada / Dann McKenzie
« La bonne nouvelle, aujourd’hui, c’est que l’entente sur le partage des revenus a été respectée », précise M. Mougeot.
Il regrette cependant l’abolition d’ententes entre les sociétés d’État SaskPower et SaskEnergy avec des municipalités qui se solde en une compression de 36 millions de dollars.
Je suis toujours en train de digérer l’impact complet de ces mesures-là.
Il prévient toutefois que cette décision gouvernementale frappera de plein fouet Saskatoon et Regina.
« On parle d’une augmentation des taxes municipales pour combler ce manque », souligne-t-il.