Difficile de trouver le bon entrepreneur pour désamianter une maison

Un travailleur sur un chantier de désamiantage.
Photo : Courtoisie
Prenez note que cet article publié en 2017 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Magasiner un entrepreneur pour désamianter une maison ou un édifice peut s'avérer une tâche étourdissante. Ces spécialistes ne courent pas les rues et malgré une bonne connaissance des impacts de l'amiante sur la santé, il y a encore beaucoup d'improvisation dans le domaine.
Un texte de Marie-Pier Bouchard
Décontaminer une maison ou un immeuble est une opération délicate qui nécessite l'utilisation d'un équipement spécialisé.
Si Martin Leblanc, de la compagnie Isolation Qualitech, se fait un devoir d’effectuer les travaux dans les règles de l’art, il se dit témoin de la grande négligence de certains entrepreneurs qui profitent, selon lui, de la méconnaissance des gens.
Ce qui peut compromettre la sécurité des travailleurs, mais aussi celle des occupants des lieux.

À lire aussi : Dossier « Malades de l’amiante… et laissés pour compte »
C’est arrivé une fois, on a fait une soumission, on était deux autour de 17 000$ et l’autre est arrivé à 4000$.

Martin Leblanc, Isolation Qualitech
Photo : Radio-Canada
Conteneur d'amiante, masques adaptés, combinaisons de protection, douches de décontamination, unités de pression négative sont des éléments essentiels à la réalisation d’une décontamination.
On entre dans la douche habillé, on sort déshabillé.
« Le travailleur prend la balayeuse, il se la passe dessus, il prend sa douche habillé, avec le masque. Une fois arrosé, il enlève la chienne, il arrose encore, après ça ils enlèvent le masque et ils se lavent », explique Martin Leblanc.

Tout entrepreneur en désamiantage doit avoir une douche à la disposition des travailleurs dans l'unité de décontamination.
Photo : Radio-Canada
Équipement inadéquat
Martin Leblanc constate un manquement, entre autres, quant à l’équipement utilisé chez certains entrepreneurs.
Souvent ils entrent là avec un p'tit masque à poussière, les gars n'ont pas de douche. Ils engagent deux trois amis et ils utilisent des sacs de poubelles ordinaires.

Un masque adapté doit être utilisé par les travailleurs pour le désamiantage.
Photo : Radio-Canada
À la suite de tels travaux, il est primordial selon les différents spécialistes à qui nous avons parlé, de s’assurer qu’il n’y a plus de traces d’amiante ou que le reste de l’immeuble n’a pas été contaminé pendant les travaux.
Oui faire un test d’air, mais c’est aussi de vérifier. On dit au client, venez voir, on prend des photos. C’est propre on peut manger à terre.
À lire aussi :
L'amiante, une préoccupation
Signe que la présence d'amiante dans les maisons préoccupe de plus en plus les gens, CAA-Québec note une augmentation du nombre d'appels à ce sujet.
Une proportion qui est passée de 0,3% en 2013 à 2,5% pour cent en 2016, soit 8 fois plus.
Les gens engagent de plus en plus des inspecteurs en bâtiment qui proposent de faire un test. Aussi, le gouvernement a mis en place des programmes pour améliorer la capacité énergétique et ils se terminent bientôt.

Jacques Gobeil, directeur des services-conseils en habitation chez CAA-Québec
Photo : Radio-Canada
CAA-Québec a dressé une liste d'entrepreneurs pour guider les consommateurs.
M. Gobeil admet que le choix d'un entrepreneur pour effectuer des travaux dans une résidence qui contient de l'amiante ne doit pas être négligé.
On va demander s'il a la licence appropriée pour faire ces travaux-là, ensuite si les employés et lui-même ont des cartes de compétence parce qu'il s'offre un cours sur l'enlèvement de l'amiante
Des signes qui ne trompent pas
M. Gobeil suggère aux gens de questionner l’entrepreneur sur son expérience dans le domaine et de lui demander trois références.
Inquiétez-vous si un entrepreneur vous dit qu'il va fermer les portes des chambres mais qu'il va nettoyer ensuite.
Éléments à surveiller :
- Est-ce qu’il a la licence appropriée ?
- Est-ce que les travailleurs ont des cartes de compétence ?
- Est-ce que ses employés portent des masques appropriés ?
- Est-ce qu’il a confiné l’espace ?

Un travailleur sur un chantier de décontamination.
Photo : Radio-Canada
Manque de surveillance
Martin Leblanc de chez Isolation Qualitech souligne toutefois la facilité pour les entrepreneurs de tourner les coins ronds.
Selon lui, les inspecteurs de la Commission des Normes, de l’Équité, de la Santé et de la Sécurité au Travail (CNESST) se font rares sur les chantiers de décontamination.
À ce jour on en a eu une fois parce que c'est moi qui les a appelés pour qu'ils viennent vérifier pour être sûr d'être conforme.
D'autres sources nous ont aussi confié une présence déficiente des inspecteurs sur les chantiers de décontamination, tant dans le monde commercial que résidentiel.
À la CNESST, ainsi qu'au cabinet de la ministre du Travail, on dit ne pas avoir d'information à cet effet, recommandant aux gens préoccupés de s’adresser au bureau des plaintes de l’organisation.
C’est justement à la CNESST que le gouvernement a confié notamment le mandat de la sécurité des milieux de travail.