Des oeuvres du peintre Christian Messier censurées à Laval

L'oeuvre «Pleine lune»
Photo : Christian Messier
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
La Salle André-Mathieu, à Laval, a décidé de retirer 6 des 15 œuvres du peintre Christian Messier exposées dans son entrée, à la suite de quelques plaintes du public.
La nudité représentée dans ces tableaux aurait choqué certaines personnes.
L'artiste se dit étonné de cette décision, puisque c'est la première fois en carrière qu'il est confronté à une telle situation.
M. Messier convient que son style, qui s’inspire de l’humour grotesque et de ce qu’il appelle l’étrangeté, peut ne pas plaire à tout le monde. Mais il a de la difficulté à accepter la décision de retirer ses toiles.
C’est de réduire un travail qui est le fruit d’une vingtaine [d’années] de pratique, de beaucoup de rigueur, d’un doctorat en arts visuels sur le sujet. De réduire ça à de la vulgarité, c’est dur à prendre, quand même.
Christian Messier voit dans cette réaction un symptôme d’une incompréhension de l'art contemporain et du manque de visibilité de l'art dans les médias. « Ce que ça révèle, c'est qu'il y a un pont qui est très difficile à faire entre les arts visuels et le grand public, et c'est surtout ça qui est difficile de constater », dit-il.
Par souci de cohérence, Christian Messier a exigé que ses autres tableaux soient retirés du hall d'exposition.
Réaction de [co]motion
Le gestionnaire de la Salle André-Mathieu a expliqué sa vision des choses par communiqué.
[co]motion affirme avoir exprimé des réserves « sur la possibilité d’accueillir le type d’œuvre de Christian Messier » auprès du centre d'artistes Verticale, qui l'aidait pour sa programmation en arts visuels, en faisant valoir que la Salle André-Mathieu est un espace public.
« [co]motion a [tenu] pour acquis que Verticale tiendrait compte de ses commentaires lors du comité de sélection et discuterait avec l’artiste avant de confirmer son exposition et ses œuvres [...] Verticale semble avoir fait fi de cette discussion lors du comité », affirme le gestionnaire.
[co]motion a réagi trop vite en décrochant les œuvres? Possible, mais en pensant à sa mission et à son mandat initial, les arts visuels doivent être présentés dans une perspective cohérente avec sa mission.
« La question la plus importante dans le contexte actuel est plutôt : où trace-t-on la ligne entre ce qui peut être choquant dans un espace public (comme celui de la Salle André-Mathieu) et ce qui peut être intéressant à valoriser, pour un réel rapprochement entre l’art actuel, l’artiste et les publics? » demande [co]motion.
La corporation promet d'organiser une « activité de médiation » dans les prochaines semaines pour échanger sur l'art actuel. Elle veut aussi intégrer un représentant du public à son comité de sélection des expositions.
Avec des informations de Sarah Sanchez et Valérie-Micaela Bain